three years ago.
Il n'était alors âgé que de dix-huit ans, il avait fini le lycée. Il avait décroché son diplôme haut la main, bien qu'en vérité il ne s'en préoccupait pas tant que ça. A vrai dire, il s'en moquait éperdument. Ce n'était qu'un simple élément de décoration, qu'une feuille de papier disant qu'il avait réussi ses examens. La seule source de fierté pour ses parents, bien qu'ils ne soient pas au courant. Futilité. Il n'en avait guère besoin, après tout. Il avait ses rêves, ses envies. Oh que oui. Park Chanyeol est un gars qui rêve trop. Un gars qui n'en a que faire du monde qui l'entoure, qui vit dans sa bulle. Et qui court sans cesse après ce rêve de gamin. Je veux être musicien. Je veux faire rire, je veux faire pleurer aux travers de mes musiques. Je veux voir le sourire du monde. Je veux voir le bonheur. Et même si ses parents s'étaient toujours opposés à ce choix, ses ambitions, il n'avait jamais lâché. Peut-être était-il trop entêté ? Sûrement, c'était indéniable.
Sortant de ses pensées, il avait reporté son attention sur les trois gamins autour du feu qui ne cessaient de chanter des paroles de chansons. Chanter était un bien grand mot, ils braillaient plus qu'autre chose. Même la douce voix de Baekhyun semblait cassée et abîmée à cause de l'alcool et de leurs chants ininterrompus. Son visage d'enfant arborait sa joie, et son rire s'élevait dans l'air, accompagné de celui de Jongdae et de Sehun. Mais le géant ne prêtait attention qu'au nain, assis entre les deux. Boom, boom, boom. Il savait que quelque chose clochait entre eux deux, leurs regards n'étant plus les mêmes depuis quelques mois, comme leurs attitudes envers l'un et l'autre, totalement différentes. Quelque chose avait changé. Son muscle vital cognait fort contre sa cage thoracique.
Oui, tout avait changé.
Et alors que l'alcool brouillait les sens de ces quatre hommes, ils avaient filés vers cette étendue obscure qu'est la mer, vers ces vagues qui s'écrasaient contre le sable. Ils se jettent voracement dans l'eau salée, froide à cette heure si tardive. Ils se chamaillent, se cherchent. De simples gamins totalement saouls, se frappant à coup d'éclaboussures. Bousculades, rires débiles. Deux corps tombant à l'eau. Chanyeol et Baekhyun. Et deux cœurs qui battent beaucoup trop vite.
- Je rêvais de faire ça depuis un long moment.
Avait susurré la voix suave du géant alors qu'une demie-seconde plus tard il ne vienne écraser ses lèvres contre celles de son aîné. Jamais il n'aurait agi de la sorte si l'alcool ne guidait pas ses gestes. Breuvage si magique, si influent. Mais pourtant sans lui, il n'aurait jamais osé, un peu trop timide sur les bords en matière de sentiments. Geste désespéré auquel il n'espérait aucune réponse, juste être repoussé. Mais Baekhyun en avait décidé autrement, puisque leurs lèvres s'unirent mutuellement. Faîtes les unes pour les autres, elles s'épousaient parfaitement. Et alors que les vagues heurtaient leurs deux corps, les deux adolescents autour d'eux s'étaient mis à siffler et à rire, gorge déployé. L'instant aurait pu durer une éternité qu'il en aurait demandé encore plus, mais ses poumons n'étaient pas du même avis, comme ceux du petit. Leurs pulpes s'étaient séparées, alors que la douce voix de Baekhyun s'était faite entendre, tel un murmure s'échappant au vent.
- Moi aussi, j'en rêvais.
Leurs lèvres se retrouvèrent de nouveau, doux effleurements d'un souvenir salé. Et d'un battement de cils la plage disparaît, la nuit remplacée par la morosité de son appartement. Le voilà de nouveau dans la peau d'un Chanyeol âgé de vingt-et-un an. Un Chanyeol vivant dans un petit appartement avec un ange ayant tout oublié. Hé bien.
now.
Ses prunelles se promènent sur le corps laiteux du brun endormi. Il n'avait vêtu qu'un tee-shirt blanc bien trop grand pour lui. Le tee-shirt du géant. De la sorte, celui-ci ne pouvait apercevoir ses formes beaucoup trop généreuse pour le bien-être de Chanyeol. Ce qu'il les aimaient, ses formes. Et alors que son regard s'attarde sur la pâleur cadavérique de son épiderme, il n'échappe pas à ses traces bleuâtres, presque devenues invisibles. Ta faute, ta faute, ta faute, ta faute. Il s'approche alors de ce canapé sur lequel était allongé l'endormi, avant qu'il ne laisse le bout de ses phalanges glisser contre la douceur de cette neige humaine. Tache bleue, hématome douloureux. Ta faute, ta faute, ta faute, ta faute. Pris de dégoût envers lui-même, il s'était reculé brusquement, tombant lourdement au sol. La voix ne cessait de crier ses mêmes-mots, lui vrillant les tympans.
Et alors que cette entité en lui le torturait de ses paroles aiguisées, il avait porté ses mains à sa propre chevelure, comme si il souhaitait arracher celle-ci, sa tête avec. Il tremble, il suffoque. Panique. Il ne pleure pas. Il ne pleure jamais. Mais son corps refusent de lui obéir, tremblant comme une feuille au vent. Confusion, brouillon déchiré. Ses pensées s'entre-tues, il se perd et se noie dans ce méandres de mots silencieux. Brisé, incapable de se libérer. Il cherche la raison, cette vérité de ce monde erroné, de cette enveloppe transparente qu'était la sienne. Et il y a cette main chaude qui le secoue, qui le tire de sa léthargie. Qui l'appelle irrésistiblement. Source blanche de lumière, espoir nouveau détruit à néant.
- Chan !
Cette voix douce criait son nom, le secouant comme un vulgaire jouet. Genoux au sol, cet air affreusement inquiet ornant son visage d'enfant. Ses dextres secouaient les épaules rudes du plus jeune qui le regardait désormais avec un air désemparé. Le géant qui semblait si fort, si indestructible paraissait aussi perdu qu'un nouveau-né l'instant présent. Ta faute, ta faute, ta faute. La voix revenait à la charge. Il avait beau la chasser, elle était de nouveau là. Que lui voulait-elle ? Il n'en avait aucune idée. Torturé mentalement, expression hagarde. Baekhyun paraissait angoissé, il ne savait que faire face au géant qui psychotait. Je deviens fou, fou, fou. Fouuuu...
- Baek, c'est à cause de moi... Je... c'est ma faute.
Sa voix brisée, entre-coupée par sa respiration hachée. Le brun ne savait que penser des mots de son cadet, ne comprenant rien du tout au tout. Pourquoi était-ce la faute de Chanyeol ? Et puis d'abord, pour ça ? Qu'avait-il fait pour qu'il dise que c'était « à cause de lui » ? De quoi parlait-il ?
- Ta mémoire, Baek... Ma... faute.
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Et la première partie "bad hurts" est terminée !
C'est la première fois que je m'essaye à un flashback, tout écrit confondu donc j'espère que c'est bien fait et compréhensible...
Pfiou, c'est génial de faire tout ce chemin avec vous omg omg. J'ai trop hâte de poster la suite. Vous êtes des amours.
