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Énalïs:

À peine avoir coupé le contact de ma Bugatti, je fronce le nez. L'odeur putride de mâles percute mes bulbes olfactives. Une aigreur et une rage se diffusent instantanément dans mon être. Des loups-garou qui ne sont pas en hibernation. Des boules de poils actives. Deux loups mal-léchés et une jeune louve anciennement humaine.

Je m'active pour pénétrer dans l'antre de ma mère adoptive. Une bise furtive et je la questionne...

- Tu n'as rien remarqué ? Quelque chose de bizarre s'est produit dans la ville ?
- Non...

Je me sens soulagée, mais elle continue...

- Sauf les miens sont venus me voir.
- Jeunes, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Et ils te voulaient quoi ? Ils t'ont menacés ? Suis-je en panique pour elle.

Je regarde par la fenêtre en écartant que très légèrement le rideau brodé. Ma vision s'agrandit, afin que je puisse les apercevoir. Je les pensais tapis dans l'ombre à l'extérieur, mais il n'en est rien. Ils sont tranquillement attablés au café d'en face...

- Ma perle, ils n'étaient pas méchants. Ils souhaitaient de l'aide. Mais j'ai joué la pauvre petite vieille qui perd la mémoire.
- Tu as bien fait... Ils ont demandé quoi ?
- Énalïs... C'est de toi qu'ils ont besoin, je crois.

Je me retourne, mon regard argenté la sonde...

- Qu'est ce qu'ils me veulent ?
- Je ne sais pas exactement.
- Tu vois ! Je t'avais dit qu'il valait mieux ne plus se voir, car tôt ou tard tu serais en danger par ma faute.
- Énalïs... Aurais-tu tenu ? Non et moi non plus. J'ai passé un certain âge pour que tu t'inquiètes de moi.
- Ton âge, n'a rien à voir.

Je sais ce qu'elle s'apprête à me rétorquer. Que sa vie est dans le déclin et que ce n'est pas si grave si un individu l'attaque. Qu'il ne faut pas que je me soucie. Comment puis-je ? Impossible !

Mes yeux rivés dans les siens, elle se contente d'un soupir, au lieu que nous ayons une nouvelle fois cette conversation...

- Maman... Va dans ton bunker et restes à l'abri tant que je ne te préviens pas.
- Ma perle...
- Oui, c'est vraiment nécessaire ! L'ai-je coupé, car je savais déjà sa réplique.
- Fais attention !
- Tu me connais.
- Justement ! Gronde-t'elle en ouvrant la trappe de la cuisine.

Je me dépêche pour pouvoir l'aider. C'est lourd et elle ne prête pas attention à son corps déjà meurtri par les années. Je m'agenouille quand elle commence à descendre les escaliers. Je l'embrasse sur la joue et lui tends sa canne, même si elle n'en a pas l'utilité pour marcher.

Ce bout de bois est un leurre. Pour tromper les ennemis. Ils pensent qu'ils ont à faire à une dame frêle et fragile, ils se trompent. La canne dissimule un estoc bien aiguisé. Une fine épée qui se glisse facilement à l'intérieur de son étui ou du corps à empaler. Ma mère ne parvient plus à se transformer, mais elle sait toujours se défendre.

Je me dois de la protéger, comme elle l'a fait pour moi.

Je referme l'entrée du chemin qui mène à son bunker. Je replace le tapis rouge à l'endroit exact où il se trouvait avant qu'elle ne l'enlève.

Je ne veux pas qu'ils s'en prennent à ma mère adoptive. Alors, je vais les affronter.

J'attends patiemment et après près de vingt-deux minutes, ils se décident à sortir. Ils déambulent lentement, mais ce n'est pas pour cela que je baisserai ma vigilance.

Arrivant près de ma voiture, les mâles l'admirent. Je me renfrogne quand l'un d'eux lève sa main, puis me calme en détaillant que ses doigts ne touchent pas la carrosserie. Il mime juste le geste de la frôler. Il valait mieux, sinon il était mort d'office.

