Jalousie 1

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Énalïs:

Je me réveille lentement. J'ai toujours eu un mal fou à émerger. Ce matin, par rapport aux autres réveils, je me sens tellement bien.

J'ai dormi sur un corps musclé et moelleux à la fois. Endormie par inadvertance sur Shen. N'ayant plus de larmes, j'ai apprécié ses douces caresses dans les cheveux. Sans compter les petits mots qu'il me laissait pour m'apaiser.

" Chut... Je suis là et tu peux dormir tranquillement. Je chasserai tes mauvais songes. Avec moi à tes côtés, je suis certain que rien n'arrivera. "

Une douceur extrême dans sa voix suave. Si tendre, que je me suis laissée charmer... Je n'ai pas eu la force de lui demander de retourner dans sa chambre attitrée.

Mais c'est une erreur ! Je ne sais pas s'il se rend compte que c'est sa façon d'être qui m'attire. J'avoue que j'avais envie de relever le visage de son torse pour goûter ses lèvres. Oui, j'en avais tellement le désir ! J'ai dû lutter pour ne pas succomber à cette tentation diabolique.

Puis, mes paupières se sont alourdies et il avait raison... pas de cauchemar dans ses bras.

Dire que quand nous étions près du ruisseau, je l'ai assaisonné pour le fuir. Maintenant c'est un supplice de me séparer de lui.

Je profite encore un petit peu de ce moment avant de le gâcher. Car je dois mettre une distance entre nous, il le faut.

C'est si compliqué de se détacher de Shen. Je me force vraiment à le faire.

Je lève le menton subitement, l'air en panique et je demande...

- Quelle heure est-il ?

Il redresse le visage qui était posé sur la tête de lit noire. Le pauvre, il était mal placé et il ne s'est pas plaint. Le loup relève son avant bras gauche pour voir sa montre...

- Sept heures cinq.
- Oh non... Shiryû !

Je saute du lit et il est très étonné. J'attrape rapidement des vêtements dans mon dressing. Il me scrute avec incompréhension, quand je reviens dans ma chambre pour prendre ma brosse à cheveux...

- C'est quoi " Shiryû " ? Met-il les guillemets au dessus de la tête, en se levant.

Il est torse nu, mais a gardé son jean par respect, je suppose. Il n'est pas un loup-garou très massif, comme son ami. Il a une musculature saillante, sans que ce soit excessif. Son corps est un péché et dire que j'étais blottie contre lui...

Il donne l'impression d'être à l'aise, mais je sens une pointe de tension en attendant la réponse...

- Shiryû... Comment dire... Hum... C'est un ami, mais nous sommes très proches. Il me comprend. Ai-je insisté sur le mot " proche ".

La pression dans son être est si forte, que je la ressens dans le mien. Cette imprégnation est déjà tellement imprimée en moi. Je ne pensais pas que ce serait aussi rapide. Je me suis lourdement trompée...

- Il te comprend... c'est à dire ? A-t'il la mâchoire serrée.
- Il a une partie comme moi. Je vais lui demander de venir avec nous.
- Un humain serait en danger.
- Ça, je le sais. Un vampire le sera toujours moins et nous aidera...
- C'est un vampire !

Son self-control a lâché un peu prise. Il a dû réveiller tout le monde, tellement qu'il a hurlé...

- Il est bon. Il pourrait filer un coup de main. Je dois me doucher et le joindre... Tu permets ?

Je lui montre que la salle de bain est accolée à la chambre. Il avance vers la porte. Dos à moi, je vois ses muscles totalement contractés. Ses trapèzes sont tendus comme jamais. Son stress est si palpable que je me sens moi-même angoissée.

C'est vrai que j'y suis allé fort, mais je dois l'éloigner de moi. Il se retourne, son regard océan est furieux, puis il disparaît.

La douche ne pourra que me faire du bien. Sentir son cœur frustré, c'est comme écartelé le mien lentement, pour que la souffrance s'y glisse doucement pour amplifier la douleur.

...

J'ai pris contact avec Shiryû, sans lui préciser par téléphone. Je lui ai juste demander de me rejoindre. Je profite que Shen soit dans la seconde douche de l'étage, pour m'éclipser de la maison.

Le grand châtain clair aux cheveux long et ondulés, m'attend au square. Il me fait penser à un chevalier. Shiryû entraide les humains, comme moi. Souvent nous faisons des missions ensemble.

Il n'a pas de don particulier, mais c'est tout bonnement un guerrier. Il est svelte et sa vitesse est impressionnante. Il a une dextérité pour manier l'épée. Je pourrais le regarder pendant des heures, quand il joue de la lame. Il a d'ailleurs initié ma mère pour combattre judicieusement...

- Ma princesse levée si tôt... Est-ce un miracle ? Me sourit-il avant d'embrasser imperceptiblement ma main droite.

- C'est plutôt un mauvais présage. Rétorque-je en m'asseyant sur le banc.

Il me rejoint et je lui raconte tout sur les loups, les humains et vampires qui les menacent. Tout le long, il avait un air grave et a aussitôt accepter de venir avec nous. Où je devrais dire que je n'ai même pas eu à lui proposer, il s'est investi directement.

Puis, je lui signale qu'un des loups ne va pas être en joie de le rencontrer. Au départ, Shiryû pense que c'est pour sa nature vampirique. Mais quand je lui explique le cas de Shen et que je lui ai précisé mes dires à propos de lui... Il se met à rire aux éclats. Son rire cristalin s'évade dans tout le parc...

- Sérieusement... Tu veux que moi, je joue un amoureux transit pour éloigner ce petit loup imprégné... le pauvre garçon, il s'est mis dans une panade monumentale avec toi. Me fixe-t'il avec ses yeux chocolats qui sont rieurs.
- Oh arrêtes ! Je lui frappe l'épaule avant de continuer... Je ne suis pas si vipère que ça.
- Sûrement pas... Surtout quand on voit ce que tu as manigancé.
- Ça va, hein. Tu veux que je te rappelles tes entourloupes.
- Non, mais franchement Énalïs... Je ne peux pas être crédible. Mon amitié sincère pour toi, ne peut se confondre avec de l'amour. Il le verra bien. C'est à peine si j'arrive à te frôler. Et puis, tu ne pouvais pas trouver plus viril ?
- Je n'avais que toi sous la main et puis, tu n'es pas si efféminé que ça. Pour la question de se toucher, je vais prendre les devants.
- Ah je te préviens... Ne m'embrasses pas sur la bouche, j'aurais l'impression de faire un baiser à ma sœur.
- Arrêtes de faire ta chochotte un peu. Je ne comptais pas te rouler une pelle !
- Quelle horreur cette expression...
- Tenir ta taille, ça va ?

Il me regarde et sourit...

- Je vois que cette supercherie te tient à cœur. Soit, je vais essayer de jouer le jeu, mais je ne promets rien.

Satisfaite, je me redresse. Je lui propose de commencer son rôle en nous mettant bras dessus, bras dessous. Il est crispé en faisant ce geste. Trop de respects pour moi.

Je le menace de lui frapper les fesses, s'il ne se décoince pas. Cet ultimatum, le rend plus naturel. Sachant qu'il me considère comme sa petite sœur, il ne pouvait pas apprécier cet élan de familiarité.

Shen va me détester, mais c'est pour la bonne cause. Et moi... Suis-je assez forte pour supporter son écœurement face à moi ? Je n'en suis pas si sûre...

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