Un soir comme les autres

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Laito laissa un soupir de satisfaction lui échapper. Il venait -encore- de passer une agréable soirée avec ses filles préférées. Et oui, certains passaient leur temps libre à lire, à faire du sport, des jeux vidéo ou encore des puzzles, et bien Laito lui allait faire un tour dans un bordel.

Au début -il y a de cela un an maintenant- ses frères se demandaient où le roux pouvait bien disparaitre comme ça pendant des heures. Et puis ils avaient fini par savoir : un beau jour, Ayato avait finalement cédé à la curiosité et avait suivi son jeune frère jusqu'à son... centre de loisir à lui ? Le soir même de cette découverte, tous ces frères avaient été incapable de le regarder en face, sauf Shū qui restait totalement indiffèrent -comme toujours en fait- à cette histoire.

En apprenant la nouvelle, Subaru était devenu encore plus rouge que les cheveux d'Ayato. Kanato lui n'avait pas très bien comprit et avait dû demander à son frère aîné de lui expliquer ce qu'était un bordel. Ayato n'était pas vraiment choqué -connaissant Laito ce n'était pas si surprenant après tout- mais il lui en voulait de ne pas l'avoir mis au courant. Ils auraient pu s'amuser tous les deux avec ses filles, ça n'aurait pas été une première ! Quant à Reiji, il avait demandé à Laito ce qui lui était passé par la tête. Ce à quoi le roux avait répondu :

_Souviens-toi Reiji-san ; tu m'as dit de faire en sorte de ne plus harceler Bitch-chan et de me débrouiller autrement pour m'amuser. Eh bien voilà, je me suis débrouillé.

Si les regards pouvaient tuer, Laito serait mort ce soir-là. Reiji était entré dans une colère horrible, surtout parce qu'il ne pouvait vraiment rien dire à ce sujet. Pour une fois, Laito lui avait obéis Yui, elle, était restée dans l'ignorance la plus totale. Pour une fois, les frères l'avaient protégé en décidant de ne rien lui dire.

Cela faisait donc un an que Laito se rendait dans ce même bordel, où toutes les filles qui y travaillées le connaissaient comme étant un des meilleurs amants -et clients- qu'elles n'ont jamais eu. Et lui savait parfaitement de quoi chacune d'elles étaient capable, les choisissant selon ce qu'il voulait tel ou tel soir.

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Une fois rentré au manoir, Laito se mis en quête de Yui. Ce soir il s'était bien défoulé et il se sentait fatigué maintenant. Et surtout il avait soif. Il suivit l'odeur de la blonde jusque dans les jardins. Elle était assise sur un banc, près d'un parterre de roses rouge. Elle semblait perdue dans ces pensées.

_Bitch-chan... l'appela-t-il d'une voix chantante.

Elle leva la tête pour le regarder, l'air triste. Le vampire fronça les sourcils. Ça ne ressemblait pas à la jeune fille d'avoir aussi peu de réaction. D'habitude, elle était craintive à son approche, parfois même paniquée.

_Et bien, et bien... qu'est-ce que c'est que cette mine triste ?

_Ce n'est rien Laito-kun.

_Hum... tu en es sûre ?

Laito se tenait devant elle maintenant, la dominant de toute sa taille. La blonde le regardait. Ses yeux étaient prêts à verser des larmes.

_Désolée Laito-kun, mais je suis fatiguée. Je ferais mieux d'aller me coucher.

Elle se leva, mais à peine fit-elle quelques pas que le vampire l'arrêta, enserrant un bras autour de sa taille et passant l'autre en travers de sa poitrine.

_Bitch-chan, dit-il doucement à son oreille tout en la serrant un peu plus contre lui. Pourquoi mens-tu ?

Yui tremblait, le souffle du vampire déclenchait des frisons le long de sa colonne vertébrale.

_C'est juste que...

Des sanglots commençaient à se faire entendre dans sa voix.

_Oui ? Continue.

_Tu vas dire que c'est stupide...

_Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

_C'est ce qu'Ayato-kun m'a dit tout à l'heure.

_Hum... laisse-moi en juger.

