Premier combat

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Thomas ne savait pas comment ni pourquoi, mais il se retrouva bien trop vite à son goût dans les rues encore bondées de Paris, slalomant entre les passants qui l'observaient étrangement avec une grimace - il avait toujours détesté les parisiens, même s'il en faisait partie intégrante.

Mouki, toujours sur son torse et bien enfoui dans son sweat décidément trop fin pour la saison, lui indiquait quelle direction prendre d'un ou deux petits aboiements, mais étrangement c'était comme si le jeune homme qui le portait connaissait déjà le chemin.
L'animal avait beau sentir et entendre l'attaque en question, Thomas semblait totalement inconscient de tout ça, et se demandait s'il y en avait réellement une, les gens qu'ils croisaient avaient l'air tout sauf paniqués.

N'osant pas poser de questions à ce qu'il supposa être tout sauf un carlin, le bouclé enfonça sa capuche au sommet de son crâne, histoire de paraître encore plus suspect mais surtout pouvoir se fondre dans la masse.

Selon les dires de Mouki, l'attaque se produisait près d'une petite piscine municipale, fermée pour cause de travaux, entourée d'une zone résidentielle et d'une petite école.
Beaucoup de victimes s'ils n'arrivaient pas à temps, avait précisé l'animal.

Arrivant finalement à destination, évitant les quelques personnes encore présentes dans les rues désertes dans ce quartier, Thomas se retrouva face aux grandes portes vitrées, mais fermées, de la piscine.

"Génial. On fait quoi maintenant ?
- Vous n'avez qu'à passer par les portes de service ! Votre ennemi doit passer par celles-ci !"

Croyant sur parole Mouki, mais toujours en se posant mille et une questions, le jeune homme contourna le petit bâtiment et trouva en effet une porte non loin d'être blindée, fracturée, et grande ouverte, laissant échapper des gargouillis affreux venant de l'intérieur de la piscine.

"C'est quoi ce truc... ?" Questionna simplement Thomas, mi effrayé mi intrigué par les bruits qui résonnaient dans toute la structure.
"Nous n'avons pas le temps de nous poser des questions !" L'engueula presque le carlin, ses poils pourtant courts étaient dressés sur son dos. "Transformez-vous, vite !"

Il y eut un instant de flottement, durant lequel uniquement les gargouillis se faisaient entendre, ils leur semblait se rapprocher.

"Hein ?
- Touchez votre boucle d'oreille et dites "Par l'amour de la Terre, transformez-moi !". Dépêchez-vous !
- Mais c'est pas possible, c'est trop con ! Ça marchera jamais ! J'peux pas me transformer comme ça, c'est impossible !"

Du coin de l'oeil, alors qu'il commençait à paniquer, Thomas vit une sorte de monstre de pétrole bouger, se mouvant comme s'il était habité par une sorte d'énorme chenille, se dirigeant lentement vers eux.

"Faîtes-moi confiance, ça marchera ! Faîtes-le !"

Les gargouillis se rapprochaient, et le jeune homme sentait une boule se former au sein de son estomac, lui faisant tourner la tête, sa respiration s'accélérait au fur et à mesure qu'il voyait la créature infâme au coin du couloir, non loin d'eux, progresser en se traînant au sol comme un zombie le ferait.

Thomas, tentant de reprendre une respiration normale, mena finalement le bout de ses doigts à son lobe où se trouvait la petite boucle d'oreille. Hésitant à prendre la parole, il murmura finalement un bref "Par l'amour de la Terre, transformez-moi".

A sa grande surprise, une chaleur s'échappa du bijou contre ses doigts, et se diffusa dans son corps tout entier, faisant peu à peu disparaître la boule au creux de son ventre. Il sentit Mouki descendre de son torse, et il voulut lui demander pourquoi avant de voir ton sweat changer de forme, devenant une espèce de veste d'un blanc immaculé, ses manches remontèrent toutes seules sur ses bras pour finalement se couper juste au-dessus de ses coudes, se retournant sur elles-mêmes et formant une bordure d'un violet clair aux extrémités.
Son jean, trop grand pour lui, se retroussa comme ses manches pour former un short affreusement court, d'un blanc toujours éblouissant, et ses baskets se transformèrent en bottines à lacets et à talons. Menant ses mains devant ses yeux, Thomas vit également que les manches de son sweat avaient aussi laissé place à des gants, du même violet que les bordures de tout son ensemble.

Ses paumes de dirigèrent d'elles-même vers son visage, se plaquant contre celui-ci alors qu'il sentait quelque chose se nouer autour de son cou.

Il comprit que les mains sur son visage, le couvrant presque totalement, formaient un masque contre celui-ci, collé par on ne sait quelle magie. Ses yeux se rouvrirent brusquement, sans qu'il ait souvenir de les avoir fermés, alors qu'il pouvait apercevoir un ruban d'un violet à peine plus foncé que celui des bordures de son costume.

A peine tout ça terminé, une sorte de bâton avec un cœur au bout apparût dans sa main droite, assorti à l'ensemble insolite qui venait d'apparaître sur son corps tout entier.

Mouki l'observait depuis le début de sa "transformation", et pointa de la patte la créature au bout du couloir, qui avançait lentement toujours avec des bruits de succion et des gargouillis dégueulasses.

"Parfait ! Maintenant attaquez-là !"

Thomas, ne se posant pas plus de questions, se précipita vers l'abomination, soudainement habité par une poussée d'adrénaline, et frappa du plus fort qu'il pu sur ce qu'il supposa être la tête de la bête avec son bâton au cœur, envoyant un bout de pâtée noire s'écraser sur le mur en carrelage à côté d'eux.

Mais son action n'eut pas l'air de trop affecter le monstre, qui se redressa pour le surplomber totalement et voulut l'engloutir mais le jeune homme s'écarta au bon moment pour lui asséner un nouveau coup, aplatissant la créature qui reprit aussitôt sa forme originelle.

"Utilisez vos pouvoirs, pas les attaques physiques !
- Et si tu m'aidais aussi, juste comme ça ?!"

Reprenant son souffle et évitant les multiples assauts du monstre, Thomas abaissa son bâton, qu'il se demanda en quoi il était magique, et frappa juste à plusieurs reprises la créature sans grande conviction, qui encaissa les coups en gargouillant de plus belle.

"Et comment je fais ?!" Hurla-t-il en direction de Mouki, qui était toujours debout mais s'était mis sur les étagères à côté de la porte de service pour pouvoir observer le combat plus attentivement.
"Concentrez-vous ! C'est grâce au pouvoir de l'amour que vous pourrez la vaincre !"

Thomas se demanda comment il pouvait savoir si cette chose était un mâle où une femelle, mais se reprit en esquivant de justesse un coup de cette dernière.
Tentant tant bien que mal de se concentrer malgré de déluge d'attaques qu'il évitait sans grand mal, il finit par voir le cœur au bout du bâton qu'il tenait maintenant à deux mains s'illuminer légèrement.

Il en conclu donc qu'il ne devait pas faire de mal à la créature, malgré son aspect répugnant. Que, peut-être, derrière sous cette couverture puante de pétrole, se trouvait un humain qui méritait seulement d'être aimé.

Comme lui.

Le cœur violet s'illumina brutalement, d'un coup, faisant cligner des yeux son propriétaire, qui ne s'habitua à cette lumière que quelques instants plus tard, et qui constata que la masse gélatineuse s'était divisée, laissant apparaître une jeune femme blonde, en léger surpoids, ses yeux brillaient d'une étrange lueur rose.
Celle-ci ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais la referma aussitôt, tombant comme assommée dans l'espèce de pétrole qui commençait à s'évaporer comme par magie.

Tout en calmant sa respiration devenue erratique, Thomas sentit quelque chose couvrir ses jambes, et en baissant les yeux sur celles-ci il vit des bas violets les couvrir peu à peu.

Du coin de l'œil il vit Mouki prononcer quelques paroles incompréhensibles, et il comprit que c'était l'animal qui faisait apparaître ces chaussettes hautes ridicules.

"C'est plus esthétique comme ça." Se justifia le carlin, en lui adressant un magnifique sourire de chien, qui n'était qu'affreusement flippant. "En tout cas c'était un très beau combat ! Vous êtes vraiment un guerrier de l'amour !
- J'ai rien compris à ce qu'il s'est passé..." Fit simplement le jeune homme, il se sentait soudainement épuisé, comme vidé de toute énergie vitale. "Et pour elle... ?
- Laissons-là ici, nous devons rentrer avant de faire une mauvaise rencontre."

Magical... Boy ? - TerrainkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant