Chapitre 1

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CHAPITRE I

Vendredi 26 août.

9 h 00.

Vacances !

Mots magiques auréolés par une myriade de notes colorées telle un époustouflant feu d'artifice. Les pensées chagrines des vacanciers de tous bords allaient céder la place à l'euphorie pour un temps déterminé à l'avance, balayées un matin comme par enchantement

Depuis onze mois qu'ils cohabitaient dans la maison louée à Sainte Savine, petite ville située dans l'Aube faisant partie de l'agglomération troyenne, le commandant Jean-Louis Dorman et le lieutenant Morgane Duharec avaient, d'un commun accord, posé leurs congés annuels à la même date un trimestre avant leur départ.

Inutile de s'ennuyer en solitaire, avait avoué le quinquagénaire, un soir de vague à l'âme.

La jeune femme n'avait pas trouvé utile d'objecter.

L'évidence s'était donc imposée d'elle-même : ils partiraient ensemble pour une courte période d'évasion culturelle. Sur les dix-huit jours que leur avait accordé le commissaire divisionnaire le mois précédent, ils consacreraient leur dernière semaine à cette délicate mission, la première étant destinée aux visites familiales vosgiennes, une obligation due à l'éloignement.

Décision prise, le plus dur avait été de s'entendre sur la destination.

Les os de Dorman souhaitaient s'expatrier vers le sud.

Anticipant les réactions de sa collègue, il avait récupéré des prospectus à l'agence de voyages proche de chez eux. Il les avait éparpillés autour de lui dans le salon. Il y en avait sur le canapé, sur les deux fauteuils et à ses pieds sur le tapis en laine bouclette. Il les consultait, fébrilement, les uns après les autres. Devant cet étalage ensoleillé, il n'avait que l'embarras du choix. Le Maroc, la Tunisie, l'Espagne, tous ces pays lui tendaient les bras et lui vantaient une température garantissant trente degrés minimum. La chaleur le jour, la tiédeur la nuit. Le bonheur sans nuage vendu dans une brochure.

Imaginez donc un peu les plages de sable fin, avait-il évoqué, un brin rêveur. La peau bronzée au retour, les virées sous la voie lactée, les palmiers, les chameaux, l'oasis, le thé à la menthe et les cocktails, etc. etc.

La fougueuse trentenaire, elle, se moquait bien des fêtes nocturnes d'Ibiza et de Marrakech. Elle avait déplié sur la table basse une carte de l'Europe. Assise en tailleur, elle pointait de son index droit les contrées nordiques. Embarrassée, elle hésitait entre la Norvège, la Suède et la Finlande. Elle voulait voir les fjords.

Dorman en frissonnait à l'avance.

Discussions houleuses autour d'une latitude imaginaire.

Il fallait couper la poire en deux.

Un no man's land s'était profilé à l'horizon, à mi-chemin entre le chaud et le froid, un compromis hasardeux pour assouplir la discorde naissante.

Le Royaume Uni, le futur Eldorado des deux D.

Ils jetèrent leur dévolu sur la cité de prédilection : Londres.

Pluvieux et venteux, avait ajouté Dorman.

Pfft, avait émis Duharec qui avait consulté un site météorologique. Durant leur période, le soleil devrait briller. Autant profiter de cette période bénie, avait-elle rétorqué.

Malgré son assentiment, avec un dernier espoir, Dorman avait défendu les médinas si chères à ses yeux. Il avait argué que, là-bas, sur cette île prisée par un public avide d'isolement insulaire, le crachin, la bruine, la " boucaille, " la flotte, quel que soit le nom donné, ce smog ruisselant s'invitait à toute heure de la journée. D'ailleurs, avait-il rajouté, histoire d'enfoncer le clou, l'emblème de l'Angleterre était le parapluie. Il avait ponctué sa phrase par un " n'est-ce pas ? " qui en disait long sur son appréhension.

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⏰ Last updated: Oct 30, 2017 ⏰

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