CHAPITRE 1

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- Bonsoir Monsieur, salua avec crainte le portier de l'hôtel quand Nathanaël descendit de la limousine.

Mais ce dernier ne lui accorda aucun semblant d'importance. Il n'avait jamais été homme à parler pour ne rien dire, encore moins aujourd'hui.
D'un pas lent, et décidé, il se dirigea vers les ascenseurs en passant devant les réceptionnistes qui roucoulaient pour attirer son attention, mais cette attention se portait sur une chambre de cet hôtel, et en particulier sur ces occupants.

- Bonsoir Monsieur. Quel étage s'il vous plaît ? Demanda le garçon d'ascenseur.

Il accorda aussi un silence dangereux au jeune homme, qui recula inconsciemment d'un pas comme pour se protéger. Nathanaël appuya lui-même sur le bouton de l'étage souhaité, et attendit que les porte s'ouvre sur l'endroit indiqué.
Silencieusement, il sorti de la boîte de métal, et se dirigea vers la porte de la suite 3005. D'une main tremblante qui trahissait enfin la fureur qu'il contenait, il fit sortir la carte magnétique de la poche de son long manteau noir, et la glissa dans la serrure qui lui était allouée.
Quand il accéda à la luxueuse chambre, il vit des bouteilles de champagne, ainsi que deux flûtes à champagne rouler sur un sol où se trouvait déjà des vêtements d'homme et de femme. Des petits cris et des rires coquins s'échappaient de la porte entrebâillée de la suite, et c'est le corps vibrant de rage qu'il suivis cette traînée vêtements et de cris.
Nathanaël poussa la porte, et c'est avec dégout, haine, et colère qu'il observait le spectacle que lui offrait ces deux corps entrelacés. Il s'avança doucement jusqu'à une chaise qui faisait face au pied du lit, et s'y installa. Le visage impavide, il regarda le couple se contorsionner dans tous les sens, du fait du plaisir charnel qui avait pris possession d’eux. Deux minutes s’étaient écoulé, au moment où l'homme dans le lit perçut la présence nouvelle du spectateur, ce dernier s'immobilisa dans son acte, en prenant soudainement un teint de couleur cendre.

- Surtout ne vous interrompez pas pour moi. Continuer comme si je n'étais pas là.

Assise à califourchon sur son amant, la jeune femme glapit de surprise avant de tourner craintivement la tête vers l’origine de cette voix qui ne présageait jamais rien de bon. Les trois personnes présentes dans la pièce se regardaient donc sans un mot. Même le calme, et l’ambiance mortuaire d’un cimetière en plein minuit, n’étaient en rien semblable à la lourde atmosphère qui régnait à cette minute dans cette chambre. La belle femme fuyait aussi longtemps le regard assassin que lui portait Nathanaël, avant de se décider à dire un mot.

- Nate, ce n'est pas ce que tu crois.
Cette phrase eut le bon de le mettre encore plus en colère. Pourquoi les gens avaient tendance à utiliser cette phrase pour rationaliser l'injustifiable.

- Et qu'est-ce que je suis sensé croire Sofia ? Éclaire ma lanterne veux-tu ? Tu es dans un lit avec un des hommes qui travaille pour moi, de surcroît dans mon hôtel, et tu as l'audace de me dire que ce n'est pas ce que je crois ?

La jeune femme remonta le drap sur sa belle poitrine en s'éloignant du sexe dorénavant flasque de celui qu'il considérait comme un proche. La voix de Nathanaël ne s'élevait pas plus que ça, et le couple aurait mille fois préféré qu'il cris.

-Explique moi, te faisais-tu violer, parce que si c'est le cas tu es la victime la plus consentante de tous les temps.

Tout comme son amant, Sofia essaya maladroitement de quitter le lit avant que la voix dangereuse de Nathanaël ne les clous sur place.

- Je vous déconseille de quitter ce lit.
Ils frissonnèrent, de peur en se carrant encore plus contre la tête de lit.

