Blue, Je m'appelle Blue

Chapitre 1: Froid

J'ai toujours vécu dans le froid. Le froid de la neige d'hiver, le froid de la brise d'été, le froid des rafales de l'automne, et la pluie du printemps. Malgré tous les cartons et les bouts de tissus que j'ai pu accumuler, j'avais toujours froid. Peut importe l'endroit où je m'abritais, le froid était toujours là, comme mon ombre. 

Mais un beau jour, j'ai trouvé une ruelle à côté d'un restaurant. De ce restaurant se dégageait une sorte de vapeur chaude depuis la porte de service. J'avais posé le peu d'affaires que j'avais dans un petit coin où personne ne pouvait me voir, derrière plein de gravats. Parfois, j'arrivais à voler dans leur poubelle des restes pour avoir un semblant de repas. 

J'adorais cet endroit. C'était mon refuge. Pour la première fois depuis ma naissance, je n'avais pas les mains et les pieds congelé les nuits glacées pendant de la période de Noël. Le bruit que générait l'établissement me berçait, me rassurait. 

Je savais que si on me trouvais, j'allais me faire chasser. Alors je ne sortais que rarement. J'avais souvent les jambes engourdit mais je m'en fichais. Je ne voulais pas quitter mon chez moi. 

Un soir, il y a eu des cris. Des cris de peurs, c'était indéniable. Je me suis levée pour voir ce qui ce passait. Un homme et un femme étaient dans ma ruelle. Ils se battaient. Enfin je le devinais, puisque ils bougeaient de partout. Soudain, j'ai croisé le regard de la femme. L'effroi et la panique se lisaient dans ses yeux. Elle m'appelait à l'aide. Elle avait besoin de moi. Moi ? Mais qu'est ce que je pouvais faire ? Avec mon corps tout maigrichon ? J'hésitais. Je ne pouvais pas la laisser se faire agresser, mais si je m'attaquais à cette brute il ne le sentirait même pas. Non, il fallait que j'essaye. 

Mon regard balaya l'endroit à la recherche d'un objet lourd. Il se posa sur un bout de ferraille. Je l'attrapai et me plaçai derrière l'homme. J'attendais le bon moment, ne voulant pas blesser la dame. Un grand coup derrière la tête, et il se retrouva à terre, évanoui. Je n'en croyais pas mes yeux. J'avais réussi. Je lâchai l'arme. Elle était légèrement ensanglantée. J'eu un haut le coeur. Je n'avais jamais frappé quelqu'un auparavant. J'avais été frappé bien sûr mais jamais je n'ai été violente. 

Sur le choc, je reculai, jusqu'à rencontrer un des murs de la ruelle. La femme, elle, est à terre, sûrement à cause de la chute de l'agresseur. Elle me regardait en respirant difficilement. Elle se leva après un petit temps et s'avança vers moi. Je baissai automatiquement la tête. 

- Tu vas bien ? me demanda-t-elle

Je ne répondis pas, continuant à fixer le sol. Je commençai même à trembler. 

- Merci, tu as été très courageuse.

Elle s'avança un peu plus et posa sa main sur mon épaule. N'étant pas habitué au contact physique, je partis me cacher dans mes cartons. Je me mis en position foetal, me sentant plus en sécurité comme ça. 

J'entendis rien pendant un moment, puis un bruit très fort suivi de lumières bleues. Des personnes parlaient fort et semblait s'inquiéter pour la dame. Puis le silence revint. Des talons se dirigèrent vers mon endroit. Je remuai comme pas possible. Je ne voulais pas qu'elle me trouve, je ne voulais pas qu'elle trouve ma maison. Je ne voulais pas la quitter. Je m'accrochai de toutes mes forces à ma plus chaude couverture, mon sorte de doudou. 

D'un coup je sentis à nouveau une main se poser sur mon épaule. Je laissais s'échapper un petit cri de ma gorge. 

- Tout va bien, je ne te veux pas de mal, essaya-t-elle de me rassurer.

Elle frotta mon dos d'une façon maternelle. J'avais arrêté de trembler. Sa voix était douce. Mais j'avais toujours aussi peur. Plusieurs minutes dans cette situation passèrent, sans qu'elle dise un mot. Je ne le savais avant ça, mais j'en avais terriblement besoin. J'avais besoin d'affection. Tout le monde me traitait comme un insecte, une vermine. Partout où j'allais, on me regardait d'un mauvais oeil, on me mettait à la porte. Mais elle, elle était gentille.