_D... d'accord... Aujourd'hui c'est...

Sa voix se brisa. Laito senti quelque chose d'humide tomber sur sa main. Elle pleurait.

_C'est la fête des pères... et... et je ne sais même pas où est le mien...

Elle pleurait franchement maintenant. En effet, pour les frères Sakamaki, c'était quelque chose de stupide. Peut-être que s'ils n'avaient pas détesté leur père, ils auraient compris -au moins un peu- ce que la jeune fille ressentait en ce moment.

_Bitch-chan... tu sais que tu pleurs pour un homme qui t'as abandonné ici en sacrifice ?

_C'est faux ! Je n'y crois pas !

Elle était persuadée que son père ne savait rien de ce qui l'attendait en venant vivre ici. Il était impossible pour elle de penser autrement. Et puis, l'oncle des six vampires le lui avait dit : son père ne savait rien, que ce soit elle n'était que le fruit du hasard. Il était persuadé que son plan marcherait et que Yui ne survivrait pas à l'éveil, alors pourquoi aurait-il pris la peine de mentir ? Mais il n'y avait pas que ça...

_Je sais bien... que je ne suis pas sa vrai fille... Mais il m'aimait.

Laito plissa les yeux. Il ne savait pas que le prêtre qui avait élevé Yui n'était pas son père biologique. Il pouvait encore moins comprendre.

_Vous avez de la chance, tes frères et toi.

_Hum..?

_Vous savez qui sont vos parents. Je sais que vous les détestaient, mais au moins vous savez.

_Tu ne sais rien de ton vrai père ?

Elle secoua la tête en réponse. Non, elle ne savait rien. Et là était le vrai problème. Yui se poser en effet la question que tous les enfants adopté se pose un jour : pourquoi m'a-t-on abandonnée ? Une nouvelle vague de sanglot la secoua. Sans vraiment réfléchir à ce qu'elle faisait, elle pivota sur elle-même et enlaça Laito. Le vampire n'en revenait pas. Il n'aurait jamais pensé qu'elle viendrait se blottir comme ça contre lui. Encore moins pour pleurer comme ça sur son épaule. Il massa doucement les épaules de la blonde.

_Moi je ne sais rien... qui ils étaient, comment ils s'appelaient, pourquoi ils ne m'ont pas gardée avec eux ? S'ils sont encore en vie ou non...

Laito la bercée contre lui maintenant. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'elle était totalement sans méfiance : s'il la consolée dans son état, s'il se montrait gentil avec elle, il n'aurait aucun mal à la mettre dans son lit sans qu'elle proteste.

_Chut, allons Bitch-chan... ne pense pas à ça... tu te fais plus de mal qu'autre chose...

Il mordit la blonde dans le creux de son épaule. Elle gémit de douleur en s'accrochant à lui. Elle ne chercha pas à se débattre. Elle savait que ça ne servait à rien de lutter. Laito buvait son sang à grande gorgée, véritablement affamé par ces activités d'il y a quelque heures.

_Oi, tu fais quoi ?

Subaru avait senti le danger qui plané sur la jeune fille. Il avait entendu toute la complainte de Yui. Ils avaient tous entendu. Reiji avait ouvert la fenêtre de son laboratoire au moment où elle avait commencé à pleurer. Shū était allongé dans l'escalier menant à l'intérieur, dissimulé par la rampe en pierre qui bordée les marches. Ayato et Kanato eux étaient dans la cuisine en train de manger -des takoyaki pour le premier et des sucreries pour le second- quand ils avaient entendu les pleurs de la jeune fille.

Laito arrêta de boire. Il était trop fatigué pour se quereller avec ses frères et demi-frères. Le benjamin de la famille s'était rapproché. Il arracha Yui de l'étreinte du roux. Personne ne chercha à l'arrêter. Tous savait que l'argenté avait un faible pour elle. Laito le regarda prendre Yui dans ces bras avant de s'éloigner.

_Ah, si c'est ça d'avoir des enfants... heureusement que je n'en aurais jamais.

Tel fut la pensée de Laito avant de s'endormir.


Papa LaitoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant