Chapitre VI : Vlimcra - La maladie

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Maître Limorea semble absent. Je ne l'avais jamais vu dans cet état. Il doit être très triste pour sa fille adoptive. Habituellement, à chaque cours, il lui jette un regard empli de sentiment à Emeyrria, qu'elle ne voit jamais bien sûr. Je crois que mon amie ne se rend pas compte à quel point notre professeur de plantes l'aime et tient à elle.

Depuis sa disparition, les cours avec Maître Limorea sont bien plus mornes et il semble avoir perdu toute joie de vivre. Et le pire dans tout ça c'est que nous ne pouvons même pas lui en vouloir. Nous partageons tous sa peine.

Retrouver les cours m'a fait un bien fou. Et je ne rate pas un cours, même ceux d'escrime. Bien sûr je ne participe pas mais regarde mes camarades et les encourage. Maître Klummla est devenu encore plus exigeante qu'avant. Elle ne veut plus aucune perte dans notre camp à la prochaine bataille. Je crois qu'elle s'en veut pour la mort de certains de ses élèves.

La sonnerie retentit. Nous rangeons nos affaires et lançon un regard de compassion à notre Maître avant de quitter la pièce. De le voir aussi malheureux me fend le cœur et je me sens coupable. Je me souviens lui avoir promis le soir de la bataille de Erevy de surveiller les arrières de sa fille adoptive, et je n'ai pas su tenir ma promesse. Je m'en veux tellement.

Nous rejoignons au plus vite le plateau d'escrime. Maître Klummla est devenu un vrai démon au sujet de l'heure et nous n'avons pas spécialement envie de nous faire passer un savon juste après la mine triste de Maître Limorea. Encore après un cours d'Histoire cela ne nous dérange pas mais dans ces conditions ci.

Lorsque nous entrons sur la terrasse nous sommes les premiers arrivés. Il manque encore le quatrième niveau. Ces derniers temps nous travaillons à l'extérieur sur les mannequins. Maître Klummla semble avoir oublié l'idée de nous apprendre la Communion d'Esprit. Pourtant aujourd'hui nous la retrouvons à l'intérieur du bâtiment. Et lorsque nous l'apercevons en serpent à sonnette afin de s'exercer, nous soupirons. Les cours sur la Communion sont de loin les pires. Mais au moins je peux aider mes camarades et ne pas rester assis toute l'heure.

Mes amis retirent leurs épées et les poses à côté de leurs affaires de cours proche du mur. Le quatrième niveau ne tarde pas à nous rejoindre. Ils ont dû courir dans les couloirs car ils arrivent déjà essoufflés. Maître Iomilaria a dû les lâché en retard, mais notre professeur d'armes ne dit rien. Je me place un peu en retrait de notre tutrice mais celle-ci ne donne pas d'indications particulières et de commencer de suite. Que s'ils doivent s'éveiller à la Communion cela viendra tout seul.

Nous restons à la regardé, surpris. Elle a totalement changé de discours. Nous nous mettons des regards étonnés avant que le silence ne se fasse dans la salle. Et quelques secondes à peine après que mes camarades aient tous fermer les yeux, Sori se transforme. Depuis la disparition de sa sœur il donne tout dans les entrainements. Parfois même il sèche les autres cours pour aller s'entrainer tout seul. Il s'en veut réellement lui aussi.

Mes camarades travaillent ainsi pendant de longues minutes, et après un acharnement d'une bonne heure Maître Klummla attribue une pause. Sori est le seul à rester continuer mais notre professeur va le voir et lui ordonne d'aller se rafraichir, que rien ne sert de s'épuiser ainsi, que cela ne le mènera à rien. Il cède finalement aux ordres et quitte la salle. Maître Klummla me lance un regard désolé. Je quitte à mon tour la salle et rejoins mes amis à l'extérieur. Oyare semble en proie à une colère importante et tout le monde l'écoute en acquiescent. Le moral des troupes est au plus bas. Mais lorsqu'un chevalier entre sur la terrasse le silence se fait et nous l'observons approcher avec une angoisse grandissante. La dernière fois qu'un chevalier est venu nous déranger en plein cours c'était pour l'annonce de notre entrée en guerre. Et depuis rien ne vas plus.

