1. Tu vas mourir

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Commençons ces enseignements en beauté en parlant de la mort ― note bien l'ironie.


Je ne t'apprends rien en te disant ça, tu sais très bien que tu vas mourir. Un jour, sans te demander ton avis, on t'enlèvera la vie. J'espère que tu ne mourras pas trop tôt et que ça ne sera pas dans d'atroces souffrances.

Personnellement, j'aimerais mourir dans mon sommeil. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un faible pour cette option. Je préfère m'éteindre comme ça que d'être tuée par la lame d'un couteau qui aura transpercé ma chair ou que d'être emportée par une maladie incurable. En fait, je crois que si j'aime cette façon de mourir, c'est parce que c'est l'une des seules options où je suis certaine que je ne souffrirai pas ― j'estime avoir assez souffert jusqu'à présent avec tout ce que j'ai déjà vécu comme atrocités, alors je crois que je mérite quand même de mourir sans souffrir.

Tu t'endors un soir et tu ne te réveilles plus jamais. Tu ne sens rien, la mort vient te chercher en douceur sans te faire de mal. Je trouve que c'est une mort magnifique.


Quand je réfléchis à la mort, je me rends compte que chaque chose à laquelle on donne vie est condamnée à mourir. Un bébé qui vient de naître est condamné à mourir, une cigarette qu'on vient d'allumer est condamnée à être consumée jusqu'à se transformer en cendres, une histoire qu'on vient de commencer à écrire ou à lire est condamnée à se terminer. C'est un cercle vicieux qui se répète en boucle.

Il n'y a pas d'autre issue possible. Il n'y a que la mort qui attend à la fin du parcours. On te donne la vie sans te dire quand elle s'achèvera et tu dois te débrouiller avec ça. Tu veux vivre un maximum de choses avant que ton heure n'arrive et comme tu ne sais pas quand elle arrivera, tu essaies d'accomplir beaucoup de choses qui te rendront immortel.le à leur façon par peur de l'oubli.

En même temps, c'est peut-être mieux de ne pas savoir quand tu vas mourir. Tu ne verrais plus la vie de la même façon. Tu chronométrerais tout pour être sûr.e de faire tout ce que tu voudrais faire et tu décompterais sûrement chaque jour qui passe en ayant la boule au ventre.

C'est même encore mieux de ne pas savoir comment tu vas mourir. Par exemple, si tu savais à l'avance que tu mourras écrasé.e sous une voiture en traversant la rue, tu aurais peur de le faire. Traverser une rue serait une véritable épreuve à passer et non une action banale du quotidien.


Dans le fond, je comprends pourquoi nous sommes tous condamnés à mourir. Si la mort n'existait pas, nous serions trop nombreux sur terre et il n'y aurait pas assez de place pour tout le monde. J'ai l'impression que quand on meurt, on cède sa place à quelqu'un. J'en suis convaincue depuis que mon arrière grand-mère est morte un 16 décembre et qu'une de mes cousines est née ce même 16 décembre. J'ai aussi remarqué que quand on annonce une naissance dans la famille, il y a une mort quelques jours ou quelques mois plus tard et quand on annonce une mort, il y a une naissance quelques jours ou quelques mois plus tard.


Quoi qu'il en soit, ne te préoccupe pas de la mort. Fais ce que tu as envie de faire, mange ce que tu as envie de manger, réalise tes rêves, voyage jusqu'à l'autre bout de la terre, rigole à t'en éclater le bide, souris à t'en décrocher la mâchoire, dis aux personnes que tu aimes que tu les aimes, passe de bons moments, bref, existe.

La vie est trop courte pour avoir des regrets. Ne sois pas que de passage dans ce putain de monde.

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