Damien se tourna vers son ami, toujours en boule dans le canapé, qui l'observait depuis un moment déjà.
"Bah j't'écoute."
Sa voix parût d'un coup tellement rassurante à Thomas qui voulut tout lui raconter d'un coup : Mouki, la transformation, le combat, la mort de la jeune femme...
Mais problème.
Quand il ouvrit la bouche, aucun son n'en sortit.
En fait, vraiment rien ne sortait, que ce soit de sa gorge où d'entre ses lèvres.Damien s'approcha, légèrement inquiet.
"Tu m'fais flipper, là. T'as quoi ?"
Le plus grand posa sa main sur l'épaule de Thomas, qui entendit une légère plainte s'échapper de sa bouche, mais rien de plus.
C'était comme si, quand il voulait partager ce qui lui était arrivé la soirée précédente, sa voix ne pouvait pas se faire entendre. Comme si la boule dans son ventre remontait dans sa gorge, l'empêchant de dire quoi que ce soit à son meilleur ami.
Son corps le gardait prisonnier.
Il observa longuement Damien, espérant que ce dernier comprenne quelque chose, il ne savait pas quoi, mais au moins qu'il lui fasse un signe encourageant.
Mais même ce dernier semblait totalement dépassé par l'attitude, surprenante, du plus petit.
Sa main, toujours sur l'épaule frêle du bouclé, descendit sur son bras pour le frotter d'un geste rassurant.
"Mec, je --"
La sonnerie de l'interphone retentit, les faisant tous deux sursauter.
Comprenant que c'était cette Victoire, Thomas abandonna tout espoir de se confier à son ami. Il ne voulait pas les déranger.
Il se leva, ravalant un sanglot qui ne voulait pas sortir, et maudissant sa voix devenue tremblotante.
"J'vais y aller. Désolé de t'avoir dérangé."
Sur ce il se dirigea vers la porte d'entrée en vitesse, échappant à la main de Damien qui voulut le retenir, et sorti en trombe de l'immeuble par la porte de la conciergerie, toujours ouverte malgré les risques de cambriolages.
Il ne pouvait pas y croire.
Tout ce qui arrivait était trop dur à supporter pour lui tout seul.
Et en plus de ça, il n'avait même pas le droit de se confier à son meilleur ami ?Ses pas le dirigeant d'eux-mêmes vers la station de métro, il décida de rentrer directement chez lui. Ses yeux le piquaient et sa gorge lui brûlait.
En plus, il en était sûr, c'était Mouki qui l'avait empêché de dire tout ce qu'il avait sur le cœur à Damien. Comme il l'avait empêché de bouger hier soir lorsqu'il lui avait accroché cette espèce de début de malédiction à l'oreille, il était certain que ce carlin pouvait faire ce qu'il voulait avec ses pouvoirs.Après avoir monté les cinq étages à pattes, essoufflé, Thomas rentra lentement dans l'appartement, toujours démoralisé.
"Maman ?"
Il se figea à ce surnom, surtout en voyant Mouki arriver en courant vers lui, comme un véritable chien.
"Maman, tu es rentrée !
- J'peux savoir d'où vient cette merde ?
- Eh bien, j'ai regardé la télévision, et il me semble que les humains de petite taille appellent les plus grandes "Maman" pour leur montrer leur affection.
- Non, non, non. "Maman", ça veut dire "mère". Et puis t'es un chien, t'as pas de nom à me donner.
- J'ai beau être un canidé sur cette planète, je n'en suis pas moins doté de parole et de raison, donc je me considère au même niveau qu'un humain."Thomas eut un soupir, un mal de tête s'ajouta à la liste de ses maux.
"Ok... Appelle-moi comme tu veux. J'vais dormir.
- Comment ? Déjà ? Vous vous sentez mal ?
- Putain, j'ai appris que j'ai tué quelqu'un hier soir. J'ai tué quelqu'un, bordel ! Sur ta planète c'est peut-être normal, mais pas ici ! Tu vas comprendre ça, un jour ?!"Il dépassa l'animal, qui le suivit de ses yeux globuleux apparemment sans comprendre, avant de jeter son sac contre son petit frigo, sa place habituelle.
"Ah et me vouvoie pas en m'appelant "Maman". C'est trop bizarre.
- Malheureusement, Maman, je ne peux pas te laisser dormir ! Une nouvelle attaque se prépare, je le sens !
- Bah démerde-toi. T'as des pouvoirs, non ? Tu peux t'en servir.
- Hélas, mes pouvoirs extra-sensoriels ne sont utiles que pour manipuler les Guerriers de l'Amour et ne sont pas assez puissants pour affecter les humains normaux."Se disant que tout ça n'avait aucun sens, le bouclé s'affala comme une otarie épuisée sur son clic-clac toujours en forme de canapé, qui faillit se renverser sous son poids.
Il marmonna quelque chose dans son oreiller, qui pouvait être difficilement traduit par : "Carlin de merde" et toutes autres joyeusetés.
Son portable vibra au fond de sa poche.
"Victoire t'a vu sortir de l'appart"
Haussant un sourcil, Thomas mena l'appareil devant ses yeux.
"Et alors ?"
"Elle fait la gueule"
"Pourquoi ?"
"Elle a cru que t'étais une meuf de dos et que je la trompais"Le brun ricana nerveusement, malheureusement ce n'était pas la première personne à faire l'amalgame quand il était de dos, la longueur de ses cheveux n'arrangeait pas.
"Désolé"
"C'est pas ta faute. Tu voulais me dire quoi tout à l'heure ?"Se réinstallant confortablement pour pouvoir répondre à Damien, Thomas eut une illumination.
S'il ne pouvait pas lui parler de tout ça, peut-être qu'il pouvait lui écrire ?Commençant à raconter par message tout ce qu'il s'était passé la soirée précédente, il fut étonné de voir que chacun des mots qu'il tapait n'était pas celui qui s'affichait, donnant un résultat totalement à l'opposé de ce qu'il voulait expliquer.
En soupirant il constata qu'il ne pouvait pas lui en parler par écrit non plus.Il jeta un œil à Mouki, qui l'observait par-dessus son épaule.
"Tu vas pas arrêter de me faire chier ?
- Je ne peux vous laisser raconter tout ça à tout le monde. Il faut que nous y allions !
- Mais où ?
- A l'école au bout de la rue ! C'est là-bas qu'aura lieu la prochaine attaque !"Thomas eut un frisson et jeta un coup d'œil à l'horloge de son portable.
"Mais les enfants y seront toujours !
- Nous n'avons pas le choix, soit nous y allons maintenant soit nous les laissons se faire tuer !"Après quelques instants de réflexion, Thomas se leva.
Apaiser une employée de piscine municipale avant sa mort, il voulait bien.
Mais laisser mourir tous les enfants d'une école, il n'en était pas question.
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Magical... Boy ? - Terraink
FanfictionC'est l'histoire de Thomas, un étudiant banal, qu'est pas si banal que ça en fait, et qui rencontre son chien. Qui parle.