1- Hunt

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J'avance paisiblement sur la plage de Botany Bay, une plage se trouvant à une heure de Londres.
Le sable sous mes pieds est à peine chauffé par ce soleil printanier de mois de mars très chaleureux. Chaussures à la main, j'avance vers la falaise blanche qui s'étire vers l'eau et ses petites vagues claires.
L'endroit est calme et, si en pleine saison le monde se presse pour voir ses bancs de sables avant que la foule ne se l'accapare, en période creuse l'endroit est calme et agréable, complètement désertique.
Me voilà face au rocher de la plage, ce gigantesque bloc de pierre détaché de la falaise, et où entre les deux, monte l'océan et où apparaît un banc de sable lorsqu'elle se retire.
Aujourd'hui c'est marée basse et le banc de sable humide est visible. Je m'y aventure, là où personne depuis la plage désertique ne peut me voir, là où je suis encore plus isolé. Je pose mes chaussures sur un roc blanc. Ça fait longtemps que je ne me suis pas amusé sur la plage, j'attendais un beau jour pour ça. Je m'accroupis et pose la main sur sa surface mouillée. Le sable glisse le long de ma main, monte sur mon avant bras. Entrant en contact avec moi, je le sépare de l'eau et de son humidité et il sèche devenant fin et fluide. Il se glisse sous mon t-shirt, descend dans mon jean jusque dans mes jambes, se glisse sur ma poitrine, jusqu'à mon autre main. C'est tellement peut souvent que je peux manier autant de sable. Il s'accumule sous mes pieds et me fait monter de plus en plus haut. Je ne bouge pas avant d'être arrivé en haut du rocher. Et descend à son sommet vierge, dépourvu de toute traces humaines. Je m'avance vers le bord et m'assois les pieds dans le vide, face à la mer. Je tends la main vers l'horizon pour amener face à moi l'immense tas de sable sous mon commandement, volant en défiant les lois de la gravité. Je le fait tourner pour qu'il créer un cerceau, puis je le fait monter plus haut et m'amuse à lui donner différentes formes à distance. Ça faisait tellement longtemps je suis trop contente de pouvoir m'amuser un peu.
Mon téléphone vibre et je le sors de ma poche.
« Oui Tayson ! Tu m'entends ?
-Oui je t'entends. Je voulais savoir si tu étais à ton appartement pour te ramener Kat.
-Non je suis à Botany Bay... On avait dit 18 heures non ?
-C'est dans une demi-heure.
-Déjà ! Ho excuse moi je voyais pas le temps passer. Je pars, je t'envoie un SMS quand je suis bientôt arrivé à Londres.
-D'accord. A tout à l'heure
Il raccroche. Je le relève et fait glisser le le sable sur le sol, sous mes pieds pour me soulever dans les airs et me faire redescendre du rocher. Je récupère mes chaussures et je vais faire la chose que je kiff le plus au monde et ça me donne le sourire. Je me mets à glisser sur le sable comme si j'étais sur une planche de surf. Il roule sous mes pieds pour me faire avancer, légèrement accroupie pour garder l'équilibre, et j'avance de plus en plus vite. Le vent froid fouette mon visage et rend mes yeux larmoyant, mes cheveux s'agitent en tout sens mais ça m'éclate. Je fait un violent écart vers la droite, puis vers la gauche me rapprochant énormément des vagues glissante.
Je suis bientôt revenue au parking et maintenant on pourrait me voir. Je m'arrête et continue la route à pied jusqu'à ma vieille Clio blanche.

Je roule un peu au delà de la limitation de vitesse, jusqu'à ce que j'arrive proche de Londres où la circulation est plus dense.

J'arrive à Stoke Newington, je ne suis plus très loin de chez moi alors j'envoie un message à Tayson, attendant que le feu passe au vert.
Je me gare juste en bas de chez moi et descend en trombe de la voiture, je dois me dépêcher de faire un peu d'ordre dans l'appartement !
Je monte deux à deux les marches, arrive devant ma porte, cherche les clés en râlant et entre en furie à l'intérieur. Je débarrasse la table, met tout dans le lave vaisselle à la va vite, je le précipite dans le salon, saisi la pile de linge que je n'ai pas eu le temps de plier et le jette sur mon lit. Le sable ! J'allais oublier le sable. Je retourne dans le salon, j'avais oublié que le sol de celui-ci en était entièrement recouvert comme à chaque fois que Kathleen n'est pas à la maison. Je saisi chaque grain de sable par ma magie, ils se mettent tous à vibrer et je les fait tous glisser par la fenêtre entre ouverte. Je soulève toute la poussière et chaque grain se trouvant dans la maison par ma simple pensée.
Tout est propre. Je me retourne vers le miroir de l'armoire. Tout sauf mon visage, je pars me passer un coup d'eau et me recoiffer dans la salle de bain, on sonne à la porte. Je m'essuie le visage, vérifie que tout est correct et part ouvrir.
« Maman ! »
Kathleen se jette dans mes bras. Je la soulève et me rend compte que à cinq ans, les enfants ne sont plus aussi léger qu'il n'y paraît. Tayson s'approche de moi et me fait une bise simple.
« Alors c'était bien la plage ? Me demande t-il.
-Heu oui, il n'y avait personne.
-Je n'ai jamais compris ce qui t'attirais autant là bas. Même quand on était en couple.
-Et oui. Je ne sais pas, l'endroit est tellement agréable... Je laisse Kat descendre.
-Et tu as fais quoi de beau hier ?
-Hier ?
-Bah oui. Pour ton anniversaire. Trente ans, ce n'est pas rien.
-Ah... Oui, au rien d'extra, une soirée avec quelques amis. Mais à part ça, elle a était sage ?
-Parfait, on est allé se balader à St James Parc ce matin, elle était contente on a vu des canards.
-Haha, génial.
-Bon, je viendrais la récupérer vers midi samedi prochain. Vendredi soir je ne suis pas disponible.
-Ha oui ?
-Oui... J'ai... J'ai rencontré quelqu'un.
-Ha... Ha, oui c'est... C'est cool.
-Je dois y aller Kimy. Ho ! Et elle a fait ses devoirs pour demain.
-D'accord, génial, à samedi alors.
-Au revoir papa ! »
S'exclame Kat en rentrant comme une hystérique dans la maison.

Je m'assois sur le canapé. Elle est enfin au lit. Ce n'est pas que je ne suis pas content de la revoir mais je suis épuisé et hier soir j'ai passé une soirée de merde, toute seul devant Figth Club et je n'ai pas peu m'endormir. Normal, il y a maintenant dix-huit ans de ça que cet accident a eu lieu et je ne cesse d'y repenser tous les ans et Tayson n'ai jamais voulu comprendre que c'était important pour moi d'y aller souvent quand le temps le permettait.
Je revois tous les ans ces flashs qui me hantent. Le son affreux des freins, le choc entre les deux voitures, les tonneaux que l'on a fait et ce bruit si violent... J'étais tellement petite... Papa et maman voulait tant me faire plaisir en m'offrant la possibilité de voir cette plage. Ils étaient les seuls à connaître mes dons et ils voulaient que je puisse m'amuser comme jamais sur cette belle plage, loin des regards en l'absence de toute présence sur la plage... Je chasse ces souvenirs de mon esprit. Je crois que je vais regarder un bon film avant d'aller dormir. Demain je dois me lever tôt pour l'amener à l'école, et puis j'ai pas mal de boulot au poste sur l'affaire du meurtre de Anaïs Winsleg. J'adore ce métier mais il commence à me prendre sérieusement la tête...



Nine   2-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant