Chapitre 16 : L'origine du nom (Partie 1)

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Mythia entendit le dernier écho d'un verre qui tombait sur le sol, ressentit le dernier choc qu'avait fait sa tête en se heurtant aux carreaux froids, ainsi que le poison liquide qui s'écoulait tel une rivière en feu dans sa gorge. Le son du métal retentissait encore dans son esprit lorsqu'elle se réveilla.

Et la voici donc, sa nouvelle réalité. Un rêve, c'est le monde dans lequel elle avait atterri, rien de plus. Quelle douce idée que celle d'atterrir dans ses rêves après être morte. Mais que s'y trouvait-il donc ? D'abord, rien. Un vide immense partagé entre lumières blanche et noire, et sous ses pieds, le vide. Pourtant, il lui semblait marcher sur de l'eau. Elle avança, ne pensant à rien. Après tout, n'était-elle pas à l'intérieur de ses propres pensées ?

D'abord, en face d'elle, elle crut entendre les bruits d'une salle de fête, celle qu'elle avait quittée. Rien d'étonnant, observa-t-elle. Puis elle aperçut Poséidon et Etirev. Tous deux souriaient.

Le décor changea. Elle revit Etirev assis sur un banc. Il était avec Maria. Il lui avait dit la vérité. À présent, elle savait que la ville allait s'effondrer. Mythia pensa que ce devait correspondre au jour où elle avait rencontré Poséidon, même si en réalité cette scène n'avait jamais existé. Seulement un de ses propres cauchemars...

Le décor changea à nouveau. À présent, elle se retrouvait dans la grotte sous Lasiar. Ce devait être il y a dix ans, le jour où elle avait failli mourir. Elle tomba de nouveau, comme auparavant, mais cette fois-ci il arriva trop tard pour la sauver. Seul restait le souvenir de sa main qu'il tendait vers elle.

La chute ne se fit pas trop ressentir, étant seulement le fruit de son imagination. Puis elle stoppa. L'ordre chronologique qui semblait être respecté changea. Elle revint à cette fameuse nuit, où un innocent fut tué. Cette fois-ci, celui qui l'avait protégée n'était pas parti. Mythia se retourna, et elle le vit, ou plutôt, elle vit son ombre : cette silhouette entièrement noire qui semblait être un homme. Elle sursauta brusquement. Aucun signe distinctif. Bien entendu, elle ne l'avait pas vu. Comment aurait-elle pu lui donner une autre apparence ? Mythia se répéta que tout ceci ne pouvait venir que dans son esprit, que ça n'avait rien de réel.

Et pourtant, tout se mit à avancer de manière très rapide à travers le temps. Les décors changeaient, se succédant sans qu'elle puisse en reconnaître aucun, et la silhouette de cet homme était toujours là, qui traversait ce couloir incompréhensible avec elle. Tout s'accéléra. Il était toujours là. Mais qu'est-ce que cela signifiait ? Soudain, tout s'arrêta, puis elle l'entendit prononcer son nom, d'une voix qu'elle n'entendait pas pour la première fois, elle en était certaine :

— Mythia...

Il tendit sa main vers elle, comme s'il attendait qu'elle la prenne. Lentement, ce geste d'invitation prenant forme, elle se perdit, ne sachant plus donner aucun sens à ce qui était en train de se produire.

Tout-à-coup, sans qu'elle ait eut le temps de s'en rendre compte, une main ferme empoigna son bras, la tirant de ses visions étranges. Compte tenu du manque total de délicatesse de ce geste, elle tomba sur le sol. Mais sur quel sol ?

De la terre. C'était de la terre. Mythia se releva lentement. Il était là, devant elle. Ce même homme, cette même ombre, et cette même main qu'il tendait vers elle pour l'aider, puis cette voix grave qu'elle reconnaissait à présent.

— Tu ne m'as pas fait attendre longtemps, gronda-t-il.

C'est alors qu'elle sentit cette sensation étrange, comme si son cœur battait très fort à l'intérieur de sa poitrine, mais qu'il n'était simplement plus là. Elle répondit, à moitié remise de son nouvel état, sans réellement se rendre compte de ce qu'elle disait, comme si elle avait bu trop de vin :

ALTHÆA - T.1 - La Mère des CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant