Chapitre 7

2K 231 43
                                    

Quand nous entrâmes dans la salle à manger, le « Petit Prince » et Henri nous y attendaient. Je m'installai à ma place habituelle, juste en face d'Henri, tandis que Tiana s'assit en face du Petit Prince.

Ce dernier ne cessait de me regarder, mais cette fois, son sourire en coin avait disparu. Je l'ignorai et m'assis nonchalamment devant la table. Il fallait que je leur fasse comprendre que je ne comptai pas me laisser faire.

Un silence s'installa tandis que les serveurs apportaient les plats. Le gouverneur se tourna soudain vers moi et me dit d'un air ennuyé :

— J'ai ouïe dire que vous avez passé la matinée aux côtés de ma sœur. N'oubliez pas qu'elle a des obligations, et que vous en aurez aussi sous peu.

—  Quel genre d'obligations, monsieur, quand elle ne peut pas sortir de ce palais ennuyeux ?

Je vis le Petit Prince afficher un sourire amusé. Quant à Tiana, elle s'empressa d'ajouter :

— Je n'avais aucune autre obligation aujourd'hui que d'accueillir ma future belle-sœur. Et j'en suis ravie.

Henri lui lança un regard noir mais ne répondit pas.

Les serveurs apportèrent le plat principal, et il grogna, se tournant à nouveau vers moi.

— Vous n'êtes pas très bavarde.

— J'ai peur, monsieur, de briser vos oreilles en or.

La tension montait. Henri se leva furieusement et s'exclama :

— Je n'ai plus faim. Retrouvez-moi dans mon bureau, Eden.

Il se leva et sortit de la salle à manger. Je croisai le regard de Tiana, et elle me rassura d'un clin d'œil.

Je sortis en sentant les regards de Tiana et d'Adam posés sur moi.

***

—  Pour qui vous prenez-vous ? s'énerva Henri en tapant encore une fois du poing sur son bureau.

— Je voulais simplement détendre un peu l'atmosphère, me défendis-je.

Détendre l'atmosphère ? Nous sommes au Palais, pas au cirque !

Je haussai les épaules.

— C'est du pareil au même. Avec vos vêtements cousus d'or et vos gants en velours, vous n'êtes que des acteurs, doublés d'imposteurs.

Il s'approcha furieusement de moi et attrapa mon bras.

— Ne croyez pas que votre rang vous ouvre de nouvelles portes. Vous restez aussi nonchalante dans ce Palais que vous l'étiez dans ce taudis des quartiers sud.

— Ah ? Vous allez m'exiler ? Expliquez-le donc au peuple. L'une est morte, l'autre est exilée, le gouvernement devient-il donc incapable de mener à bien la ville ?

Il lâcha mon bras, stupéfait par la vérité de mes propos.

Voilà à quoi j'avais réfléchi toute la nuit.

Pourquoi le gouvernement avait-il accepté que je sois fiancée à Henri, alors que j'étais la fille d'Edward Gunsay ? Parce que comme l'avait dit le gouverneur, le coursier qui délivrait les résultats faisait partie du peuple. Et si le peuple découvrait qu'il m'avait empêchée d'accéder à ce à quoi je méritais, il penserait que le gouvernement à peur de moi. Que je le contrôle. Alors, ils ont fait comme s'ils maitrisaient la situation. Et ils ont changé mon nom pour tous les aveugler.

Comment allais-je pouvoir me battre pour mon père ? En les tenant entre mes mains. En les rendant impuissants face à moi comme ils ont rendu impuissant Edward Gunsay face à eux.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant