Tremblements

Partie 2

- Lieutenant Kearney ?

Je relève la tête de mes documents et observe mon interlocuteur.

- Capitaine Luesby, que me vaut ce plaisir ? je dis en esquissant un mince sourire.

Je me lève et lui serre la main qu'il me tends.

- Nous avons finalement accepté de vous confier un novice pour remplacer votre ancien acolyte.

- Qu'est-il advenu du Lieutenant Gecks ? je l'interroge.

- Elle a été transférée dans un autre service, néanmoins, je vous présente Lucile Davis c'est sa deuxième année et elle souhaiterais vous accompagner pour l'affaire Ty, dit Luesby en s'écartant pour laisser apparaître la jeune fille.

Celle-ci n'a pas l'air impressionnée du fait d'être ici en présence de deux supérieurs et j'apprécie.

Elle s'avance vers moi d'une démarche assurée ses boucles brunes retombant avec grâce sur ses épaules. Davis me serre la main que je lui tends et m'adresse un sourire entendu que je lui rends.

- Et bien Davis, je vous laisse vous installez, et je vous souhaite une bonne coopération pour l'affaire Ty, déclare le Capitaine en s'éclipsant.

Je la regarde du coin de l'œil arranger l'agencement de son bureau comme bon lui semble, elle doit être âgée d'environ vingt-cinq ans, pas moins. Puis je retourne à mon activité, qui est, soit dit en passant, relever quelconque indice qui aurait été manqué lors de la prise des photos du corps de la victime.

- Excusez moi Lieutenant Kearney puis-je vous interrompre ? m'appelle une voix incertaine.

Je tourne mon regard vers Lucile Davis qui cette fois-ci se mord la lèvre, certainement d'appréhension.

Je la rassure d'un sourire avenant avant de lui répondre :

- Bien sûr, en quoi puis-je vous être utile ?

- Le Capitaine... Luesby, hésite t'elle, ne m'a pas vraiment précisé de ce qu'il s'agissait comme affaire, seulement le fait qu'une jeune fille se soit mystérieusement suicidée.

Je lève les yeux au ciel ne supportant pas vraiment le manque de professionnalisme dont faisait preuve le Capitaine.

- Venez Davis, je vais vous expliquez, même si le Capitaine aurait dû le faire, je dis en lui désignant une chaise en face de moi.

Elle vient s'assoir immédiatement sans ajouter un mot.

Dès qu'elle s'est assise, je prends la parole.

- Emma Ty, une jeune fille de dix-sept ans, se serait suicidée le quinze novembre passé. Mais cette fille n'avait aucune raison de se suicider. Elle avait une vie frôlant la perfection, d'après ses amis les plus proches, c'était la fille la plus heureuse qu'ils n'avaient jamais rencontré. De plus, scolairement elle se surpassait et avait des résultats impressionnants, lui assurant un avenir parfait.

Lucile Davis reste un instant songeuse. Elle tente d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais se ravise à chaque fois. J'attends patiemment.

- Peut-être que tout ça était trop parfait, trop programmé, déclare t'elle simplement.

Cette fois, c'est moi qui me mure dans un silence. Alors on se serait trompé sur toute la ligne ? Emma aurait simplement voulu défier la vie et le destin en supprimant le protagoniste ?

- Je dois avouer que ça reste une possibilité à laquelle je n'avais pas pensé, je pose dans un sourire, mais la seule chose qui me dérange dans ce raisonnement c'est que lorsqu'une personne décide de se donner la mort, tout cela est envisagé, anticipé. Et que dans des situations comme celles-ci, on cesse de sourire tous les jours.