VI - Le grand saut

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VI

Je suis là, assis sur ce banc, posé sur ce trottoir avec le soleil couchant comme horizon. Je ne peux plus marcher, j'ai beau essayer d'avancer mon pied, rien n'y fait. Comme emprisonné dans une cage invisible, la tête dans les mains je sais que de toute façon je n'irais pas bien loin.

Les voitures passent et me dépassent, l'ambiance est chaleureuse et pourtant moi, vêtu de noir comme une brebis galeuse, comme un vilain petit canard, je vois tous ces gens qui rentrent chez eux, ces enfants qui rigolent avec leurs parents, ces ami(e)s de collège ou lycée qui papotent en marchant, et moi je ne vois personne à côté de moi. A part mon nuage noir et pluvieux au-dessus de ma tête, je ne vois personne.

Je lis d'anciens messages qui apparaissent sous la lumière bleutée de mon téléphone comme des vestiges d'un temps passé. Ces souvenirs, ces ambiances, ces sentiments, me traversent et me transpercent comme un fantôme, ils percutent directement mon cœur et je le sens propager son onde mortelle dans tout mon corps.

Je sens sa présence qui s'efface, son ambiance impalpable et je souffre de voir que je ne peux rien y faire. Mon cœur meurtri coupé en deux pleure et j'ai l'impression de faire sortir toute la noirceur de mon corps si bien que je ne deviens plus qu'une sombre fumée noire que les gens regardent d'un drôle d'œil.

Je lis ses mots, ses phrases, ses paragraphes qu'elle a su construire et je suis annihilé de savoir que ça ne se reproduira jamais. Les ailes que j'avais mis autant de temps à construire viennent de brûler et devant moi s'ouvre un gouffre, un précipice où la seule façon de descendre est une chute vertigineuse dont on ne se remettra probablement jamais. Maintenant un choix s'offre à moi. Je saute ou pas ?

ContrastesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant