La promesse de l'ombre I - [Histoire terminée]

Chapitre 9

« Latrahison était universelle. »

__________________

Une plume retombait avec lenteur du ciel, bercée par les murmures du vent, pour finir sa chute sur la neige dont la pureté se voyait souillée par une tache vermeille. Une silhouette rampait difficilement en laissant de longues traînées sombres dans son sillage.

Du sang.

Deux formes massives ressortaient de son dos meurtri pour ramper sur le sol. Il s'agissait-là de ses ailes. Elles étaient déplumées quand du sang ternissait les magnifiques plumes blanches aux reflets violacés.

L'homme rampant, torse-nu respirait avec peine. Sa peau, brûlée au niveau de sa poitrine et de ses bras, était couverte de longues balafres s'étendant jusqu'à ses épaules massives. Ses joues creuses intensifiaient son teint cadavérique. Sa longue chevelure retombait devant ses yeux rappelant deux améthystes démunis d'une quelconque émotion.

Il avait été torturé, à en juger par sa chair meurtrie et son regard éteint.

L'Ange finit par retomber contre la neige glaciale, les paupières mi-closes, épuisé et meurtri. Le violet de ses iris s'assombrit avant que ses lèvres sèches ne laissent une vapeur blanchâtre s'en dégager pour s'élever dans les airs.

— Pathétique, trancha une voix glaciale. Un Ange de ton rang devrait être bien plus résistant.

L'être ailé releva difficilement la tête avant d'émettre un hurlement de douleur. Le moindre effort le faisait atrocement souffrir. Il n'en pouvait plus, de cette sensation dévorante qui tordait ses tripes.

— Quoi que tu n'en es plus un, désormais, reprit la voix teintée d'amusement. Tu as été abandonné.

L'Ange hurla encore quand la vive douleur dans son être entier s'accrut jusqu'à lui couper le souffle. Une étrange forme remua bientôt sous sa peau, semblable à un insecte. Ses os se contractèrent quand son cœur s'enflamma, s'endiablant dans une mélodie frénétiquement meurtrière. Sa respiration, lourde et sifflante, se joignit au souffle moqueur du vent s'échouant sur son visage tordu sans pourtant lui apporter un quelconque réconfort.

Sa tête se fit plus lourde alors que son cri s'accentuait. Des masques rougeâtres se formèrent le long de ses bras pour redescendre jusqu'au bas de son dos, formant un étrange symbole rappelant sans mal un tatouage fait de sang.

— Tu ne peux pas lutter, cesse de résister. Tu es marqué, alors arrête de fuir l'inévitable.

Le silence imposa bien vite son règne, parfois brisé par la respiration haletante de l'Ange qui, trop épuisé, ne parvenait plus à hurler, se tordant sous la douleur lancinante chacun de ses membres tremblants.

Lorsqu'il rouvrit les paupières, ses iris se dévoilèrent, complètement noirs, tout comme le blanc de ses yeux. Des veines écarlates oscillaient autour de ses pupilles d'encre pour lui donner un air monstrueux.