- Tout le monde est là, nous demande-t-il d'une voix fébrile.

Nous acquiesçons une fois que Maître Klummla nous a rejoint. Il se racle la gorge et déclare avec difficulté qu'une maladie inconnu et très contagieuse vient d'atteindre plusieurs personnes dans la ville. Le premier patient atteint a d'ailleurs succombé il y a quelques heures. Il nous est recommandé de ne pas aller dans la toile de tente au niveau de l'arbre de la Sage si aucun de nos proche si trouve sauf si on nous y demande. De plus, une inspection sera faite sur chacun d'entre nous pour vérifier que nous ne sommes pas atteints. Nous devons veiller à notre hygiène afin d'éviter une épidémie. Sur ces dernières paroles le chevalier tourne les talons nous laissant pantois.

Nous nous lançons des regards étonnés et pour certain apeurés. Je remarque surtout les yeux de Simra très inquiets. Je m'approche de lui et lui demande ce qui ne vas pas. Il m'explique la fébrilité de sa sœur. J'acquiesce puis nous nous retournons tous vers Maître Klummla lorsque celle-ci claque dans ses mains.

- Le cours est fini pour aujourd'hui. Je vous conseille fortement de tous aller prendre une douche à l'école avant de rejoindre vos familles.

Nous ne sautons aucunement de joie et pourtant il y a quelques minutes à peine c'est ce que nous aurions fait. Je remarque le tremblement de main de notre maître d'armes. Elle semble très inquiète elle aussi. Nous respectons sa demande et quittons la terrasse d'escrime. Dans les discussions qui me parviennent je comprends que tous les internes vont eux aussi rejoindre leurs familles, me laissant seul. C'est la première fois depuis une éternité que je n'avais pas fait face au fait que je suis orphelin.

Nous prenons tous notre douche en discutant de cette maladie puis j'accompagne mes amis à l'entrée de l'école et reste à les observer s'éloigner en restant seul, assis sur le perron. Et même lorsqu'ils ont tous disparu dans le virage je continu d'observer la route, le champ derrière et le ciel un peu plus loin avec quelques nuages blancs.

Soudain une personne vient s'asseoir à côté de moi en soupirant. Il s'agit de Maître Limorea. Il m'adresse un fin sourire avant de contempler lui aussi le paysage. Nous restons ainsi pendant de bonnes longues minutes qui se transforme rapidement en heures. L'heure du repas passe sans que nous nous levions pour aller manger et la nuit tombe sans que nous bougions. Ce n'est que lorsque qu'une petite pluie légère que nous rentrons à l'intérieur afin de regagner nos chambres.

Nous ne nous sommes rien dit et pourtant j'ai cette impression que nous nous sommes tout dit à la fois. Ce silence était comme rempli d'émotions, des émotions que nous partagions. Nous nous souhaitons bonne nuit avant de refermer la porte sur notre monde et sur la vie. Ma chambre ma parait soudain si lugubre et si triste. Mais je vais tout de même à mon bureau et continu comme si rien ne s'était jamais passé à écrire le recueil pour le cadeau d'anniversaire de Meyla.

La pluie continue de tomber mais de plus en plus fort au fur et à mesure que le temps s'écoule. Elle tambourine violemment à mon vitrail me forçant à relever le nez. Je l'observe encore pendant un long moment glisser sur les carreaux colorés avant de me décider à aller me coucher. En me relevant je remarque une douce odeur de Valamoria qui passe sous ma porte de ma chambre. Maître Limorea doit être encore en train de faire quelques expériences. Je me demande ce qu'il recherche sur ces fleurs.

Jem'amuse à souffler sur la dernière torche allumer, qui me permettait detravailler à mon bureau, afin de l'éteindre et puis vais à l'aveugle passer monpyjama et me coucher dans un silence bien trop fort. Je me sens si seul. Jen'avais jamais ressenti ce sentiment avec autant de puissance. Je garde lesyeux un long moment ouvert à regarder le plafond de ma chambre. La pluiefrappant sur mon vitrail créer de magnifiques figures sur les murs de machambre. Pendant de longues minutes je me tourne et me retournes dans mon litsans jamais trouver la bonne position lorsqu'un premier éclair tonne au loin.

The Songs of Osira - Tome 2 : La Guerre des ElusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant