Imperial College London

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"Cher journal, aujourd'hui était une journée merdique, comme l'était celle d'hier, et comme le sera celle de demain.
Alizée Summers."

Non mais sérieux. Quelle idée. "Écris un journal tu te sentiras mieux" tu parles. Je suis toujours choquée de voir qu'on paie une psychiatre 300 euros de l'heure pour ressortir avec des conneries aussi affligeantes. Je referme le petit carnet bleu et le balance sur mon bureau.
J'ai 3h de pause avant de reprendre les cours, alors je me réfugie dans ma chambre parce que c'est le seul endroit ou je me sens à peu près chez moi.

Il y a 2 ans, ma mère a décidé qu'elle m'enverrait vivre en Angleterre, d'après ce qu'elle pensait j'irais mieux et ma vie serait meilleure. Me voilà donc 2 ans plus tard, avec le moral encore plus bas qu'avant de quitter la France.

Il faut dire que l'adaptation à la fac se passe assez mal, je suis arrivée à 18 ans, et j'avais un niveau plutôt médiocre en anglais, ce qui n'a pas aidé. J'ai dû beaucoup plus travailler que tout le monde pour pouvoir garder un niveau à peine correct, et j'étais seule tout le temps. L'année suivante s'est un peu mieux passée, je me suis fait des amis, mais au milieu de l'année une bande de nouveaux est arrivée et depuis tout a dégénéré.

Ethan Abrahams, Wyatt Blake, Logan James and Harrison Mayer sont les noms qui ont fait de ma vie un enfer. Ils sont arrivés tous ensemble en janvier l'année dernière, ils ont déménagé pour une histoire de groupe de musique qu'ils ont monté ensemble ou je ne sais quoi, et j'ai eu les quatre dans ma classe. Au début je pensais vraiment qu'on pourrait devenir amis, parce qu'ils étaient nouveaux et que donc fatalement ils n'avaient personne, et je commençais à peine à me faire des amis alors le timing n'en était que plus parfait pas vrai? Mais non.

Ils ont tenu leur image de mecs parfait un mois, le temps de conquérir le coeur des profs, et des élèves, et après je crois que seul un certain public très restreint, composé uniquement de moi, a pu voir leur vrai visage. Jusqu'au vacances d'été, je n'ai pas pu m'asseoir une seule fois pour manger à la cafétéria sans recevoir d'insultes, je recevais des emballages de nourriture ouverts dans la tête, plusieurs fois on m'a même poussée, provoquant la chute de mon plateau, souvent suivi de très près par le reste de mon corps.

Je m'allonge sur mon lit, sans défaire les draps, et je me perds dans mes pensées. Je me dis que peut être, il serait temps de m'imposer un peu plus pour essayer de survivre dans cette fac.

Le lendemain

8h, le début du cours sonne et je suis en retard. Je vais encore me faire remarquer, mais ce matin j'en ai sincèrement rien à foutre. Je suis épuisée. Je marche dans les couloirs vides, et j'entends des rires derrière moi. Je me mets à prier de toute mes forces tous les dieux du monde pour que ce ne soit pas les garçons, mais la voix d'Éthan vient briser tous mes espoirs :

"- Eh les gars, regardez sur qui on tombe ce matin, un cadeau du ciel."

Mais évidemment les choses ne s'arrêtent pas là, ce serait beaucoup trop beau. J'entends Harrison ricaner dans mon dos, et je me décide à me retourner :

"- Abrahams, Blake, Mayers et James, que me vaut ce déplaisir?"

Ils prennent tous un air ahuri, s'arrêtent de rire et me regardent décontenancés, ils n'ont pas l'habitude que je leur réponde, mais ça ne dure pas.

"- Mais c'est qu'elle mord la gamine, attaque Wyatt.
- Les gars on est en retard, signale Ethan.
- On s'en fout mec, on laisse pas passer une occasion de mettre son compte à une ratée, le coupe Harrison.

hearts don't break around hereOù les histoires vivent. Découvrez maintenant