Chapitre 2: Où es tu ?

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Deux semaines que j'étais sous ce pont. Deux semaines horribles. Plusieurs hommes essayaient de dormir avec moi, mais je ne me laissais pas faire. Un coup bien donné entre les jambes et ils repartaient. Du moins pendant un moment. Ils revenaient toujours à un moment. 

Je n'avais qu'un souhait, me tirer d'ici. J'avais aussi envie de revoir Katy. Malgré que je ne l'avais vu qu'une seule fois, elle me manquait terriblement. J'avais essayé de la trouver pendant mes promenades dans les rues, mais jamais je ne l'avais jamais vu. Chaque jour l'espoir de la croiser était de plus en plus petit. Chaque soir je rentrais découragée et démoralisée. Alors j'avais arrêté de la chercher. Il fallait me rendre à l'évidence que je ne la verrai plus jamais. 

Je n'avais pas pour autant arrêté mes promenades journalières. Je supportais plus ce foutu pont, donc dès que je le pouvais je m'en éloignais. Je faisais le tour de la ville, même si je n'avais plus rien à y découvrir. J'errais sans but définis. J'essayais de m'occuper l'esprit, de ne pas penser à de chose triste, ce qui était un échec. J'allais dans la forêt respirer de l'air un peu plus pur que celui de la ville. Elle sentait bon la sève et la terre mouillée. Pendant un moment je n'y allais plus, alors ça faisait du bien de la retrouver. 

Lorsque je m'aventurais dedans, j'écoutais attentivement tous les petits bruits tel que l'envole d'un oiseau, le vent sur les branches des arbres, les rongeurs grimpant, mes pieds craquant les brindilles. Je m'asseyais sur le sol humide, en dessous d'un grand et gros arbre, et observais le ciel partiellement caché pas les branches. Ici, j'avais l'impression de ne déranger personne, d'être à ma place. Le calme omniprésent m'apaisait et apaisait ma peine. De plus, à cette époque de l'année, une légère couche de neige recouvrait le sol mousseux ce qui donnait une ambiance bleu à ce lieu. En quelque sorte, cet endroit me ressemblait. Silencieux, calme et froid. Trois adjectifs qui pourrait me définir. 

Quand je rentrais à mon nouveau chez moi, bien que je détestais l'appeler comme ça, c'était comme si on me balançait tous mes problèmes à la figure. Tout ce que j'ai pu oublier la journée dans la forêt, je m'en rappelais la nuit. Je m'endormais avec mes larmes pour seule compagnie. 

Un soir, le vase fut débordé. Un vieux monsieur avait encore essayer de s'introduire dans ma couchette. Je lui foutai un coup de genou dans le ventre, récupérai mes affaires et partis en courant. Je ne mettrais plus jamais les pieds dans cet endroit maudit. Je n'aurais jamais dû y aller de toute manière. J'étais partagé entre la colère et la fatigue. En colère contre le monde entier et fatiguée de devoir changer d'abris tout le temps. 

Où allais-je aller ? Cette fois ci, j'avais vraiment épuisé toutes les possibilités. Alors je continuais de courir. Je ne savais pas où j'allais comme ça, mais je ne m'arrêtais pas. Je bousculais des personnes au passage, évitais de justesse les poteaux et barrières. Je me mis à rire comme une imbécile en pleine course. Je ne mettais pas amusé autant depuis des années. J'avais l'impression de voler. 

Tous les passants me regardaient avec surprise. En même temps, ce n'est pas très commun de voir une petite fille de la rue courir comme une folle en rigolant. Mais il a bien fallut que je m'arrête quand mes poumons me brûlaient et mes jambes étaient faibles. Essoufflée et ne tenant plus debout toute seule, je m'appuyai contre un panneau publicitaire ventant les mérite d'une marque de chips. C'est en remarquant ce détails que je me rappelai que je n'avais pas mangé depuis une semaine. J'avais l'habitude d'un si grand jeûne. Mais mon ventre lui semblait en colère. Il grognait férocement, on aurait dit qu'un lion avait pris possession de mon estomac. Je décidai donc de me mettre à la recherche d'un petit truc à me mettre sous la dent. Plus facile à dire qu'à faire. Toutes les poubelles avaient été vidées, et les trottoirs nettoyés. Tous sans exceptions. La chance n'a jamais été une grande amie. 

Je me mis à faire mon passe temps favoris, errer dans les rues sans but. Je n'avais de toute façon aucun lieu où me poser. Au bout d'un moment, mes pieds foulèrent le sol enneigé de la forêt. J'y avais été machinalement, par instinct. Je m'assis en dessous de mon arbre habituel, le plus grand. Il avait un côté protecteur par sa grande taille. 

Sans m'en rendre compte le sommeil m'emporta. 


Blue, Je m'appelle BlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant