La salle est en effervescence. Les voix se répercutent contre les murs, formant un brouhaha général. Nous sommes le samedi 20 septembre et aujourd'hui a lieu le plus grand salon de l'agriculture de Paris. Plusieurs centaines de personnes sont présentes à ce grand événement. D'un pas léger, je déambule entre les différents stands, saluant au passage connaissances et commerçants. Adrien, mon collaborateur, et moi-même sommes chargés de représenter notre patron, Patrick Minerve.
Il y a de ça un mois, Patrick a officiellement annoncé sa candidature à la présidence de la république française. Ancien ministre délégué à l'Egalité des territoires et du logement, il a décidé de quitter le gouvernement pour se lancer dans la campagne électorale. Au moment de quitter ses fonctions, il m'a demandé de le suivre dans cette nouvelle aventure. Je suis depuis lors son attachée de communication, en tout cas de manière officielle. Dans la pratique, je fais plutôt office d'assistante personnelle. Je me charge de ses relations publiques, gère son agenda et organise les événements à venir ainsi que leur supervision. A partir de maintenant, chaque jour compte avant le 1er tour de la Primaire de la gauche, qui se tiendra dans à peine quelques mois.
En déplacement à l'étranger pour le week-end, c'est donc à Adrien, son porte-parole, et à moi-même de combler son absence, à un événement où se pressent habituellement nombre d'hommes politiques.
Je discute avec un fromager, qui me propose gentiment une petite dégustation, quand Adrien me tape discrètement sur l'épaule. Je me retourne vivement. Il m'indique d'un signe de tête un groupe d'hommes posté un peu plus loin dans l'allée. Je reconnais parmi eux monsieur Macron, lui aussi candidat à la présidentielle mais qui contrairement à Patrick ne passe pas par le processus des primaires. Il a récemment créé son propre mouvement et se veut rassembleur de la gauche et de la droite. Après avoir glissé un dernier mot en faveur de Patrick à mon interlocuteur, nous nous dirigeons vers l'autre bout de la salle.
-Nous devrions lui adresser quelques mots, me glisse Adrien.
J'acquiesce, malgré ma réticence à aborder monsieur Macron. Il ne nous connait pas et d'ailleurs nous non plus, ne serait-ce qu'aux travers des médias. Il a pourtant l'air d'être quelqu'un de fort sympathique et j'avouerais être sensible aux idées qu'il porte. Mais au final si nous sommes là c'est en partie pour montrer que nous occupons le terrain, nous aussi. Cela fait partie du jeu.
Adrien prend les devants et adresse la parole aux trois hommes qui nous font face. Il commence par se présenter, en déclarant tout de suite ses appartenances politiques. Cela nous met directement une étiquette, ce qui m'agace car la conversation prend tout de suite une autre tournure. D'habitude, je préfère d'abord être perçue comme une personne lambda avant de dire qui je soutiens, pour ne pas créer d'a priori. C'est de cette façon que j'agis avec toute personne que je rencontre, je m'intéresse à ce qu'elle fait et seulement à la fin j'aborde le plan purement politique.
-Et voici Maria Montgomery, ma collègue, dit Adrien, en se tournant vers moi.
Monsieur Macron ne semble pas tenir rigueur du fait que nous soyons de potentiels adversaires et me salut d'une poignée main. Ses yeux bleus, d'une teinte plus claire que les miens, m'observent. Il m'adresse un sourire sincère et engage la conversation. Tout dans sa physionomie porte à croire qu'il est ouvert et son charisme transparaît autant dans la réalité qu'au travers d'un écran de télévision. A seulement trente-huit ans, il est un peu l'outsider de cette campagne, notamment grâce à son désir de réformer le système et d'en finir avec le clivage gauche-droite.
Après un échange de circonstance, l'homme à la droite de monsieur Macron commence à m'entretenir de notre campagne et plus précisément du candidat que nous représentons. Des journalistes étant présents non loin, et ayant affaire à un concurrent, j'élude les questions ou j'y réponds de manière très vague.
-Benjamin, arrêtons de parler politique deux minutes tu veux, intervient Emmanuel Macron, le sourire aux lèvres.
Je lui en suis reconnaissant. La conversation glisse alors sur des sujets plus généraux. Ils vont même jusqu'à nous recommander de visiter tel ou tel stand. Eux sont là depuis tôt ce matin et s'apprêtent à partir. Je vois que d'autres personnes attendent pour leur parler. Je tente de signifier à Adrien qu'il est temps qu'on s'en aille quand monsieur Macron me prend en aparté.
-Je voulais vous demander, commence-t-il. Est-ce bien vous qui êtes en possession du dossier Falco ? Il ne se trouve pas dans les bureaux de l'administration et je souhaiterais l'emprunter. Les données chiffrées m'intéressent plus particulièrement.
Je me souviens en effet de ce dossier qui traîne depuis un moment sur le bureau de Patrick.
-Oui c'est nous qui l'avons emprunté. Je peux vous le faire transmettre au plus vite.
-Je vous remercie. Pourquoi ne pas organiser une rencontre ? Un dîner, peut-être? J'aimerais lui poser quelques questions sur le sujet. Après tout nous nous connaissons déjà pour nous être croisés dans les couloirs de l'Elysée.
-Je vais arranger ça, dis-je en souriant.
C'est sur ces paroles que nous nous séparons.
-Qu'est-ce qu'il t'a demandé ?, me glisse Adrien, dès que nous nous trouvons hors de leur portée.
-Il a besoin d'un dossier que Patrick a en sa possession.
-Il risque de ne pas être content.
-C'est une certitude.
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Note: Bonjour, ceci est ma toute première fiction, j'espère qu'elle vous plaira. N'hésitez pas à me laisser votre avis en commentaires.
Bonne lecture :)
Aurore
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Une deuxième chance
FanfictionAutomne 2016. En pleine campagne présidentielle, Maria fait la rencontre de celui qu'elle n'attendait plus. Au jeu de l'amour, elle se voit offrir une deuxième chance, peut-être la dernière.