Chicago

Chapitre 13

Victoria

Je me rendors peu après le départ d'Ethan terrassée par la douleur malgré les idées qui me tourmentent. Je lui ai fait confiance en écrivant un mot destiné à mes amis. Je ne cesse de penser à Tayron que je ne verrais sûrement plus jamais, il ne sera pas là ce soir.

Visiblement quelqu'un est passé dans ma chambre pour me déposer un paquet fait de papier journal. Je le déchire, c'est une boîte avec un post-it dessus. Je ne prends pas le temps de le lire et l'ouvre immédiatement, bien trop impatiente. C'est une robe.

Une robe simple mais une robe quand-même. À quoi pense Ethan en m'offrant ça ? Je récupère le post-it et constate que ce n'est pas Ethan qui me l'a laissé.

Je ne comprends pas pourquoi je dois porter cette robe surtout avec mon énorme ecchymose sur la joue mais je ferais mieux d'obéir.  Plus vite je m'en irais d'ici, mieux ce sera.

Elle est assez longue et noire, très agréable à porter. Je ne sais pas si c'est Dereck qui l'a choisie mais il a de bons goûts pour un homme comme lui. Je n'ai pas le temps d'y penser davantage que la grande porte me retenant prisonnière s'ouvre pour la laisser apparaître en costume noir.

Je ne peux m'empêcher de le trouver élégant, c'est vrai qu'il a un certain charme. Sa particularité chez lui ce sont ses yeux, ils me penser à ceux de Tayron et aux miens. Ils expriment quelque chose de fort, au fond c'est un homme meurtri par ses actes et par le temps passé. J'y lis du regret et en même temps une peine immense, voilà le prix qu'il paie pour ses services envers Daniel.

Voilà le prix de sa liberté, une énième souffrance. Et le mystérieux chaos que l'on voit dans ses yeux le prouve, cet homme en a vécu. Il ne prend pas la peine de parler et se contente de m'offrir un grand sourire en me tendant son bras, je le suis, pieds nus. Le chemin est moins long que ce que j'avais imaginé lorsqu'il m'avait caché les yeux mais pas pour autant simple, c'est un enchaînement de virages et de couloirs.

On s'arrête en face d'une gigantesque porte en bois massive, sûrement lustrée. Je ne sais pas ce qu'on attend, peut-être un signal. Je sens l'angoisse grandir en moi et le stress me nouer l'estomac. Vais-je m'en ressortir indemne ? Que va-t-il se passer derrière cette porte ? Mes amis sont-ils en danger ?

Si c'est le cas j'aurais préféré qu'ils me laissent ici. Après tout Dereck s'occupe bien de moi. En parlant de lui, il retire mon bras du sien pour me prendre la main.

— Je suis désolé de t'avoir emmenée ici mais je n'avais pas le choix.

Malgré que ce soit lui qui m'ait enlevée je n'arrive pas à le détester comme je l'aurais voulu. Je sens qu'au fond c'est quelqu'un de bien et ce peu importe ce qu'il a fait dans le passé. Il mérite un nouveau départ, il ne doit plus laisser Daniel avoir une emprise sur lui.

J'ai l'impression qu'il s'est mieux occupé de moi que mon père les rares fois où je le voyais. Jamais il ne m'a tenu la main comme Dereck le fait parce qu'il n'était pas à l'aise avec ça. Jamais il ne m'a dit qu'il était fier d'avoir une fille comme moi alors que pourtant, il ne manquait pas de gratifier son assistante à tout bout de champ. Non, jamais mon père n'a fait tout ça pour moi.

— Je n'ai pas su prendre mon courage à deux mains pour te revoir et je regrette. Je regrette tellement.

Je ne comprends à l'instant pas pourquoi il me dit ça alors qu'on se connaît à peine. Il regarde tristement ses pieds. Je le prends comme une sorte de confession qu'il aurait voulu dire à quelqu'un d'autre que moi.

Son talkie-walkie s'allume, quelqu'un lui dit d'ouvrir. Il continue de me fixer le regard infiniment triste comme s'il se préparait à en finir. Nous entendons du bruit derrière la porte, il s'écarte doucement presque à regret.