Chapitre 2

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                                                                  Cassiopeia

Je n'en peux plus de cette douleur. Cette douleur que personne ne comprend. Personne ne la voit. Pourtant elle est bien présente. A travers mes yeux, dans mes souffles, dans mes larmes, dans mes cris, dans et sur ma chaire. Comment parvenir à résister à cette douleur enfouit depuis des années ? Comment y parvenir sans y mettre fin sois même ? Je n'ai plus de solution. Je fini par penser que tout ceci m'arrive par ma faute. Je n'arrive plus à évacuer cette colère qui me ronge et grandit depuis des années. Plus personne ne peut m'aider ou ne serait-ce que comprendre ma douleur, ce mal qui me gagne jour après jour. En même temps, personne n'a essayé de me comprendre. Peut-être ne les ai-je pas assez aidé pour qu'ils y parviennent ? Il est trop tard pour ce genre de questions. Mon but n'est pas de cesser de vivre, mais que cette douleur meurt, que ce soit avec ou sans moi. Si j'y parviens, alors je serais enfin libre. La douleur aura sans doute gagné mais je serais à nouveau libre.

J'inspire une dernière fois, regarde ce ciel si beau alors que nous sommes que début Avril, et ferme les yeux pour une dernière fois.

***

J'ai froid, tellement froid. Je me sens bouger. Pourtant, je ne bouge pas, ce n'est pas moi. Qu'est-ce-qu'il se passe ? Je ne parviens pas à ouvrir mes yeux. Je sens alors des mains se poser sur moi. Me porte-t-on ? Il fait tellement froid que j'ai de plus en plus de mal à ressentir autre chose que ce froid. Ma douleur disparaît pour laisser place à ce froid violent mais si reposant d'un autre côté. Je n'arrive pas à savoir où je suis. J'entends quelqu'un à côté de moi. Je ne distingue pas tous ses mots. Je n'arrive seulement qu'à entendre des brides de mots, et le son de sa voix. Son ton est si suppliant, et désarmé. Il semble si paniqué. Je ne comprends pas. Cette voix m'est pourtant si familière. Elle se met alors à crier dans tous les sens, mais je ne comprends strictement rien de ce qu'elle raconte. Je sens soudainement des mains se poser au milieu de ma poitrine et appuyer si fort à un rythme régulier. Ça fait un mal de chien. Puis une bouche se pose sur la mienne, je sens de l'air rentrer. J'entends alors de l'agitation autour de moi. Et encore cette voix qui cri si fort. Soudain, la chaleur des ses mains sur ma poitrine disparaît. Plusieurs personnes parlent entre elles, cette fois j'arrive à discerner quelques mots.

Température ... vite... couverture... 32 degrés ... oxygène ... perfusion ...

Je sens que l'on me pose. Me poser ... sur un brancard ?

Sa voix retentit de nouveau, je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à le comprendre. Je n'entends que quelqu'un dire « Montez! » et les bruits incessants de bip, ainsi que les froissements de couvertures.

Je sens à nouveau sa présence, une chaleur à côté de moi. Une chaleur qui m'apaise. Les sirènes d'une ambulance retentissent. Mes pensées s'embrouillent, je me sens m'évanouir en même temps que le véhicule démarre.

SubmersionWhere stories live. Discover now