Nous attendîmes un mois avant d'avoir enfin les résultats du test. Le mois le plus long de toute ma vie. Bien plus long que l'heure passée dans la file d'attente à côté de la pimbêche aux talons aiguilles. Ce qui était beaucoup dire.
Le jour des résultats, ma mère était si stressée qu'elle cassa trois verres, renversa son café, et oublia d'emmener mon frère à l'école, à la plus grande joie de ce dernier.
Matt n'était pas le fils de mon père, mais faire partie de ma famille ne l'aidait pas à partir d'un bon pied avec la vie. Il lui était interdit de se rendre dans les écoles « normales ». À la place, il avait été inscrit dans une école d'éducation, dans laquelle se trouvaient la plupart des enfants délinquants de la ville. Tout ça à cause des actes d'un père qui n'était pas le sien. Du haut de ses cinq ans, il était encore si innocent. Il n'était pas étonnant que les autres élèves de son école le traitent comme leur victime. Quand j'allais le chercher, je ne me retenais pas pour leur faire comprendre qu'ils avaient intérêt à bien se tenir avec mon frère. Mais je savais que dès le lendemain, ils recommençaient. Et ça me brisait le cœur. Heureusement, Matt ne s'y rendait que deux fois par semaine, étant encore trop jeune pour réellement commencer à étudier. Mais ces deux jours étaient en trop.
Et pourtant il était déjà bien mature pour son âge. Il n'avait que cinq ans, mais il avait déjà compris beaucoup de choses. Il avait compris que ces deux jours où il se rendait à l'école permettaient à notre mère d'aller travailler. Alors, il y allait sans grogner. Enfin, juste assez pour que ma mère ne s'étonne pas qu'il soit si sage.
Nous attendîmes ainsi, plantées devant la porte d'entrée pendant trois heures. Enfin, un coursier apporta une enveloppe vers 15h. Ma mère la lui prit des mains, et lui claqua la porte au nez sans dire un mot.
Sans prendre la peine de me la donner, elle l'ouvrit fébrilement.
— Maman ! m'écriai-je. C'est à moi de l'ouvrir.
Elle leva les yeux vers moi et m'observa un moment, comme si elle faisait une estimation des dangers que nous encourrions si elle me donnait la lettre.
— Maman, donne-moi cette lettre, je veux avoir les résultats autant que toi, je te promets que je ne la jetterai pas au feu, et que je te la donnerai après l'avoir lue.
Ma mère finit par acquiescer et me donna la lettre comme s'il s'agissait du St Graal. Je l'ouvris et sortis une feuille de papier de l'enveloppe. Un long paragraphe y était écrit à la main. Je cherchai désespérément l'endroit qui nous indiquait si l'on avait réussi le test, et notre place dans le classement, mais je ne vis rien. Je commençai donc à lire la lettre, à voix haute pour ma mère.
« A l'intention de Mademoiselle Sky Gunsay,
Vous avez passé, le 23 mai dernier, le Test d'Aptitude aux Fonctions des Hauts Postes de l'État. Nous vous remercions pour votre confiance, et espérons que vous pourrez contribuer au développement de notre grande et belle ville. 857 candidats ont participé au Test, et seuls 150 d'entre eux ont été retenus.
Il est demandé aux candidats non retenus de bien vouloir se présenter au doyen de leur quartier afin de prendre dès à présent leur poste dans les usines.
Les candidats retenus bénéficient d'une pause de deux mois afin de se préparer aux Grandes Écoles des Fonctions des Hauts Postes de l'État.
Le candidat ou la candidate, première du classement, et sélectionné(e) pour épouser l'un des fils ou la fille de notre bien-aimé Gouverneur, est invité(e) à contacter au plus vite le secrétariat du gouvernement. Une voiture le ou la conduira au Grand Palais.
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Le Ciel dans tes Bras
Teen FictionComment expliquer le ciel à quelqu'un qui ne l'a jamais vu ? Lève les yeux. Oui, toi, lève les yeux. Regarde par la fenêtre. Que vois-tu ? Un ciel bleu, gris, noir ? De la pluie ? Des étoiles ? De la neige ? Que se passerait-il si il n'existait plus...