Je veux éviter de me battre dans la maison de ma mère, alors c'est à cet instant que je décide de sortir. Avançant jusqu'à la barrière, mes yeux assassins les foudroient.

La blonde aux yeux miel, me fixe avec surprise. Elle sait mon côté différent, je le perçois. La frayeur pour ma mère s'intensifie. Le loup qui lui tient la taille, à des yeux aussi noirs que la nuit. Un loup à deux cents pour cent, celui-ci.

Puis, je fixe le dernier avec ces prunelles d'un bleu océan magnifique. Je m'attarde sur celui-là. Ses pupilles frétillent de gauche à droite sans cesser, tout en plongeant dans mon regard métallique. Il me semble essoufflé, alors qu'il n'a parcouru qu'une trentaine de pas.

Est-il malade et c'est pour cela qu'ils désirent mon aide ? Je ne suis pas une soigneuse. Si jamais ils s'étaient mis dans leurs crânes que mon sang pouvait guérir, ils se sont totalement trompés.

Le loup aux cheveux noirs et aux yeux si bleus, grogne longuement. Je me sens agressée et je le scrute de travers...

- Et merde ! Hurle-t'il en se retournant.

Les deux autres ne bougent pratiquement pas. Sauf leurs visages qu'ils penchent tout deux en arrière, afin de visualiser leur ami. Blondie relève les sourcils, apparemment elle a saisi ce qui se passait pour son pote. Il m'a l'air d'être légèrement dérangé ou atteint d'une maladie... peut-être mentale, d'ailleurs.

Il se remet enfin en position initiale et souffle longuement...

- Excusez-moi. Est-il courtois et n'ose plus me regarder dans les yeux.

Vu sa politesse, je vais employer le même style de dialogue. Moi qui comptais les affronter, je me ravise pour le moment...

- J'aimerais que vous n'approchiez plus ma mère. Ai-je annoncé posément.
- C'est vous que nous venions trouver.
- Pour ? Votre intérêt, je suppose...

Les loups ne voient que par eux. Plus orgueilleux, il n'y a pas. Avec leurs muscles bombés, ils se prennent pour les rois du monde. Ils se croient tout permis, j'en sais quelque chose. Les louves sont à parts. Elles ne vivent que pour protéger leurs familles et les êtres humains...

- Non... Pour les hommes également et pour exterminer le mal qui se propage.
- Belles paroles. Et j'ai quoi à faire là-dedans ? C'est moi ce mal ?

Ou aberration comme tes congénères m'ont déjà insultée...

- Non, ce n'est pas vous. Les sangsues... Pardon ! Je reprends... Les vampires d'une catégorie très malsaine, qui envahissent notre ville et bientôt ils se développeront pour attaquer les villes des alentours.
- J'ai une partie sang-froid...
- Et c'est bien pour ça que je vous ai présenté mes excuses.

Toujours aussi diplomate à ce que j'entends...

- Pourquoi aurais-je envie de t'aider ? N'êtes-vous pas des montres vous aussi ? Le pouvoir. Rien que le pouvoir vous importe. Suis-je incisive à présent.
- Je m'en balance du pouvoir ! Depuis que je suis nais, ma seule préoccupation est de maintenir une protection sur les humains et celle des miens.

Il est sorti légèrement de ses gons. Il m'impressionne pour son self-control. Peu de loups savent se tenir aussi posément.

Il se calme et dialogue de nouveau...

- Vous ne comprenez pas que si nous vous avons cherchée, c'est que l'urgence est pesante ?

Je me laisse un temps de pause pour réfléchir à ce qu'il me demande et pour analyser leurs comportements. En le détaillant un léger rictus s'immisce au coin de ma commissure.

Il est beau pour un loup. Très beau même et il a un petit côté doux que je ne connaissais pas des mâles. Il me perturbe et puis sa première réaction m'a semblait très étrange. Comme j'aime les gens francs, je vais lui poser la question.

Ce sera un test. Si je perçois un mensonge, je ne songerais pas à leurs venir en aide...

HiddenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant