Je ne sais pas où l'on va ; la mer est calme mais il y a peu de vent. Mon maitre discute avec l'équipage sur le pont, ils rigolent et boivent. Les abaissées, eux, sont dans les cales, ils ne font pas un bruit, ils attendent.
Nous débarquons ; je suis mon maître qui fait sortir les abaissées, ils les emmènent sur la place centrale ou beaucoup de marchands se bousculent pour trouver de la place. Dès les installations terminées des clients arrivent ; l'un d'eux porte une djellaba et un turban, il semble très intéressé par une pauvre abaissée en particulière ; ils la déshabillent et essayent de marchander un prix ; à ce moment-là, elle est réduite au niveau de l'animal, même au niveau d'un objet, pire que moi.
Le lieu n'est pas très grand, nous sommes situés dans un angle de la place, sous les préaux, mon maitre expose les abaissés sur l'estrade, ils ont quelques blessures sur le corps, marques des violences dont mon maitre fait preuve envers eux.
La jeune fille a finalement été vendue, je suis très triste, elle était avec nous depuis sa naissance, fille d'esclave deviens esclave à son tour. Je l'ai vue grandir, je l'ai vue partir ; quel triste sort.
Quant à moi je vieillis, mais mon maitre ne le vois pas, il continue à me frapper, de plus en plus souvent, c'est peut-être son moyen de résister, car il croule sous les dettes.
Ces esclaves qui vont être vendus, eux doivent être aussi très fatigués, la maltraitance, le fait de se sentir inférieurs car on leur dit, « vous êtes inférieurs, vous êtes des animaux ! »
Petit à petit le soleil se couche, des abaissées sont partis, d'autres sont encore là, je ne sais pas quel est le meilleur endroit, peut être qu'ils auront de bons maitres, qui sait ?
Mais moi, en tant que chien, je me dois de suivre mon maître, et de lui être fidèle, je continuerais surement ces voyages, jusqu'à que la mort m'emporte, mais le sort de ces gens que j'appelle les abaissés me consterne, je pensais que l'humain avait des valeurs, et qu'il se respectait.