Maladivement Séduisant

CHAPITRE 32

LOWELL

Je dévisage Ellie qui me tire par la main. Nous traversons la route, de mon côté je tente de me détendre mais je n'y arrive pas.

Ellie arbore un sourire confiant mais elle me sert la main avec une telle force que j'ai l'impression qu'elle pourrait faire craquer mes articulations.

Elle est aussi tendue que moi et cela pourrait me conforter mais ce n'est pas le cas parce que je ne sais pas où l'on va et cela ne me plait pas.

Mais j'apprécie malgré tout l'effort qu'elle a fait de me faire sortir d'ici, je sais que je pourrais sortir tous les soirs personne ne le remarquerait mais à quoi bon si c'est simplement pour admirer les choses dont je ne pourrais jamais profiter.

Or, à cet instant ce n'est pas pareil, je profite d'un moment, un moment qu'on ne pourra jamais m'enlever, qui restera à jamais graver dans ma mémoire.

Le vent fait valser les cheveux d'Ellie qui m'envoie un parfum si agréable. Je me retiens de pas l'attraper pour l'embrasser, de toute façon je risque de l'effrayer, je suis si tendu que l'on pourrait me confondre avec un constipé.

Je reste silencieux, imprime dans ma tête les différents détails que je perçois dans la nuit noire mais ce que je ressens le plus est la main d'Ellie enlacée avec la mienne.

Elle pourrait très bien m'emmener dans une déchetterie, je ne le remarquerai même pas.

Elle finit par ralentir le pas, je me redresse légèrement pour me donner de la contenance, je n'arrive pas à croire que j'ai paniqué ainsi devant Ellie.

Je ne me serais jamais permis d'agir ainsi devant qui que ce soit et pourtant me voilà, pendu à la main d'une fille que je connais depuis un mois.

Je ne comprends toujours pas comment elle a réussi à s'insinuer ainsi dans ma vie mais elle a réussi avec brio.

Elle relève son visage puis me regarde. Je la fixe sans partager aucune de mes émotions, ne sachant pas ce qu'elle compte me dire. A ma grande surprise, elle se contente de me regarder avec... tendresse. Je sens mon cœur s'accélérer, cela fait si longtemps que l'on m'a regardé de cette façon. J'essaye tant bien que mal de lui rendre ce geste en lui souriant, je caresse le dos de sa main avec mon pouce alors que nous marchons. Je garde un œil sur le trottoir pour s'assurer que l'on ne bouscule personne mais personne ne semble être dehors à cette heure-là ou alors est-ce simplement parce que je n'arrive à voir personne d'autre qu'Ellie.

Elle finit par détourner le regard, je sens quelque chose s'évaporer comme si son regard m'apportait un certain réconfort.

« —Merci. » Me murmure-t-elle si bas que j'arrive à peine à l'entendre.

Je me tourne brièvement vers elle pour m'assurer de ne pas avoir rêvé.

« —Pour quoi ? » Lui demandé-je ne trouvant pas que ses remerciements soient justifiés.

Elle hausse ses épaules puis passe une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles.

« —Merci d'avoir accepté de sortir. » Précise-t-elle légèrement gênée ce qui me fait sourire.

Je l'arrête en lui tirant la main. Elle se tourne vers moi avec un regard interrogateur.

Je pose mon autre main sur sa joue puis me penche pour sceller nos lèvres le temps de quelques secondes. Ce baiser me fait l'effet d'un bol d'air frais. Je me retiens de ne pas approfondir ce baiser, me contentant de savourer ses lèvres tout en freinant mes ardeurs.