Chapitre 1 ~Méfiez-vous du lapin qui dort~

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La nuit tombait doucement sur les toits de Paris. La ville s'illuminait peu à peu, scintillante. De nombreuses têtes se pressaient, se bousculaient, ou se baladaient, certaines pour se diriger vers le grand restaurant de l'avenue voisine, d'autres pour rendre visite à des amis, ou d'autres encore pour rentrer chez soi après une dure journée de travail.

C'est dans cette agitation bruyante et colorée qu'un jeune homme, vêtu d'un long manteau brun et portant une lourde mallette, marchait droit vers un petit immeuble délabré, trônant dans une rue à part, peu fréquentée. Arrivé devant la bâtisse, il saisit la poignée de sa main libre et ouvrit la porte, dans un grincement peu agréable, puis entra, laissant derrière lui la porte légèrement entre ouverte.

Le bâtiment était miteux, sombre, probablement non aéré depuis bien longtemps, et seules quelques bouteilles de bière poussiéreuses traînaient sur le vieux parquet de ce hall d'entrée. Le jeune homme se dirigea derrière le comptoir et descendit un étroit escalier, qui l'amena devant une seconde porte. Il sortit alors de l'une des poches de son manteau un masque de lapin qu'il mit. Il frappa ensuite trois fois à la porte puis dit d'une voix claire :

-Je suis le lapin.

La porte s'ouvrit alors sur un petit homme rondouillard, portant un masque de chat. Ce dernier lui lança gaiement :

-T'en as mis du temps ! Allez rentre, mets les dossiers sur la table.

Le « lapin » s'exécuta. Il alla poser sa mallette sur une petite table en métal, au centre de la pièce, laquelle était bordée d'ordinateurs et autres matériels informatiques. Une femme masquée d'une tête de pingouin pianotait à l'un d'eux. Tandis que le jeune homme sortait les documents qu'il avait apporté, un dernier personnage, le « cheval » semblait-il, sortit des toilettes et rejoignit les autres.

-J'vais m'occuper des dossiers, va vérifier les caméras avec le « pingouin » pendant c'temps.

-Manchot empereur, répliqua cette dernière avec agacement.

Le « lapin » s'assit à l'ordinateur à côté d'elle, posa la main sur la souris, laissant apparaître une montre high-tech.

-C'est une chance que t'ai trouvé les dossiers à temps, se réjouit le rondouillard. Franchement quelle plaie ce milliardaire d'avoir mis des infos aussi importantes sur papier. Ç'aurait été plus simple par ordi, on aurait juste eu à le hacker, comme avec ses caméras de surveillance et voilà !

-C'est bien pour cette raison qu'il les a mis sur papier imbécile, soupira le « manchot empereur ». Oh sympa ta nouvelle montre ! fit-elle remarquer à son voisin.

C'est alors qu'elle remarqua qu'il ne bougeait pas d'un pouce, l'écran de son ordinateur faisant pourtant défiler des pages à toute vitesse.

-Eh mais c'est quoi c'bordel ?! s'écria le « cheval », un tas de feuilles entre les mains. T'appelles-ça des dossiers ?!

Il jeta le paquet, laissant voler une multitude de feuilles blanches, et à peine la première eut-elle touché le sol que le « lapin » lui donna un crochet du droit, le projetant au sol. Tandis que les diverses pages continuaient de défiler à l'écran, la femme se jeta sur le traître, qui la plaqua à terre. Le « chat », paniqué, sortit une arme à feu, mais à la seconde où il la pointa vers sa cible il fût assommé d'un violent coup par derrière en pleine tête. Il tomba, laissant apparaître une jeune fille vêtue d'un simple t-shirt et d'un jean.

-Tu sors d'où putain ? s'écria le « manchot ».

-Désolé Josh, j'ai rien trouvé d'intéressant dans leur base de données, s'excusa l'étrange demoiselle.

Le jeune homme soupira, menotta la prisonnière à un pied de table qu'elle ne pût soulever du fait du poids des ordinateurs, et enleva son masque. Il sortit son portable et composa un numéro.

-Vous pouvez venir les gars.

Après avoir raccroché, il s'approcha de la jeune fille et lui ébouriffa les cheveux.

-Tant pis écoute, ce sera pour la prochaine fois ! On a arrêté ces malfrats, c'est déjà ça, la réconforta-il.

Plusieurs policiers entrèrent, arme en main. Pendant qu'ils s'engageaient à emmener les malfaiteurs et à inspecter la salle, le plus haut gradé félicita les deux agents.

Juste avant de sortir du bâtiment, la jeune fille rit.

-« Je suis le lapin. » imita-t-elle, d'un air grave, avant d'éclater de rire à nouveau.

-Oh ça va ! T'as fini de te moquer, oui ? désespéra son coéquipier. C'était le rôle, j'y peux rien !

-Allez, reconnaît que c'était excellent quand même !

-Amusant, répondit-il d'un ton neutre. Retourne dans la montre au lieu de dire des bêtises.

-A vos ordres, monsieur lapinou ! se moqua-elle une dernière fois.

C'est alors que le plus simplement du monde, son corps tout entier se pixelisa, et ce flot de petits cubes bleus fût comme aspiré par la montre du jeune homme. Un léger sourire aux lèvres, il sortit de la bâtisse.

ProgrâmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant