CHAPITRE 3

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Trois mois avaient passé depuis cette virée en boîte, et Ada n'était plus la même. Il la poursuivait partout comme le ferait une ombre. Elle était toujours en alerte, en pensant qu’elle le verrait surgir d’une ruelle sombre, qu’il lui prendrait le poignet avec fermeté, et qu’il la regarderait de cette manière qui l’abrutissait à chaque seconde. Toutes les nuits elle voyait ses yeux, elle entendait sa voix dans ses songes et même quand elle était éveillée, ces hallucinations devenaient incontrôlables. Elle cherchait inconsciemment ses yeux partout. Elle se retournait à chaque fois qu'elle voyait une paire d'yeux bleu, mais leurs couleurs étaient pâles en comparaison à celle de l'ombre. Quand quelqu'un buvait de l'eau, elle se remémorait les lèvres de son inconnu comme si c'était hier. Une voix d'homme criait, et elle se retournait pour voir, mais comment reconnaitre quelqu'un que vous avez partiellement vu ?

La tête dans ses souvenirs d'il y'a trois mois, Ada ajoutait sans compter les cuillerées de sucre dans sa tasse de thé, et quand elle se décida enfin à porter le liquide à sa bouche, elle recracha immédiatement le peu qu'elle avait goûtée.

- Merde rouspéta-t-elle en allant chercher de quoi nettoyer.

Elle venait de renverser le contenu de sa tasse de thé trop sucrée dans l’évier de la cuisine, quand les deux chien-loup qui lui servait d'amis se redressèrent en grognant. Elle allait bientôt avoir de la visite. Une lueur d'espoir s'illumina dans son cœur, peut-être était-ce lui...

Les chiens se levèrent et se dirigèrent vers la porte d'entrée quand deux coups se firent entendre. Stressée, Ada alla ouvrir, mais c'est avec déception qu'elle vit qu'il s'agissait d'un coursier, et qu’il n'avait pas les yeux bleus.

- Mademoiselle Ada Perry ?

- Oui, répondit-elle hésitante.

- Tenez.

Elle prit le courrier, signant la décharge et referma la porte. Qui pouvait bien l'écrire ? Elle retourna l'enveloppe et y vit un sceau qui la mit dans tous ses états ? Qu'avait-elle fait ? D'une main tremblante et pressée, elle déchira à la hâte l'enveloppe et en ressorti la feuille qu'elle contenait.

Une convocation ?

Pourquoi ? Elle était à jour dans le paiement de ses taxes, elle n'avait fait du mal à personne, elle n'avait même pas de voiture pour pouvoir croire à un non-respect du code de la route, alors pourquoi le FBI lui avait-il envoyé une convocation ? Une erreur sans doute.

Mais Ada était de nature peureuse, pour attendre, elle préféra alors s'y rendre le plus vite possible pour éviter toutes possibilités de finir ses jours en prison. Elle prit son téléphone et contacta sa meilleure amie.

- Bonjour Mary, est-ce que tu peux passer à la maison ?

- Qu'est-ce qu'il y'a, tu as un problème ?

- Non, non, menti-t-elle.

Si elle lui disait qu'elle venait de recevoir une convocation du FBI, Mary se mettrait dans tous ses états à son tour, et ça ne fera qu'empirer son angoisse à elle. Il fallait d'abord qu'elle aille leur dire qu'ils s'étaient trompés en lui envoyant cette missive, et ensuite elle pourrait le dire à son amie, pour enfin en rire toutes les deux.

- J'ai juste besoin de t'emprunter si possible ta voiture pour me rendre en ville, mais si ce n'est pas possible je vais prendre le bus...

- Qui t'a dit que ce n'était pas possible ? Pourquoi poses-tu des questions si tu vas toi-même y répondre ? Bien-sûr que je vais te la prêter, et je vais même prendre soin de ta meute de chiens sauvages si tu veux.

À L'ombre D'un RegardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant