Partie 5

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La nuit est tombée, mais je n'ai pas la moindre envie de mettre les pieds chez moi. J'observe la rue, qui force chaque individu à la fuir le plus rapidement possible. Les lumières orangées des réverbères reluisent sur le sol humide.

Finalement, je prends l'option qui me plaît le moins et prends la direction de ma voiture. Une fois à l'intérieur, je souffle un instant et pose les mains sur le volant.

Alors que j'allais démarrer, mon téléphone vibre. Je le sors rapidement de mon sac et décroche imméditament dès que je vois le nom de Paul s'afficher.

- Allô ?

- Ellen, c'est moi, dit-il.

- Oui, tu vas bien ? je demande par courtoisie.

- Oui, il faudrait que tu viennes passer au bureau, j'ai trouvé quelque chose qui devrait t'intéresser, pose t'il sans prendre le temps de me répondre.

- Combien ? je soupire.

- On verra ça plus tard, dépêche toi, c'est tout.

- J'arrive.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je raccroche et mets le contact.

Si il ne parle pas de prix, c'est qu'il a dû trouver quelque chose de perturbant ou bien d'intéressant.

J'appuie sur la pédale de l'accélérateur, pour recouvrir les kilomètres qui nous séparent le plus rapidement possible. Finalement, je n'allais pas rentrer chez moi de si tôt et si Paul m'appelle à cette heure ci, c'est que ce doit être un élément assez important et qui pourrait, avec un peu de chance, faire avancer l'enquête.

Quinze minutes plus tard, j'éteins le contact, ferme ma voiture et me hâte vers le bureau de Paul. Je frappe fort sur sa porte, le froid commence à m'engourdir.

Finalement, la porte s'ouvre sur un grand roux que je reconnais aussitôt.

- Paul, dis-je.

- Entre Ellen, il fait froid, dit-il en s'effaçant pour que je puisse entrer.

Je ne me fait pas prier et pénètre dans son antre. Contrairement au bureau du Capitaine Luesby, les dossiers de Paul sont éparpillés un peu partout sur chaque meubles qui comblent la pièce.

Paul va s'assoir sur une chaise confortable et je m'assois juste en face de lui, n'attendant pas qu'il me le propose.

- Qu'est-ce que tu as trouvé ? je demande, impatiente.

- Des choses futiles, mais des choses qui pourraient t'être utiles, annonce t'il tout en se levant.

Je ne dis rien, l'incitant à continuer.

- Du thé ? propose t'il.

- S'il te plait, j'accepte.

Je le regarde s'activer.

- Eh bien j'ai sû que tu avais réussi à acquérir un mandat te permettant de fouiller la maison des Ty, je me trompe ?

- C'est exact, comment est-ce que tu...

Paul lève la main pour m'interrompre.

- J'ai mes sources, pose t'il d'un ton qui ne permet aucune réplique, quelqu'elle soit.

Je souffle d'exaspération.

- Continue, je lui ordonne.

- Je suppose que tu vas donc fouiller de fond en comble la chambre de la victime, non ?

J'acquiese d'un mouvement de tête.

Paul prends deux grandes tasses et y verse l'eau en ébullition. Il y ajoute deux sachets de thé et me tends la tasse blanche.

- En moyenne, un adolescent sur deux on leur propre ordinateur. Certains y mettent leur vie, surtout quand ils sont populaires, ce qui est le cas d'Emma Ty.

Il sort un bout de papier sur lequel sont inscrites plusieurs phrases.

- Ceci, sont des mots de passe qu'Emma aurait pû utiliser, annonce Paul.

- Comment est-ce que tu peux en être aussi sûr ?

- Tu sais, j'ai une fille âgée de seize ans et elle m'a laissé deviner le sien avec ce que je savais sûr elle.

- Et tu l'as trouvé ?

- Au bout de la troisième fois, oui. Si ça ne marche pas, tu peux toujours demander à tes collègues de pirater son ordi, mais sa prendrait plus de temps et tu ne pourrais pas vérifier d'abord les informations que tu désirerais garder pour toi.

- C'est pas faux, j'approuve.

- De plus, cette affaire n'est que mineure pour la police. Si ils veulent maquiller ce meurtre en suicide, ça ne leur coûtera rien.

- Je sais. Tu as autre chose ?

- Oui, confirme Paul tout en cherchant sous une pile de dossier.

Je bois une gorgée du thé qui me brûle la trachée, mais je retiens une grimace et attends patiemment que Paul trouve ce qu'il cherche.

- Voilà, dit-il satisfait en brandissant une feuille imprimée.

Je me lève et le rejoins lis par-dessus son épaule.

- Une ordonnance ?

- Oui, elle a été faite par Vincent Ty il y a trois mois.

Il me la tends et je la saisis tout en fronçant les sourcils. Je parcours rapidement le papier des yeux.

- Des somnifères puissants ? dis-je étonnée.

- Quoi de plus simple pour un médecin de son rang d'établir une fausse ordonnance ?

Je ne comprends pas, pourquoi des somnifères ? Ce sont ceux avec lesquels Emma s'était donné la mort trois jours plutôt. Qui des trois souffraient d'insomnie ? Personne ne l'avait mentionné.

Je commence sérieusement à en avoir marre du fait que mes collègues s'en contre foute du fait qu'une jeune fille se soit faite tuer par on ne sait qui.

- Je te dois combien ? je demande.

- Eh bien ça ira pour cette fois, dit Paul en se passant une main dans les cheveux.

- Tu ne me fais pas le même coup que la dernière fois ? je l'interroge, suspicieuse.

- Non non, t'inquiète, j'ai mis cinq minutes et puis ça m'auras permis de passer du temps en compagnie de ma fille, dit-il en baissant la voix, se rendant compte qu'il avait parlé un peu trop vite.

Je tressaille mais n'ajoute rien.

- Ok, je vais y aller, j'ai une longue journée demain, je réplique en prenant la direction de la sortie.

- Ellen ! m'appelle Paul alors que j'ouvre la porte.

Je me retourne.

- Désolé.

Je hausse les épaules et m'enfonce dans la nuit noire, rejoignant mon véhicule.

Dans le rétroviseur, je vois Paul m'observer sortir du parking d'un coup de volant maîtrisé.

Arrivée chez moi, je m'assois sur une chaise et pose devant moi les deux informations données par Paul. Je prends soin de recopier les mots de passe sur un bout de papier que j'enfouis dans une poche intérieure de mon sac puis je regarde l'ordonnance.

Elle est pour Madame Ty. Il va falloir tirer tout ça au clair, j'ai énormément de pistes pour cette affaire, un peu trop même parce que toutes les théories et hypotèses ne sont pas à écarter.

TremblementsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant