Obvious

Chapitre 1

Demain, tout mon calvaire est fini, je vais avoir dix-huit ans, l'âge qui me permet d'arrêter les familles d'accueil. J'ai passé toute ma vie à courir de famille en famille en espérant trouver la bonne, mais chaque fois, ils me rejettent.

Je suis actuellement dans ma dernière famille d'accueil, qui je dois dire sont peut-être les pires personnes que j'ai rencontrées. Ils m'ont toujours maltraité, fait passer en dernier. Mais pour le moment, j'oublie tout ce qu'ils m'ont fait subir. Je prépare mes dernières affaires.

- Ethan! On te dépose bientôt!

Mary m'appelle, la mère de la famille d'accueil. Je sors de ma chambre et me dirige vers la voiture avec mes affaires. Je me regarde une dernière fois dans le miroir de l'entrée afin de vérifier que je suis présentable pour l'endroit où je vais aller. Paul et Stacy, le père et la fille de la famille d'accueil me font des aux revoirs assez froid, mais je m'en fiche. Mary m'appelle encore en s'énervant un peu plus cette fois et je décide de m'installer en voiture.

Le trajet se passe dans un silence pesant, ni Mary, ni moi ne voulons parler, nous attendons tous les deux impatiemment le moment de faire nos adieux. Elle gare sa voiture sur le parking de la gare et s'empresse de sortir mes affaires du coffre.

- Allez, Ethan. Tu peux partir.

- Merci, Mary.

Je me devais quand même de les remercier, je l'aurais eu sur la conscience.

- Dégage, maintenant. Va retrouver tes parents.

Je me décide à prendre mes bagages et à attendre le train en direction de Fourn. C'est là-bas que mes vrais parents habitent. Comment je le sais? Parce que je les ai trouvé sur internet et ils ont accepté de me rencontrer. Je suis tout excité à l'idée de pouvoir faire connaissance car ils m'ont abandonné quand j'étais très jeune alors je ne le les ai jamais vraiment connus.

Le train arrive dans la gare et le bruit assourdissant des freins sur les rails me fait sortir de mes pensées. Je grimpe à bord du premier wagon et m'installe sur une banquette suffisamment grande pour pouvoir y déposer mes bagages, qui en réalité ne se résument qu'à un simple sac à dos. Ma vie commence enfin à prendre une tournure que j'apprécie. Ma période dans les familles d'accueils étant terminée, je peux devenir l'homme que je veux être. Je suis enfin libre.

Mon trajet se passe sans encombres, le train s'arrête à la nouvelle gare de Obvious, une ville où tous nos rêves deviennent réalité. Je le sais parce que chaque fois que je vais quelque part, j'entends toujours la voix d'une femme, Angela Joy, la gouverneure de Obvious. Elle répète sans cesse que Obvious est la ville où tout devient possible, chacun peut y trouver sa place et son âme soeur. A l'écouter, nous sommes séduits par cette idée et nous voulons aller dans cette ville. Après avoir quitté la gare, le train continue sa route en direction de Fourn. Je regarde ma montre et me rend compte que je dois encore patienter quatre heures avant de les voir alors je décide de me reposer afin d'être tout à fait dispo pour eux.

Je me fais réveiller par le contrôleur qui me fait signe que nous sommes au terminus. Je me lève, prend mon sac et me précipite dehors.

Un vent doux me balaie le visage ce qui me rappelle à quel point je n'aime pas être enfermé, c'est une phobie que j'ai malheureusement acquit lorsque j'étais dans une famille d'accueil de psychiatres, ils étaient vraiment dingues, ils voulaient tester les limites du corps humain, alors ils m'enfermaient dans une pièce pour voir combien de temps je pouvais tenir. Après être resté 3 mois chez eux, j'ai appelé la dame de la protection de l'enfance qui les a signalés à la police.

J'ai été dans un paquet de familles qui je dois dire était chaque fois de plus en plus étrange. Par exemple, ma dernière famille en date, celle de Mary est la pire parce que je dormais dans la cave, je ne recevais que deux repas par jour et ils ne me donnaient jamais un signe de reconnaissance. Pourtant, je ramenais des résultats excellents à l'école ce qui n'était pas le cas de Stacy, c'est sans doute pour cette raison que Mary m'a déscolarisé.