Chapitre 14 - Transparentes explications

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Alors que Tætus la fixait de son regard d'acier, figé dans des méandres dont il demeurait le seul visiteur, Céleste sentit son cœur s'élancer à nouveau contre ses côtes. Maudissant sa sensibilité inconvenante et déplacée, elle se sentit malgré tout désagréablement étourdie, déstabilisée. Alors que l'univers était entraîné dans une danse tanguante et tournoyante, la jeune fille se laissa glisser le long du mur, le souffle coupé. Les larmes affluèrent, alors qu'elle tentait de repousser le malaise qui s'emparait d'elle, elle qui avait osé croire qu'elle trouverait sa place en cet univers complexe aux lois indéterminables. Mais alors qu'elle se sentait succomber sous ce regard qui était pour elle une plante vénéneuse, un poison incurable et mortel, le jeune homme émergea soudainement de son hébétude, et ses yeux se posèrent sur l'adolescente recroquevillée sur le sol gelé.

Dans ses prunelles, pas une seule once de dégoût, de condescendance, de sarcasme, ou de critique. Seule une pointe croissante de bienveillance, d'émerveillement et – aussi étrange cela paraissait-il – de respect.

Avec un petit sourire timide, il lui tendit la main, que Céleste saisit sans hésitation aucune. Sans prononcer le moindre mot, il quitta la pièce, la jeune fille sur les talons.

Une fois dans le couloir, et certaine d'avoir acquiert à nouveau une respiration et un rythme cardiaque stables, cette dernière osa enfin poser prudemment la question lui brûlant la langue :

— Tætus... Que vient-il de se passer ?

Il ne répondit pas immédiatement, semblant chercher à mettre le doigt sur les mots les plus judicieux pour former sa réponse.

— Tu viens de passer le test déterminant le niveau de capacités de tes Pupilles, Cælestis ; et, comme tu dois t'en douter, les résultats étaient pour le moins... Surprenants, je puis dire, expliqua-t-il avec une douceur qui ne lui était pas coutumière.

— Génial ! commenta la concernée d'un ton amer.

Le regard que lui lança Tætus en disait long sur la surprise qu'il ressentait à l'égard de sa réponse.

— Tu vas donc te joindre aux Archivistes d'or, à savoir ceux dont la tâche sera la plus complexe, compléta-t-il d'une voix redevenue atone et désintéressée. Ce ne sera pas évident, je préfère te prévenir tout de suite, mais il se pourrait que tu soies détentrice de quelques facilités.

Sans en dire plus, il s'arrêta brutalement devant une porte de bois entrebâillée, et Céleste manqua lui rentrer dedans. Le jeune homme frappa du bout des doigts sur le panneau afin d'annoncer la présence de la retardatrice, et s'en fut sans prononcer un mot de plus, laissant seule une jeune fille indécise sur le seuil de ce qui marquerait probablement un tournant important de son existence.

***

Lorsque Céleste pénétra dans la salle, tous les regards convergèrent dans sa direction, et elle ne put réprimer le rouge pivoine qui prenait possession de ses joues et de la racine de ses denses cheveux. Figée derrière le battant, elle ne pouvait se détacher de tous ses yeux la dévisageant. Oh, comme elle détestait ce genre de situation !

C'est alors que son regard égaré se posa sur une Lætitia rayonnante qui lui faisait signe du premier rang. Le fait que la jeune fille elle-même était également étrangère à ce lieu lui revint soudainement en mémoire, et elle bénit silencieusement sa sauveuse en se dirigeant vers la place vide à côté de celle-ci. La remerciant d'un sourire entendu, la charismatique blondinette lui répondit d'un clin d'œil apaisant, qui paraissait à lui-seul désireux d'apaiser son esprit troublé.

Se détournant de sa voisine, Céleste reporta son regard vers l'estrade lui faisant face, sur laquelle se tenait une silhouette grande et svelte, élégamment vêtue d'un pantalon noir et d'une veste blanche. Une vague de chaleur emplit le corps tendu de l'adolescente lorsque la femme lui adressa un petit sourire de bienvenue.

Le syndrome des cœurs de pierre I - PupilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant