LA CATANANCHE ROUGE

Prologue

— Son émission télévisée marche du tonnerre... depuis ces premières diffusions – il y a trois ans de cela – sa cote de popularité ne cesse de grimper considérablement... elle n'est plus à présenter... Je vous prie mesdames et messieurs d'accueillir La Catananche Rouge !

J'entre toute sourires sur le plateau du Star Mag, les ovations que je suscite me procure tant de plaisir. C'est tellement gratifiant de voir son travail et sa personne appréciés et reconnus. Étant aussi célèbre que je le suis, je ne peux qu'être ravie d'un tel succès.

A vrai dire je n'en reviens toujours pas que mon idée d'émission aussi stupide soit-elle puisse me rapporter accroitre ma notoriété en si peu de temps. Tous, souhaitent y participer des vieux aux plus jeunes, ces pauvres « amourants » lorsqu'on parle de ce truc absurde qu'ils ressentent, en d'autres termes la pire divagation de l'esprit humain savamment élaborée pour pourrir l'existence c'est-à-dire l'Amour, la planète s'embrase et se laisse berner comme des mômes... pour mon plus grand bien.

Malheureusement pour moi, il y a toujours des personnes qui font tout pour me mettre de mauvaise humeur, à croire que c'est un passe-temps pour eux.

Quand je penses que ce matin, je me suis mise sur mon 31 : ma renversante robe noire, mes cheveux coiffés en un parfait chignon, mes escarpins à talons, mon charisme hors pair... Bref je suis tout simplement sexy à tomber parterre.
Quand je penses à combien de fois, j'ai dû préparer mon speech afin de prendre part à cet interview ; à comment je me dépêchais pour gagner des minutes d'avance... et qu'il soit là, devant moi, tout d'un vif violet vêtu – un véritable supplice pour les yeux – assit dans son siège, en train de me dévisager comme si je venais fraîchement d'arriver de Jupiter ; alors que de nous deux c'est lui l'OVNI. Sincèrement dit je demande s'ils valaient la peine tous ces efforts. En plus de cela, il a une drôle de façon de sourire de toutes ses dents qui m'agace au point d'avoir envie de lui refaire le portrait avec mes ongles.

Mais bon. Nous sommes filmés, nous passons à la télévision, c'est un direct, alors je me console en l'insultant mentalement.
Extraterrestre va.

Depuis tout à l'heure cet abruti de présentateur ne cesse de me talonner de questions personnelles. En bonne communicatrice, je prends sur moi en essayant d'y répondre poliment.

— Combien de copains avez-vous eu au lycée ?

Vous voyez ? Cette question ne m'aide en rien pour mes affaires. Je n'en ai eu aucun, mais il n'a pas besoin de le savoir, le monde n'a pas besoin de le savoir.

— Je ne peux compter, ai-je dit.
— A ce point ?

Non idiot, comment compter s'il n'y a rien à compter ?
Je commence sérieusement à regretter d'avoir accepté de participer à ce show, moi qui pensais qu'il s'engagerait à mettre mon émission en valeur, je me goure.
Et puis... Qu'est-ce qu'ils en ont à foutre de ma vie privée ? Ça commence à bien faire !

— Je préfère qu'on se focalise uniquement sur mon travail.
— ... nous y arriverons, encore quelques questions...
— Vous en avez assez posé !

Je vois à sa tête que la régie lui suggère à l'oreille d'obtempérer.

— Évidemment, dit-il gêné, après cette courte page de publicité.

Je vois bien qu'il ne s'attendait pas à ce retournement de situation. C'est bien fait pour toi, l'extraterrestre.

Les assistants montent sur le plateau en nous ramenant des bouteilles d'eau puis les maquilleuses avec leur tour de manège puis nous reprenons l'antenne. Au top du réalisateur, le présentateur abandonne ses fiches afin de me reconsidérer enfin comme il se doit.