Chapitre 10 - Un nuage d'informations en vrac

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Céleste ne parvenait à y croire. Comment ses parents avaient-ils pu lui cacher tant de choses, et en prime l'existence de sa propre sœur ? Elle se sentait trahie, délaissée, sous-estimée. Ainsi, ils ne lui faisaient pas suffisamment confiance pour lui faire de tels aveux ? Sa colère bouillonnait, mêlée à une incompréhension sourde et à un zeste de bonheur, compte tenu de ces récentes retrouvailles tant espérées.

Sa mère devina sûrement le combat qui faisait rage dans l'esprit tourmenté de sa fille, car elle dit gravement, dans un souffle :

— Cette sœur que tu crois ne pas connaître, tu l'as rencontré à plusieurs reprises. En de mauvaises circonstances, hélas.

La jeune fille ouvrit de grands yeux, abasourdie, son cœur reprenant son triathlon effréné là où il l'avait laissé.

— La voix, dit-elle, c'était... Filæ ? Et... Non, c'est impossible...

Lise Wonderline hocha pourtant la tête, un air triste sur le visage, et Céleste blêmit alors que le sol semblait se muer en un néant indescriptible sous son corps vibrant.

« Bonne nuit, Cælestis ! »

— ... Roseline Mayer ?! s'écria Céleste avec effroi, alors qu'un froid engourdissant s'emparait de chaque pore de sa peau.

***

— Ici, ce sont les laboratoires de préparation de sérums, présenta Maria en désignant les portes de bois verni disposées le long d'un sombre couloir éclairé par des lampes à huile.

Cela faisait plus d'une heure que l'inspectrice faisait la visite des archives à Céleste, et elles n'en étaient pas encore à la moitié. Le bâtiment était immense. Il comportait une dizaine d'étages et au moins cinq sous-sol, sans compter qu'il possédait trois bâtiments distinctifs. Ce lieu singulier semblait totalement intemporel, et l'adolescente n'aurait su le situer dans le temps. On n'avait plus la moindre impression de se trouver au XXIème siècle, et pourtant, certaines technologies paraissaient tout droit sorties d'un film de science-fiction.

— Excuse-moi Maria, la coupa Céleste alors qu'elle se lançait dans un de ses interminables laïus, mais je ne comprends toujours pas ce que je fais ici.

L'inspectrice soupira en levant exagérément les yeux au ciel. Cette femme semblait toujours dans les extrêmes, et tout ce qu'elle faisait était exagéré.

— Je te l'ai pourtant déjà expliqué ! Bon. Tu possèdes ce que l'on appelle des "Pupilles à niveau", ou tout simplement des "Pupilles". Tu es donc destinée à devenir Archiviste Nocturne. Les Archivistes ont pour principal objectif de récupérer les souvenirs de la Terre et de les entreposer dans les Archives Du Monde, ou ADM.

— Je pensais rentrer chez moi. Mais mon avenir semble d'ors et déjà tout tracé...

— Si tu le vois comme ça... grommela – exagérément – Maria.

Elles s'engagèrent sur un escalier de marbre. Les marches débouchaient sur une porte à double battant. La femme l'ouvrit et entra dans une grande salle. Les lustres au plafond éclairaient de nombreuses tables de huit ou de quatre personnes.

Près de l'entrée se trouvait un grand buffet de marbre garni de cloches de verre et de récipients en tout genre, de toutes les formes et couleurs imaginables. Étant donné l'heure matinale, il était actuellement vide.

— Le réfectoire. Tu y mangeras matin, midi et soir ! fit l'inspectrice d'une voix chantante en terminant sur une note aiguë.

— Matin et soir ? s'étonna Céleste. Parce que je dois y dormir, en plus ?

Le syndrome des cœurs de pierre I - PupilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant