Prologue

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Je fixais inlassablement le sol. Entre deux clients, je me surprenais à rêvasser. Pourtant, le travail de barmaid me plaisait plutôt bien. Le bar de mon quartier diffusait une musique bruyante et déplaisante. Cependant, je m'y faisais. Du moins, j'essayais. Je me surprenais à observer l'horloge beaucoup trop souvent. Mon patron, un homme bien trop froid et bien trop autoritaire, me jetait des regards noirs. Je vérifiais bien trop souvent mon smartphone, en quête de nouveaux messages éventuels. Son état s'avérait inchangé ; personne ne communiquait avec moi. Lorsqu'il fut enfin l'heure de rentrer, je pris mes affaires et me mettais en route pour rentrer chez moi. Je ne savais pas trop ce qui n'allait pas. Je m'étais peut-être enfermée dans une routine sans fin. Une vie d'habitudes cyclique dont je ne voyais plus le bout. Je poussais enfin la lourde porte d'entrée de mon appartement. Je lâchais mon sac à terre, comment un vieux sac de déchets. C'est alors que mon téléphone se mit à sonner. Je soupirais, car je dus me baisser pour aller le récupérer dans mon sac. Je décrochais, criant intérieurement de désespoir en voyant qu'il s'agissait de ma mère.

« Allô ? répondis-je, lassée.

— Je suis ta mère, Anna. Apprends à me respecter. Cela ne te coûte rien de me dire bonjour ou de me demander comment je vais. Tu es vraiment mal élevée, me reprocha-t-elle d'une voix braillarde.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Est-ce que tu travailles encore dans ce bar miteux ? Je t'ai obtenu un rendez-vous pour un casting. Il cherche des femmes âgées de vingt à vingt-cinq ans pour un court-métrage.

— Tu sais que cela ne m'intéresse pas, lui répondis-je en soupirant.

— Tu pourrais faire des efforts. Si tu savais comme tu me déçois. Si tu m'avais écoutée, tu n'aurais pas cette tête de déterrée que tu as toujours... »

Je me laissais tomber sur mon lit, le regard livide et perdu dans l'immensité de mon plafond. « Dis-moi, quand est-ce que c'était, la dernière fois que tu as eu un petit copain ? demanda-t-elle de façon rhétorique.

— Arrête, s'il te plaît, lui ordonnais-je, agacée.

— Quoi ? Laisse-moi simplement te dire la vérité. Ce que tu refuses de voir. Ta vie est un désastre. Cela ne m'étonnera pas, si jamais un jour tu finis seule et pauvre. »

Je scrutais la pièce autour de moi. J'étais déjà seule et pauvre. Elle avait sans doute raison, et cela me désespérait. Pourquoi ne pouvais-je pas me sentir mieux ? Je faisais un travail que j'aimais. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Quelque chose me manquait peut-être. Je n'avais pas beaucoup d'amis dans la vie. En fait, je n'en avais qu'une, et elle était à des centaines de kilomètres de moi. Je me sentais seule. Il ne restait que ma mère. Je n'étais pourtant pas proche d'elle mais elle me donnait l'impression d'être moins seule. Je n'arrêtais pas de passer en revue toute mon existence. Je me demandais pourquoi je vivais encore. Je me demandais si tout ça avait un sens. J'avais toujours rêvé d'avoir une famille, d'être heureuse. Jusque-là, j'étais toujours tombée sur des hommes égoïstes et impatients. Des hommes qui ne me voyaient pas telle que j'étais, mais qui me percevaient uniquement comme une femme de plus. J'avais perdu tout espoir en l'amour et toute confiance en les hommes.

***

Quand est-ce que c'était, la dernière fois que j'avais vraiment été heureux ? C'était la question que je me posais. Je désirais simplement trouvait quelqu'un, avec qui fonder un foyer. J'avais certes eu quelques relations, mais elles n'avaient pas duré longtemps, car les femmes étaient attirées par l'argent. Aussi loin que je me souvienne, toutes celles qui s'étaient approchées de moi, n'avaient été que des croqueuses de diamants. Elles m'avaient brisé le cœur, malgré les conseils de ma mère, parce que je cherchais désespérément quelqu'un avec qui faire ma vie. Alors, je me demandais intérieurement, et cela sans arrêt : Était-ce impossible d'être heureux ?

« Monsieur Whittaker ? Monsieur Whittaker, êtes-vous toujours avec nous ? » prononça une voix qui me sortit de mes pensées.

Je secouais la tête, réalisant que je me trouvais dans une salle de réunion. Mes collègues et collaborateurs s'étaient tous tournés vers moi. Je m'étais enfermé dans mes pensées lointaines et j'avais perdu le fil de la réunion de travail. Oui, le travail. Cela faisait partie de ma vie, de me plonger corps et âme dans le travail, comme mon père avant moi. J'étais certainement destiné à ça pour le reste de ma vie.

« Veuillez m'excuser... Pourriez-vous répéter ? » demandais-je, confus et désolé de m'être égaré.

Je devais cependant me rendre à l'évidence : quelque chose n'allait pas dans ma vie. Quelque chose me manquait peut-être.




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Note aux lecteurs : certains commentaires peuvent être sans rapport avec le contenu de l'histoire car j'ai décidé d'allonger les chapitres. Au lieu de 70 petits chapitres il y en a maintenant 25 mais plus longs. Ainsi malgré moi certains commentaires se retrouvent au mauvais endroit et d'autres ont été supprimés

Un Amour Glorieux - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant