Chapitre 8

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Minuit sonna. Je me levai lentement, et enfilai une longue cape par-dessus ma robe. J'avais fini par renvoyer Suzanne hier, prétextant un mal de tête et lui laissant congé. Après quelques protestations, elle avait fini par céder.

Je décidai d'y aller pieds nus. Impossible de mettre des talons, la robe me rendait déjà trop visible.

Je jetai un coup d'œil dans le couloir, et m'y glissai en refermant doucement la porte de ma chambre derrière moi. L'escalier semblait désert, mais je me méfiai des gardes qui savaient être discrets.

En bas des marches. Je m'avançai jusqu'au hall, puis me figeai. Des bruits de pas retentirent dans le silence de la nuit. Je reculai précipitamment, me cognai au mur, et basculai en arrière.

J'étais tombée derrière une porte. Elle était cachée sous l'escalier, si bien que je ne l'avais pas remarquée depuis mon arrivée. Tremblante, je me retournai, et soupirai de soulagement. La pièce était vide, à part un énorme objet noir que je n'avais jamais vu, mais dont je ne prendrai pas le risque de m'approcher. Je me relevai précipitamment et refermai la porte derrière moi. J'attendis ainsi plusieurs minutes, puis l'entrouvris à nouveau. Le silence était revenu. Je sortis de la pièce, et continuai mon chemin.

Arrivée devant la porte fenêtre d'un des petits salons, je l'ouvris fébrilement et me glissai à l'extérieur du palais. Le plus dur restait à venir. Après avoir marché entre buissons et fougères pour éviter les gardes, j'arrivai devant la grande grille qui donnait sur les rues désertes de la capitale. J'y étais presque.

Je m'approchai et me raclai la gorge pour attirer l'attention du garde. Il était mon seul moyen de sortir. Mon dernier espoir. Il sursauta et se retourna, son arme pointée vers moi. Il l'abaissa presque aussitôt en me reconnaissant.

— Princesse ? Que faites-vous là ?

Je hochai nonchalamment les épaules.

— C'est à vous de me le dire.

Il me regarda en fronçant les sourcils, mais ne répondit pas.

Je soupirai, faisant mine d'être déçue.

— On m'avait pourtant dit que vous étiez l'un des meilleurs gardes.

Il me regarda, surpris, et ouvrit enfin la bouche.

— Vous voulez sortir.

— Exact.

— C'est impossible.

— Si l'on peut rentrer, on peut sortir.

— Je vous dit que ce n'est pas possible.

Je soupirai à nouveau.

— Vous savez que je serai reine sous peu, n'est-ce pas ?

Il hésita avant de hocher la tête.

— Je me demande si une reine a le pouvoir de renvoyer les gardes...

Il resta impassible.

—... ou de faire de l'un d'eux son secrétaire personnel.

— Je ne suis qu'un garde, et vous n'êtes pas encore reine, Madame.

Il appuya ce dernier mot pour montrer qu'il se moquait de moi. Je souris.

— Votre audace pourrait vous coûter la tête. Mais je suis indulgente. Laissez-moi passer, et lorsque je serai reine, je vous donnerai plus d'argent que vous n'en avez vu, et vous renverrai auprès de votre famille.

— Une reine ne fait pas de chantage, Madame.

— Et un garde ne contredit pas une reine.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant