C'est Cécilia qui a eu l'idée. Cécilia est ma cousine du coté de ma mère. Quand j'étais petite, je passais toujours mes vacances scolaires chez mes grands-parents maternels. Chaque été, je retrouvais Cécilia et nous jouions ensemble sur la plage jusqu'au coucher du soleil. Âgée de trente-deux ans, elle est mon aînée d'une année seulement. Aussi extravertie que je suis introvertie, elle est un peu comme la sœur que je n'ai jamais eue. Notre complicité perdure encore aujourd'hui. Elle est la seule personne de ma famille à qui je peux réellement me confier. Alors je lui ai tout raconté.
-Il te plait, déclara-t-elle, comme une évidence.
Nous sommes assises sur son canapé, une tasse de café à la main pour elle, une tasse de thé pour moi.
-Pardon ?, m'exclamai-je.
Bien sûr qu'il me plait. Quelle autre raison pourrait justifier ce mal-être qui m'habite depuis notre dernière rencontre ? Avant de le rencontrer je trouvais déjà qu'il était un homme attirant. Une fois face à lui, son charme avait opéré puis le feeling qui passait entre nous avait fait le reste. Cependant, il m'était encore difficile de mettre des mots sur ce que j'éprouvais réellement pour lui, des sensations nouvelles pour moi.
-La question, reprit-elle, c'est : est-ce que tu lui plais aussi ? D'après ce que tu viens de me raconter, tout porte à croire que oui.
-Ne dis pas de bêtises. Oui on s'entend bien mais ça ne veut pas dire qu'il éprouve des sentiments. Ce n'est pas comme si on avait passé beaucoup de temps ensemble. Nous nous somme rencontrés il y a à peine un mois.
-Tu as déjà entendu parler du coup de foudre ?
-Tu sais bien que je ne crois pas à ça.
-Oui l'amour se construit au fil du temps blablabla. Si c'est vraiment le cas, pourquoi est-ce que tu n'es pas encore folle amoureuse de Patrick ?
-Ça n'a rien à voir. Et puis, même si à un moment donné j'ai pu croire à un début d'amitié avec Emmanuel, j'ai l'impression d'avoir perdu toute sa confiance. En lui cachant ma relation, j'ai tout foutu en l'air. Je pensais qu'il savait. Il avait l'air surpris quand il nous a vus ensemble.
-Comment aurait-il pu savoir ? Patrick ne parle jamais de toi aux journalistes. Tu m'as dit toi-même que tu lui avais demandé à rester dans l'ombre, tant que le cap de la Primaire ne serait pas franchi.
-Oui c'est vrai.
-La vérité c'est que tu ne voulais pas lui dire, à Macron. Tu vois j'avais raison, il te plait, martèle-t-elle.
-J'avais mes raisons aussi. Je le connaissais peu et je te rappelle que c'est un politicien. Au début j'ai même pensé qu'il voulait obtenir des informations, ensuite qu'il voulait carrément me recruter.
-Tu n'arrives pas à te convaincre toi-même de ce que tu dis.
-C'est parce que même si j'ai pu penser qu'il jouait un jeu, quand les appels entre nous ont commencé, je ne percevais rien d'autre que de la sincérité dans sa voix.
-Tu lui reproches d'être un politicien. Premièrement, je vais passer outre le fait que tu en fréquentes un. Ensuite, je ne suis pas sure qu'il soit vraiment un pur politicien. L'autre jour, un militant m'a abordée dans la rue. Il m'a laissé un tract reprenant les principales idées de son mouvement. Attends, je vais le chercher.
Elle se dirige vers la cuisine et revient avec le dépliant.
-Comme tout le monde, reprend-t-elle, j'étais sceptique en voyant cet ancien ministre sortir de nulle part. Et Dieu sait que je ne m'intéresse que très peu à la politique! Pourtant, cet homme qui est venu m'aborder avait l'air plus que convaincu. Alors je l'ai laissé parler, je l'ai écouté puis j'ai lu ce tract.
-Et ?
-Et c'est innovant. Je sais que toi comme moi avons des racines familiales profondément ancrées à gauche. Mais ces idées qui sont plus centristes, ou du moins qui ne font pas la différence entre la gauche et la droite, eh ben ça me parle.
Je souris. Le fait que Cécilia s'intéresse à la politique c'est vraiment quelque chose.
-Ne me dis pas que tu ne t'y es pas intéressée un minimum, dit-elle.
-Si, bien sûr, qu'est-ce que tu crois, j'ai écouté certaines de ses interviews à la radio, et il m'a parlé de ses projets.
-Ah oui c'est vrai, vous ne parliez que de choses professionnelles, me dit-elle en ricanant.
-Très drôle.
-Non mais plus sérieusement, je ne t'avais jamais entendue parler d'un homme avec tant d'émotion auparavant. Ça ne peut pas s'arrêter si bêtement. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
-Qu'est-ce que je vais faire ? Que veux-tu que je fasse ? Je ne vais rien faire du tout.
-Si tu l'dis.
Pendant que Cécilia feuillette ce fameux tract, je me laisse aller dans le canapé, fermant les yeux. Cette conversation m'a fait du bien. Bien que je ne sois toujours pas plus avancée.
-Je crois que j'ai une idée, s'exclame soudain Cécilia.
-Dis-moi tout, répondis-je, amusée.
-Pas question, tu vas refuser. Réserve moi juste ton samedi après-midi.
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Une deuxième chance
FanfictionAutomne 2016. En pleine campagne présidentielle, Maria fait la rencontre de celui qu'elle n'attendait plus. Au jeu de l'amour, elle se voit offrir une deuxième chance, peut-être la dernière.