Le médecin examina mes blessures à la tête et aux côtes. Adam avait dû sortir à sa demande, et je me sentais seule. Henri était debout au bout du canapé sur lequel j'étais allongée, le visage impassible.
— La blessure à la tête n'est pas bien grave, dit le médecin au bout d'un moment. Il n'y a pas de risque de commotion. Je vais devoir vous endormir pour recoudre la blessure au niveau de vos côtes.
Je hochai la tête. Le médecin me donna plusieurs pastilles blanches.
— Attention, c'est fort, me prévint-il.
— Où est mon frère ? lui demandai-je pour la énième fois.
— Il est pris en charge par un autre médecin, ne vous en faites pas, me dit Henri.
J'eus envie de riposter, mais le médecin me força à prendre les pastilles, et je m'endormis en quelques minutes. La dernière chose que je vis avant de sombrer était le visage d'Adam en train de m'embrasser.
***
À peine, réveillée, je fis le tour des chambres du Palais pour trouver celle où Matt était allongé. Quand je la trouvai enfin, je me figeai. Mon frère était étendu sur le lit, immobile. Du sang coulait abondamment sur le parquet.
— Matt, m'écriai-je, c'est pas vrai, Matt !
Je m'agenouillai à côté de lui et tentai de trouver sa blessure. C'était une blessure au couteau, au niveau de la poitrine.
Je cessai soudain de respirer et regardai mon frère. C'est seulement à ce moment-là que je me rendis compte qu'il ne respirait pas non plus. J'entendis un cri, avant de me rendre compte que c'était le mien.
Je me levai précipitamment et reculai. Ma respiration était hachée, je cherchai désespérément de l'air.
Je m'adossai contre le mur et glissai au sol. Des sanglots s'échappaient de ma gorge. Il y a moins de 48 heures, Matt dormait dans mes bras. Il m'avait chanté la poésie qu'il avait appris à l'école. Il disait que c'était plus joli quand on la chantait, et il avait inventé une mélodie pour me le prouver. En tremblant, je me mis à la chanter moi aussi. La douceur et la délicatesse des mots contrastaient avec la douleur qui régnait dans mon cœur. Quand j'arrêtai de chanter, incapable de me souvenir de la suite des vers, le silence qui régna dans la pièce me donna un frisson. Ce n'était pas un de ces silences doux qui vous donnait envie d'écouter ce qui vous entourait. C'était un silence lourd, un silence de mort. Et l'expression n'avait jamais été aussi réaliste. Je posais mes mains sur mes yeux, et me concentrait pour respirer. Mais mon cœur était brisé. Comment un cœur brisé pouvait-il réussir à trouver de l'air ?
Pourquoi ne l'avaient-ils pas soigné ? Pourquoi l'avaient-ils laissé mourir ? La rage monta peu à peu dans mes veines. Je les haïssais.
— Sky ?
Une porte claqua. Ma mère était là. Ils l'avaient prévenue, mais bien trop tard.
— Sky, Matt, vous êtes là ?
L'entendre l'appeler me déchira le cœur. C'était la dernière fois qu'elle le faisait.
Ma mère traversa le couloir. À chacun de ses pas, je sursautai.
Elle entra dans la chambre, dont j'avais laissé la porte ouverte et je me figeai. Elle s'arrêta à la porte, et nous aperçus immédiatement.Je n'entendis pas le cri qui sortit de sa gorge. Elle se précipita vers Matt, et le prit dans ses bras.
Je ne sais pas combien de temps était passé, quand elle le souleva.
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Le Ciel dans tes Bras
Teen FictionComment expliquer le ciel à quelqu'un qui ne l'a jamais vu ? Lève les yeux. Oui, toi, lève les yeux. Regarde par la fenêtre. Que vois-tu ? Un ciel bleu, gris, noir ? De la pluie ? Des étoiles ? De la neige ? Que se passerait-il si il n'existait plus...