Chapitre 8 - Mal au nez...

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-Putain ! lançais-je en crachant un jet de sang sur le sol en lino. Je me pliais sous le choc, portant ma main à mon visage dans un vague espoir d'apaiser la douleur. Un goût métallique que je connaissais bien envahi ma bouche, chaud et gluant, comme d'habitude, tandis que j'essuyais mes lèvres du revers de la main.

Je relevais des yeux féroces vers Sky, qui massait discrètement sa main alors qu'elle partait en courant dans le couloir murmurant des « Je sais pas ce qui m'a pris... » dans sa barbe. Matt, qui s'apprêtait visiblement à aller se coucher, arrêta net son mouvement, la main en suspens au-dessus de la poignée de sa chambre. Il se tourna lentement face à moi, et planta ses yeux morbides dans les miens, un sourire carnassier déchirant son visage à la vue du sang qui coulait de ma lèvre. Il sembla soudain s'intéresser à moi, alors qu'il nous ignorait quelques secondes auparavant. Acculée dans un couloir du Complexe, Sky venait de m'envoyer son poing dans la gueule, avec Matt pour seul spectateur.

Il se redressa de toute sa hauteur en s'approchant lentement de moi, tel un prédateur observant sa proie. Il esquissa un pas dans ma direction, me forçant à reculer dans l'étroit couloir. Mon dos se retrouva bien trop vite collé contre le mur, sans aucune échappatoire possible, à part la confrontation directe. Son sourire s'élargissait au fur et à mesure que la peur me gagnait, se délectant visiblement de mes émotions. Pour la première fois, j'eus l'occasion de vraiment l'observer de près. Son tatouage à l'œil n'était pas parfait, et on remarquait une légère déformation de la frome son iris. Une tâche grisâtre se baladait aussi dans son globe oculaire, comme si l'encre n'avait pas pris à cet endroit, me confortant dans l'idée que ce tatouage n'avait pas été fait dans l'endroit le plus professionnel du monde. La demi tête de mort ornant son visage était, elle, très fine, réalisée avec un ombrage et des détails précis. Tout cela aurait sûrement pu être agréable à regarder sur un autre visage que celui de Matt, qui me dévisageait maintenant d'un regard de fou, à quelques centimètres de moi. Il baissa les yeux pour les porter sur mes lèvres, mais ce n'est pas elles qu'il regardait. Il fixait avec une fascination malsaine le sang qui perlait sans cesse, me rappelant avec une soudaine montée d'adrénaline le regard vide de Castiel face à son briquet.

Il leva lentement sa main pour venir la porter à ma bouche, tandis que je n'osais esquisser le moindre mouvement, pétrifiée face à son charisme pesant. Il glissa un doigt sur ma lèvre, et je ne pus retenir un long frisson de dégoût, déferlant de part et d'autre de mon dos, alors que je me crispai en broyant mes doigts entre eux. Imperceptible soulagement lorsqu'il rompit le contact, qui disparut tout aussi brusquement : il lécha lentement la goutte de mon sang sur son doigt, me fixant sans sourciller, son souffle s'écrasant contre mon visage.

J'eu à peine le temps d'apercevoir son mouvement que déjà il m'avait empoignée par le col.

Son poing s'abattit à une vitesse fulgurante sur ma joue, et des taches noires dansèrent devant mes yeux alors que la douleur explosait soudainement. Je me rendis à peine compte que j'étais tombée par terre, à moitié avachie contre le mur. La seule pensée cohérente que j'eu fut pour James Bond. Se prendre cinq poings dans la figure sans sourciller, ça n'a rien de possible, même avec de l'entraînement : un seul suffit à presque me faire tomber dans les pommes.

Je luttais de toutes mes forces pour garder les yeux ouverts, malgré ma tête me vrillant et mes sens en interaction avec une autre galaxie. Je crus apercevoir Matt s'avancer à ma hauteur, pensée se confirmant quand un autre poing écrasa mon nez, envoyant ma tête s'éclater contre le mur. Cette fois, je ne pus me retenir de crier, en remarquant au passage que mes joues étaient baignées de larmes. Le choc de son pauvre poing sur ma figure était insoutenable, et mon visage me lançait d'une douleur suraigüe, me tordant la bouche dans une expression inimitable. J'eu la vague idée de porter la main à mon nez, mais mon corps ne semblait plus me répondre : j'étais complètement séchée. Ma vision s'obscurcissait dangereusement, quand j'eus vaguement conscience que des voix se rapprochaient.

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