Nathanaël quitta son siège, et se redressa sur toute sa hauteur. Les amants ressemblaient à des brebis qui faisaient face à un loup dont les yeux leurs criaient qu'ils seraient dévorés de la pire des manières.

- Donnez-moi une bonne raison de ne pas faire de ce lit une scène de crime. Une seule, répéta t'il en sortant doucement son arme pour la tenir le long de son corps.

- Nate...

- Arrête de m'appeler de la sorte Sofia, souffla-t-il d'une voix lasse de colère.
Et dire qu'il devait épouser cette femme dans trois jours...

Durant tout ce temps, l'homme qui venait de le trahir de l'une des pires façons ne pipa un seul mot. Il savait que cela ne servirait à rien. Nathanaël Asimov n'accordait jamais de deuxième chance et encore moins son pardon. Chance et pardon sont deux mots qui n’avaient jamais existés dans son dictionnaire. Il vit ensuite le silencieux qui muselait l'arme de Nathanaël, et il comprit que depuis le début il n’avait en aucun moment prévu de les laisser s'échapper. Dans un geste de dernier recours, il voulut se saisir de son arme qui se trouvait près de l'oreiller, mais Nathanaël fût plus rapide, et laissa son arme relâcher la balle dans un tir étouffé.
Sofia étouffa elle aussi tant bien que mal un cri avec sa main en fermant les yeux.

- Je t'en supplie, je t'aime Nate, ce soir c'était une erreur. Je n'aurais jamais dû te trahir...

Ces mots qu'elle lui répétait ne trouvaient aucun écho dans le cœur froid de l'homme qui se tenait à quelques pas d'elle.

- S'il te plaît... Supplia la jeune femme d'une voix méconnaissable.

Mais Nathanaël ne l'entendait plus. Ce verbe n’avait pas non plus de concordance dans son cerveau détraqué. Et tout ce qu'il percevait donc en regardant Sofia nue, dans le même lit que l’homme qu’il venait d’abattre, c'était cette petite voix de colère qui lui soufflait d'appuyer sur la gâchette. Alors sans hésiter, il l'écouta, et la balle sortie de sa prison dans un bruit tout aussi silencieux que le précédent.

Il toisa d'un œil supérieur les corps des deux personnes qui venait de le trahir. Au fond il s'en foutait de Sofia. Elle était juste là pour le divertir, et assurer les représentations en publiques auxquelles il se rendait. Quant à l'homme, il était son numéro trois, et donc il était de loin celui qui savait que Nathanaël Asimov ne partage aucun de ses jouets.
Nathanaël rangea son arme dans la poche profonde de son manteau, et fit sortir son téléphone. Sans regarder, il composa un numéro, qui décrocha dès la première sonnerie.

- Je viens de me salir, et j'ai besoin de quoi me nettoyer.

Moins de dix minutes après son appel, on tapa à la porte de la suite. Il alla ouvrir. Il s'agissait de James, la seule personne en qui il avait un tant soit peu entièrement confiance. Il s'écarta pour le laisser entrer, lui ainsi que les deux autres hommes qui l'accompagnaient.

- Tes vêtements. Demanda James en tendant la main vers Nathanaël.

Ce dernier extirpa l'arme de sa poche et la lui remit. James la pris, la nettoya méticuleusement, pour en effacer toutes traces d'empreintes, puis il l’a remis à son tour à un des deux hommes qui se dirigeait vers la scène du crime. Il fit ensuite sortir de la housse qu'il tenait un autre manteau, identique en tous points à celui que Nathanaël avait sur le dos.

- Pour te tenir au chaud.

Nathanaël ôta celui qu'il portait, pour enfiler la nouvelle qu'on lui avait apporté. Quand cela fût fait, il contourna James sans un mot et se dirigea vers la sortie.

- Où vas-tu ?

- Prendre un verre, se contenta-t-il de répondre d'une voix banale.

Dans le monde de Nathanaël Asimov, toutes les pièces étaient interchangeables. Cela que ce soit l'homme qu'il connaissait personnellement depuis 8 ans, que la femme qu'il allait épouser dans trois jours.

Personne ne comptait.

Personne...







À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant