13.

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      À force d'énumérer tous les bienfaits de mon père -- depuis plus d'une demie heure et encore, la liste n'était pas exhaustive -- à notre égard, la mine de Jordan devenait de plus en plus renfrognée.

- Comment arrives-tu à le détester après tout ça?! ; demandai-je.

- Comment?... laisse tomber Ann-Louise.

- Mais enfin expliques toi! Sinon je vais vraiment penser que tu t'inventes des prétextes pour le haïr juste pour t'occuper à plein temps.

    J'avais lancer cette phrase sans vraiment me rendre compte de ce que je disais. Ça faisait des années que ma sœur avait choisi la photographie comme activité à plein temps. Elle était vraiment douée pour ça, mais des entreprises n'avaient pas su reconnaître son talent, ce qui la força à être au chômage. Et ce n'est que quelques minutes plus tard que je me rendis compte que je venais de la blesser.

- Oh Jordan pard...

- Je m'invente des prétextes Ann-Louise!?

      Son visage était déformé à cause de la colère. Ses yeux brillaient à cause de son envie de pleurer. Le dégoût commençait à se matérialiser sur son visage par son nez renfrogné.

- Excuses-moi, oublies ce que j'ai...

- Il m'a violé! ; gronda-t-elle en frappant son poing sur la table.

      Sa phrase résonnait comme un écho dans mon cerveau. Elle a réellement dit ça? Et pendant que j'analysais cette information, elle ne cessait de se le répéter, et bientôt des larmes roulaient sur ses joues en laissant des marques à leur suite.

- Ton père m'a prit mon innocence à mes 12 ans! Tu te rends compte... sa propre fille.

     Elle essuya les larmes de ses joues, prit une bonne inspiration et finit par se calmer. Je ne savais ni quoi dire, encore moins que faire. J'étais sous le choc de cette révélation, que j'en avais perdu momentanément l'usage de ma bouche. Je restai muette, les yeux écarquillés, et mon cœur qui battait la chamade me mettait dans un état second. Jordan lança un rire amer puis me regarda. Ses yeux étaient rouges et gonflés.

- Tu n'as rien à dire? Ton papa, le meilleur des pères... crois-tu qu'il mérite mon respect ?

     Sa voix me donnait froid dans le dos.

- Rose...comment ? Expliques moi bordel! ; hurlai-je.

- Les explications, tu les demandes au King Parker. Après tout, sa parole vaut bien plus que la mienne non.

    Suite à cette phrase elle se leva et me laissa assise à table, abasourdie. Mon père avait... Violé sa propre fille ! Pas étonnant qu'elle le déteste autant. Une partie de la vérité s'était faite entendre de la manière la plus crue possible, maintenant j'avais besoin d'explications.

     
                        * * *

      Assise derrière mon volant, je n'arrivais pas à me calmer. Mes mains tremblaient, ma vue était brouillée par mes larmes. Je n'avais qu'une seule envie, celle d'obtenir des réponses à mes questions.

     J'arrivai à la maison à 17 heures précises. Je trouvai Béatrice dans le hall -- qui changeait les fleurs des vases -- elle m'accueillit avec ce beau sourire chaleureux, mais je ne lui répondis pas. Je me précipitai plutôt dans le bureau de mon père où je l'y trouvai.
     Il feuilletait un roman philosophique -- dont je ne connaissais pas l'auteur -- le visage calme et paisible, dévorant chacune de ces pages avec engouement.

De la comédie Au réel...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant