L'obscurité et le froid. C'est tout ce dont Andreas se rappelle de sa renaissance. Il apprendra plus tard que ces évènements se seraient passés dans les alentours du XVe siècle, en Ecosse. Mais pour le moment, tout ce qu'il savait c'est qu'il s'était éveillé, dans une grotte gelée et sombre, du sang sur ses mains et dans sa bouche. J'en sens encore le goût sur ma langue, songea-t'il. Son esprit s'était entièrement reformaté, plus de langage, plus de règles. Il n'avait, heureusement, pas eu faim tout de suite. Il avait été nourri, d'une manière ou d'une autre. Pour lui, tout cela importait peu. Que ce soit à l'époque ou maintenant. La pénombre douce de la cave l'avait maintenu quelques jours immobile. Puis, il se souvient être sorti de la grotte. Il avait été poussé par quelque instinct à sortir. Il était parti comme pour chercher quelque chose. Maintenant que j'y pense, j'ai sûrement été humain un jour. Personne ne se dirige droit vers le village le plus proche sans connaître la forêt qui l'entoure. L'esprit vide de mauvaises intentions et de pensée constructive, il arriva dans un village des Hommes. Ils l'accueillirent et prirent soin de lui. Le nourrirent et l'habillèrent. C'est de l'un d'entre eux que lui est venu son nom. Andreas. Si j'avais été humain je ne venais pas de ce village. Les paroles que je ne comprenais pas à l'époque, je m'en souviens aujourd'hui. Si j'avais une famille, elle n'était pas là. Son nom fut une des seules choses qu'il garda des humains pendant toute son existence. Leur sang eut bon gout. Il quitta le village lorsqu'il eut faim à nouveau. Les habitants du hameau qu'il rencontra à ce moment étaient moins accueillants et n'était pas très enclins à s'occuper de l'étrange jeune homme muet et couvert de sang qui se présentait devant eux. Ils avaient entendu les rumeurs qu'un monstre rodait dans les parages. Deux d'entre eux réussirent à s'échapper. Etait-ce la pitié qui m'a fait les épargner ?
Andreas avait vécu plusieurs années avec ce rythme. Il réapprit la langue qu'il devait avoir oublié et les manières de se comporter pour arriver à ses fins. Il tuait ses repas dans leur sommeil maintenant. Il aimait les voir détendus, heureux avant de leur trancher la gorge et de s'abreuver de leur sang. Il enviait cette tranquillité, l'amour qui liait ces personnes entre elles. Puis il passait à celui d'à côté. Ai-je un jour envié ces personnes ?
Un jour, alors qu'il entrait dans un nouvel endroit à décimer, les villageois, au lieu de l'accueillir, l'attachèrent et le jetèrent dans une prison de fortune. La chasse aux monstres et aux sorcières était lancée et on l'enferma quelques temps avec deux femmes, sûrement suspectée de quelconque bagatelle pour s'être mis à dos les gens qu'il ne fallait pas. Il pensait être enfermé longtemps et ne tua qu'une des deux, gardant l'autre pour assouvir sa faim plus tard. Il se trompait. Des hommes armés vinrent chercher les supposés coupables au crépuscule et découvrirent le cadavre, gorge ouverte, qui les regardait de manière vide. Certains hurlèrent, d'autre tentèrent de s'enfuir devant le spectacle macabre. Mais la seule chose qui les maintint en place fut le mélange de peur et de haine pour Andreas qui avait du sang presque partout sur lui et souriait de manière ironique. Ils l'emportèrent sur le bûcher. Le monstre n'avait pas de pouvoirs, ne pratiquait pas l'hypnose et même s'il était incroyablement fort, contre presque une dizaine d'hommes adultes, il ne pouvait rien faire. Il m'avait semblé avoir vu l'autre femme s'échapper du coin de l'œil. Andreas n'avait jamais vécu cela et avait un peu peur de mourir. Il n'avait pas le but de vivre pour accomplir ses désirs ou être heureux, il voulait juste que les choses soient comme elles avaient toujours été. Il se découvrir un atout à ce moment-là : il ne percevait pas la douleur, ni les conséquences de ses blessures. Il avait longtemps pensé que de ne rien sentir était une malédiction mais cela tournait à son avantage maintenant. Pourquoi souffrir ? Il ne voyait plus rien autour de lui, seulement les flammes se tordant devant ses yeux et le nuage de fumée sombre crée par la combustion de sa propre chair. Au bout d'un moment, la sensation de la fumée qui tapissait sa gorge, de ses pieds qui brûlaient et grésillaient et de son visage qui fondait lui sembla tellement dérisoire qu'il se mit à rire. Pour la première fois, il était heureux et se sentait vivant. Il rit jusqu'au moment où sa cage thoracique eu tellement brulé qu'elle ne pouvait plus produire un son. Alors il attendit. Pourquoi mourir ?
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Humanité
VampireCette nouvelle conte l'histoire d'un homme dont l'immortalité a fait de lui un monstre immoral. Que se passera-t'il lorsqu'il rencontrera une femme qui demandera de lui un amour aussi égoïste que destructeur ?