En ce mois d'octobre, la brise flottait dans cette nuit calme... Une opacité nocturne aussi douce qu'agréable. Le voile aveuglant de l'obscurité estompait les couleurs chaleureuses de l'automne qui gagnait peu à peu les terres de la région endormie à cette heure avancée, le seul bâtiment encore éclairé dans cette mosaïque noire c'est celui d'une vieille femme dont on ne connaissait pas le nom.
Hajja était une vieille femme sénile, avec un nez écrasé prenant une ampleur avide sur son visage. On apercevait à peine ses minces sourcils, presque éclipsés du fait de son vécu qui paraissait du moins tumultueux. Ses joues tombantes et blanchâtres lui marquaient ses traits ridés. Une fine écharpe blanche illuminait son visage lui livrant un aspect serein. Ses actes pondérés et ses éloquentes articulations lui témoignaient d'un long périple ornant son existence.
Hajja fit appel à Mehdi, un jeune homme qui venait lui rendre visite quotidiennement. Cette fois-ci était différente. Elle comptait lui raconter une histoire qu'elle connaissait par cœur.
C'était l'histoire d'une petite fille âgée de 15 ans. Khadija, c'est ainsi qu'elle fut appelée. C'était une jeune adolescente qui vivait avec sa mère en décence, ne souciant de rien d'autre. Le bonheur qui les unissait fut obnubilé le jour ou la maladie de la mère a été découverte. Les moyens limités ne leur permettant pas de traitement thérapeutique contraignirent la fille au travail.La pauvre Khadija n'avait pas d'autres choix, et afin de voir sa mère en bonne santé, elle était obligée de se résigner face à cette réalité atroce sans regimbements.
Khadija fit de tout... Balayements, lessive, cuisine, repassage; Sauver sa mère exigeait des efforts et des harassements. Son patron lui, ne se retenait pas pour ce qui était de l'enjôler ou de la suborner. Khadija, compte tenu de sa candeur, prenait ces faits-la pour une compassion... Quand soudain un jour, la petite Khadija rentra battue, torturée, violée, oppressée et exploitée à outrage, l'innocence en elle a été impassiblement piétinée...
Cette calamité diffamante lui fit subir des traumatismes et des tourments fustigeant, terrifiée par toute idée de travail, elle s'orienta vers la mendicité aux boulevards les plus connus de la ville, sauf que cette intervention fut vaine, sans aide ni attention de la part des gens.
Des mois de galère et de souffrance se succédèrent, jusqu'au jour ou le pire qu'elle puisse entendre surgit.
Cette vie l'avait privée de tout ce qu'elle pouvait avoir de si cher, pour ainsi la laisser seule dans un monde ou personne ne prendra la peine de la consoler. Chaque larme qui tombait de ses yeux marquait son trajet d'une chaleur torride, chaque coup se transformait en des boules d'aciers bloquant sa respiration et s'écrasant contre sa cage thoracique... Plus les larmes se multipliaient plus la colère prenait place sur la tristesse. Elle n'arrivait plus à se contrôler, ses poings se resserraient. Elle s'agrippait la tête sentant qu'elle pouvait exploser d'un moment à l'autre. Les mots qu'on lui crachait à la gueule étaient comme des marteaux qui cognaient violemment dans son crâne et sur son cœur. Nulle chose pouvait la calmer, elle se retrouvait seule face à sa rage qui ne cessait de s'accumuler.
Pendant 5 ans, elle travaillait pour des heures et des heures, exposée dans une vitrine presque nue, livrée aux regards des passants jours et nuits, comme un esclave en serrure. Des dizaines de clients à satisfaire par jour, la douleur jusqu'au tréfonds des entrailles, la violence, l'alcool et la drogue pour soutenir le rythme infernal imposé par la cadence des clients...
Elle se sentait sale, elle n'avait plus de larmes, ni de force, c'était par la drogue qu'elle pouvait s'évader ne serait-ce que temporairement de ses souffrances mutuelles.
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L'injuste destin
ContoSelon une légende, il était un oiseau qui ne chantait qu'une seule fois de toute sa vie, plus suavement que n'importe quelle créature qui soit sur terre. Dès l'instant où il quitte le nid, il part à la recherche d'un arbre aux rameaux épineux et ne...