Fais-en bon usage

25 août 2014

— Hé, pauvre conne ! Fais-moi un café. MAINTENANT, hurla-t-il.

Jonah était confortablement installé dans le canapé du salon, sirotant une limonade, les yeux rivés sur l'écran de télévision. La cuisine était à quelques mètres de lui, mais il préférait que sa future fiancée lui apporte ce qu'il désirait. Un peu comme une domestique, effectivement. Bree, la concernée, cessa de faire la vaisselle pour lui préparer sa boisson. Elle se dépêcha de se rincer et s'essuyer les mains ; mais, voulant être rapide pour ne pas se faire crier dessus, elle les avait mal séchées, alors la tasse qu'elle avait prise dans le placard lui glissa des mains et se fracassa dans un bruit sourd sur le carrelage en céramique de la cuisine.

— Bordel, qu'est-ce que tu fous, sale incapable ?! s'écria-t-il en se levant du canapé.

Bree était apeurée. Elle ne voulait pas se faire disputer encore une fois. Ses mains tremblaient tellement qu'elle n'arrivait pas à ramasser les bouts de porcelaine éparpillés dans les quatre coins de la pièce. Elle l'entendait se rapprocher... Elle sursauta et essaya d'attraper un morceau, mais ne réussit pas. Une larme coula sur sa joue. Il était furieux en entrant dans la cuisine. Il lui lança un regard noir et ses lèvres se fendirent en un rictus inquiétant. Bree n'osait ni bouger, ni respirer. Il se précipita sur elle, empoigna le col de sa chemise et la souleva brutalement. Elle tituba et se cramponna au poignet de Jonah pour ne pas tomber, mais il grogna et retira sèchement sa main. Elle recula d'un pas pour se rattraper. Une gifle colossale lui fit perdre l'équilibre et elle s'effondra sur le sol dans un bruit sourd. Il la frappa dans l'abdomen, les jambes, le dos et le visage. Elle ne pouvait pas crier tellement elle était effrayée et souffrait. Elle se recroquevilla à chaque coup de pied et fut incapable de ravaler les sanglots et gémissements qui s'extirpaient de ses lèvres. Il la souleva brusquement et la plaqua contre le mur. Il lui donna plusieurs claques pour éviter qu'elle ne perde connaissance. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il lui envoya un coup de poing mémorable dans l'estomac qui lui coupa momentanément la respiration. Elle n'avait jamais eu aussi mal de toute sa vie ; elle avait l'impression qu'elle était sur le point d'agoniser et d'un autre côté, elle voulait que ça cesse et de n'importe qu'elle façon. Elle essaya de rassembler le peu de forces qui lui restait et le poussa pour se remettre de ses émotions. Il recula de deux pas et sourit tel un psychopathe.

— Tu n'es qu'une conne, Bree. Tu ne sers à rien. À RIEN, TU M'ENTENDS ?! Tu n'es qu'une bonne à rien stupide et inutile. Tu ferais mieux de te suicider. Tu n'es pas digne de vivre une seconde de plus sur cette putain de terre. Meurs, bordel. MEURS ! cria-t-il en la rouant de coups.

Le calvaire s'arrêta enfin. Bree était couchée sur le flanc, à bout de souffle. Elle voulait rompre, mais elle n'y arrivait pas. Paradoxalement, même s'il lui faisait vivre un énorme enfer, elle l'aimait encore et toujours. Elle avait essayé maintes et maintes fois de rompre, mais n'y était jamais parvenue.

— N'oublie pas de me faire mon café ! cria-t-il en claquant la porte.

5 janvier 2010

Facture. Facture. Facture. Fac...

Assise devant la table de la salle à manger, Bree triait le courrier qu'elle avait éparpillé devant elle. Méticuleuse et perfectionniste, elle avait disposé les lettres en six piles : une pour les factures, une pour son relevé du compte, une pour celui de Jonah, une pour les cartes postales, une pour les magazines auxquels ils étaient abonnés et une pour les revues publicitaires. Elle avait attendu le week-end avec impatience tant sa semaine avait été longue et n'avait pas pu aller chercher le courrier. Jonah, son petit-ami, était également débordé cette semaine-là. Une trentaine de lettres s'étaient accumulées au fond de leur boîte aux lettres.