Sicile, grandeurs et décadences

3. L'étranger

Province de Syracuse

Une tempête s'abat pour la deuxième journée consécutive sur la petite colline proche de la plage de Fontane Bianche. La cabane de pêcheur résiste tant bien que mal aux assauts répétés du vent.

Une silhouette remonte la colline en courant et pénètre dans la cabane. Un jeune garçon enlève son capuchon en laine, tout trempé. Son jeune visage aux traits parfaits explore la petite pièce d'entrée. Il plisse ses yeux noisettes aux pépites dorées, et se dirige vers la petite lueur vacillant sous la porte de la chambre.

A l'intérieur de la petite pièce, il s'approche du garçon un peu plus âgé que lui reposant sur le lit. II inspecte ses mains soignées. Le gros médaillon caché sous son haut, attire son attention. Il le retire délicatement de son cou et ouvre de grands yeux en voyant le bijou à la lueur de la  bougie.

Il tourne les anneaux autour de la boule, en poussant un cri d'admiration, et apperçoit une écriture cachée derrière les anneaux. Il tente de déterminer la langue, quand la porte s'ouvre, faisant vaciller la flamme, et le faisant sursauter.

ADONIS
Archimède !! Je savais bien que j'avais entendu du bruit. Tu es venu par cette pluie ?

Archimède reprend son souffle en exagérant, pour détourner l'attention et rentrer discrètement le médaillon dans son sac.

ARCHIMÈDE
Par tous les dieux, tu m'as effrayé Adonis. Je venais voir mon meilleur ami.

ADONIS
Par cette tempête ?

ARCHIMÈDE
Raison de plus pour s'enquérir des gens qui nous sont chers, non ?

ADONIS
Je crois surtout que ta curiosité a été piquée au vif (désignant le garçon alité).

ARCHIMÈDE
C'est pas faux, tu me connais...

ADONIS
Et bien, je vois que tu as fais la connaissance de ce garçon dont je t'ai parlé hier. Papa dit que c'est un étranger.

ARCHIMÈDE
Vu la couleur de ses mains il ne doit pas être du coin. Je ne l'ai jamais vu à Syracuse. Je me demande bien d'où il peut venir. Tu as vu comment les traits de son visage sont durs ?

ADONIS
Oui... Mais il faut dire que ça fait deux jours qu'il dort.

ARCHIMÈDE
Inconscient serait le mot plus exact.

ADONIS
Peu importe, j'ai l'impression qu'il ne se lèvera jamais.

ARCHIMÈDE
C'est peut-être mieux ainsi.

ADONIS
Pourquoi dis-tu çà ?

ARCHIMÈDE
Et bien s'il fait partie de l'armée de Pyrrhus, il est dans de sales draps.

Adonis regarde Archimède sans comprendre où il veut en venir.

ARCHIMÈDE
Ma parole, personne chez toi, n'est allée à Syracuse dernièrement ?

ADONIS
Mère nous a formellement demandé de nous tenir à distance avec père de Syracuse, après avoir découvert tous les cadavres sur la plage; et de ne poser aucune question à ce sujet. Tu l'as connais, elle se méfie de tout le monde.