3- Dorémi

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Nicolas s'approche de moi, mains dans les poches.
«Allé Mon Ange. C'est bientôt à nous.
-M'appelle pas comme ça... T'es con !
-Ok Loue. Il me tire la langue. Tu es stressée ?
-Et toi ?
-A mort ! On monte sur scène devant trois cents personnes ! C'est pas des masses non plus mais pour notre quatrième représentation, c'est cool.
-Je stress aussi, beaucoup.
-Tu te souviens de l'ordre des chansons ?
-Bah oui quand même. On commence avec Nameless World, après Run, et ainsi de suite.
-T'inquiète. Tu vas voir, ça va bien se passer, tu gères ! On te le dit pas assez.
-Merci Nico.
-Échauffe la.
-Ok. Je me racle la gorge. Do ! Ré ! Mi ! Fa ! Sol ! La ! Si ! Do ! De ma note la plus grave à ma note la plus aiguë. Je suis prête !
-Go !»

On monte tous les deux les petites marches menant sur la scène, les autres sont en train de s'installer. Je me dirige face à mon synthétiseur, descend un peu le micro qui était trop haut pour moi. Nicolas prend sa guitare électrique et enfile la sangle. Il s'approche de son micro.
« Bonsoir à tous ! J'espère que vous êtes prêts parce que ça va être intense !! Hurlement de foule. Nous sommes Bitter Symphony et nous sommes très ravis d'être ici pour cette troisième édition de LRC Rock avec vous ! »
La foule lui répond d'un hurlement fort enthousiaste. Un peu gênée, je prends la paroles au micro.
« Le premier morceau, vous le connaissez sûrement, on va réinterpréter Nameless World de Skip The Use.»
Ils commencent tous à jouer. Je tape du pied pour suivre le temps, fait glisser mes doigts sur le synthétiseur sans jouer. C'est à moi.
«I've lost a lot a in this game !
Another everyday face with no name !
...»

J'ouvre les yeux. Le concert d'hier soir m'a épuisé et j'ai presque l'impression de ne plus savoir où j'habite et ça me fait sourire. Je me redresse, je suis seule dans le camping car. Je me lève, défroisse le t-shirt avec lequel j'ai dormi, enfile mes espadrilles et sors du camping car. On est arrêté sur une aire de camping et les garçons ont installé la table de jardin et ouvert le store, et ils sont tous les trois assis dos à moi, bière à la main et se retourne en entendant le claquement de la porte.
« J'espère que les bières sont fraîches. »
Je prend une chaise et m'assois à côté de Baptiste, regardant dans la même direction qu'eux. Deux fille et un gars, en train de monter une grande tente.
« Il a un beau cul. Dis je en rigolant.
-Rien à faire de son cul à lui ! Répond Baptiste.
-Vous oui mais moi non.
-Ça y est, la marmotte se réveille et vient nous casser les pieds. Ils se trouvent vers moi.
-Bah quoi !? J'ai le droit de matter moi aussi non ?
-Mais ne nous raconte pas ! Rigole Thomas.
-Mais à aucun moment je vous ai dit que j'aimerais le croquer dedans et faire tout plein de cochonnerie avec.
-Loue ! »
J'explose de rire face à leur réaction... et ça les fait rire aussi. Le temps que nos éclats se calment et Thomas reprend.
« Il va falloir se remettre en route, dans une ou deux heures, on est encore loin de Bordeaux.
-Oui.
-Moi je m'habille et je pars prendre un peu l'air.
-Fait attention à ce que personne ne te voit.
-Mais ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude maintenant.»

Je retourne dans le camping car, je dors sur la table et les bancs qui se transforment en lit et ma petite valise se trouve juste en dessous. Les garçons dorment ensemble dans la chambre du camping car. Je replis les draps et les rangent dans leur tiroir, je replis le matelas et le glisse sous le lit des garçons, remet tout en ordre et part me changer dans la salle de bain.

Les garçons m'accompagne jusqu'au toilettes de l'air du camping. On part derrière le bâtiment, là où il n'y a personne. J'enlève mon t-shirt et reste en soutien-gorge. Je ferme les yeux et un violent courant d'air glisse derrière mon dos. Je me retourne vers les garçons.
« Tes ailes sont toujours aussi belles.
-Ta poitrine aussi.»
Rajoute Baptiste en riant. Je le bouscule gentiment, m'accroupi légèrement et pousse de toutes mes forces sur mes pieds, donne un puissant coup d'aile qui soulève un nuage de poussière et décolle. Je prend de plus en plus de hauteur, monte, monte encore jusqu'à ce que tout en bas semble minuscule. Le vent froid vient glisser sur ma peau mais je ne craint absolument pas le froid, j'ai toujours pensé que c'était une autre facette de mes pouvoirs.
Je bats des ailes, sans trop savoir dans quelle direction aller. Je monte encore et dépasse la première fine couche de nuage. Les des goutelettes glacés roulent sur ma peau, je suis toute mouillée. Je cesse d'aller plus haut. Je ne craint certe pas le froid mais j'ai quand même besoin d'oxygène et si je monte plus haut, il va m'en manquer. Je continue à battre des ailes pour ne pas redescendre.
J'ai une vue spectaculaire depuis là, et je peux voir l'océan Atlantique et ses vastes étendue, et les terres de toutes la France. En dessous de moi, un avion passe à toute vitesse et en faisant beaucoup de bruit et je me bouche les oreilles pour l'étouffer. Je le regarde s'éloigner, suivant les courbes de l'atmosphère de notre planète. Je lève la tête, aujourd'hui, le ciel au dessus de ciel est dégagée, et je peux voir la Lune, les étoiles et certaines planètes, et même regarder le soleil sans me brûler les yeux, une autre facette de mon pouvoir. Je sors la GoPro que Nicolas m'a offert, et filmé tout autour de moi, en haut, en bas. Je l'éteins, attache et serre mes cheveux avec un élastique. Je regarde vers le bas, braque mes ailes vers l'avant et je bascule vers l'avant avec elles et me laisse filer vers le bas, tête la première, je replis mes ailes dans mon dos et prend de la vitesse, de plus en plus, je déplie mes ailes, je me redresse, fait un looping et reprend ma descente à toute vitesse, transperce les nuages, je déplis de nouveaux mes ailes et les laisses bien droite et tendu et m'en sers pour me faire tourner sur moi même trois fois, puis approchant grandement du sol, je me ralenti en braquant mes ailes pour me redresser, puis reprendre une petite vitesse normal, battant des ailes pour revenir derrière les sanitaires. Les garçons m'attendent, assis en discutant. J'atteris devant eux.
« Wahou le style !
-Vous avez vu ça. Dis je sur le ton de la moquerie. J'ai filmé en haut, y'avais un paysage magnifique à en couper le souffle. C'est tellement rare un si beau paysage vu de la haut. Ya même un avion qui est passé en dessous de moi.
-Trop bien ! »
Je replis mes ailes, un nouveau courant d'air frappe mon dos et mes ailes disparaissent comme si jamais elles n'avaient existée. J'enfile mon t-shirt et on retourne au camping car.

Nine   2-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant