Chapitre IV

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Ce matin, le ciel est gris, comme quasiment tout les jours de la semaine, et il fait froid. Je décide de m'habiller de manière chaude.
J'enfile un jean noir et un sweat orange. Puis je met un bonnet blanc, des gants noirs usés par le temps et la veste de Gawe.
Je décide de passer ma matinée au marché afin de continuer mes observations sur la vie de la population.
Il est tôt, environ sept heures et quart.
Ma mère et Kloe dorment encore, mon père est dans son bureau sans doute à réfléchir sur de nouvelles tenues.
Je m'esquive le plus rapidement possible.
Je traverse un premier boulevard, les maisons sont en ruines mais des gens y habitent. En fait la majorité de la population vivent dans cette misère.
Lorsque je m'avance, des gens sortent des ruines et m'observent. Tous sont peu habillés, souvent d'une veste en écharpe trouée. Des chaussures qui ressemble à s'y méprendre à des chaussons, un béret et des mitaines.
Je baisse les yeux, regardant le sol, j'ai honte. Nous vivons à trois dans une grande maison neuve et eux vivent dehors dans des maisons en ruines sous le froid par dizaine.
Mais ce que nous voyons le plus ce sont encore les maisons construites des mains des hommes. Des sortes de bidonvilles. La troisième catégorie de maisons sont les cabanes des agriculteurs qui vivent souvent près de leurs champs. Ils sont beaucoup plus solitaires mais on les retrouve beaucoup sur le marché.

Je ne vais pas souvent au marché car les gens ont tendance à me dévisager, me reconnaissant et s'imaginant que je suis comme ma famille. Mais également parce qu'à chaque fois que je rentre, ma mère me fait une leçon de morale qui dure des plombs comme quoi je ne dois pas m'approcher des pauvres, qu'ils sont mal-elevés et tout le tralala que je n'écoute pas.
J'arrive sur une "place". Autrefois il paraît qu'il y avait une grande fontaine avec des dauphins qui crachaient de l'eau potable ou les enfants venaient s'amuser. Tout autour il y avait de grands restaurants, des glaciers et des boulangeries. C'était un lieu de rassemblement où les gens venaient manger et passer un moment en famille ou avec des amis. Mais tout ça c'était avant la guerre. Aujourd'hui tout à été détruit, il n'y a plus de restaurants, de glaciers ou de boulangeries pâtisseries. Tout est en ruines. La fontaine ne verse plus d'eau. Les dauphins sont en morceaux. Plus personne ne fait la fête dans cet endroit.
C'est désert. Un chaton vient me faire de grands câlins.

-Salut toi.

Il ronronne, frottant sa tête à ma main, me lechant les doigts.
Il est sale, et à une patte blessée qu'il ne pose pas entièrement par terre.

-T'es tout seul on dirait.

Aujourd'hui les chats n'ont plus de logis, ils errent dehors car plus personne n'a suffisement d'argent pour les nourrir en plus de leur nombreuse famille.
Je m'apprête à partir, le laissant. Lorsque je fais quelques pas, j'aperçois que celui-ci me suit, miaulant tout ce qu'il pouvait, fesant même une chute dûe à sa patte.
C'est un chat tout blanc avec de grands yeux verts.
Prise de pitié je l'attrape, celui ci se colle à moi comme pour se protéger du monde extérieur. Je le met dans mon panier que je redresse sur mon épaule.

-Lorsque je rentrerai, il ne faudra pas que tu miaules sinon ma mère te jettera dehors.

Il se couche à l'intérieur et je continues ma route.
J'aperçois le marché, il y a beaucoup de monde.
J'arrive à un premier établi, il vend des pommes, elles ne sont pas aussi belles qu'il y a plusieurs années, les pesticides n'existent plus et il est rare de trouver encore de beaux fruits comme cela. D'ailleurs elles coûtent chères, il a du mal à les vendre.
L'établi d'en face est celui d'un pêcheur, il vend quelques crevettes, quelques truites et quelques arengs.

-Ça te ferait plaisir le chat pour ton premier dîner un bel areng?

Lorsque je regarde dans mon panier je vois ses yeux grands ouverts à l'odeur du poisson. Je m'approche donc de l'établi.

-Bonjour Monsieur, je pourrai savoir le prix de ce poisson s'il vous plaît ?

Dis-je désignant le poisson mort.

-Hé ça fera cinq sous ma petite.

Dis le poissonnier avec un fort accent que j'apprécie beaucoup.

-Je vous en prend un s'il vous plaît.
-Tout de suite, pis comme je te trouve mignone je t'offre deux belles sardines avec.
-Oh merci beaucoup monsieur c'est vraiment très gentil.

Je lui adresse un grand sourire et il me tend le petit sac, je lui donne alors cinq sous.

-Reviens quand tu veux ma belle !

Je lui fait un au revoir de la main et m'avance encore.
Je vois un marchant de bonnes choses dans le genre pain, confiture, savon et autres raretés qui se vendent à prix chères. Je décide d'aller acheter un pot de confiture, puis j'irai l'offrir à Gawe pour sa gentillesse.
Je vois différentes confitures à la poire, à la pomme, aux fraises et aux myrtilles, le sucre de nos jours et une denrée qui se vend à prix d'or j'en déduis que c'est un riche commerçant.

-Bonjour, je pourrais savoir le prix d'une confiture s'il vous plaît ?
-Elles coûtent douze pièces chacune mademoiselle.

Je manque de m'étouffer à l'annonce d'un prix si élevé mais je prend sur moi et me dis que c'est pour une bonne cause.

-Vous m'en venderiez une pour dix pièces ?!
-Je te reconnais ! Tu es Kat ! La fille de Plutark Giorgy !
-Oui c'est moi. Acquiesais-je
-Bon, je te la vend pour dix parce que j'aime bien ton père, mais tu ne le répète pas hein !
-C'est d'accord.

Je lui tend les dix pièces et met il me donne la confiture dans un beau sac rouge. 
Je le remercie et pars. Je vois un vendeur de lait, mon chaton en a besoin il est encore petit mais j'ai peur du prix. Les éleveurs vendent cher leur lait, les vaches sont rares, elles aussi.
Je vois la petite pancarte affichant quatre pièces. Je trouve ce prix plutôt raisonnable.

-Je vous achète une bouteille de 50 centilitres s'il vous plaît.

Il me l'a tend et me remercie.
Je continue à me balader encore un peu avant de rentrer. Je vois des enfants jouer avec des ordures, des boîtes de conserves entassées sur lesquelles ils jettent des cailloux.
Je vois des gens avec leur paniers qui achètent des produits peu chers tels que de la viande séchée, des légumes déshydratés, des pots de bouillie etc...
Le genre de nourriture auquel mes parents ne prêteraient même pas attention.
Je quitte le marché. Et traverse le boulevard afin de rejoindre mon chez moi.
Je vois ma maison au loin, je m'avance et l'atteint enfin.

-Ne fais plus de bruits le chat.

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