Toutes les nuits, je rendis ainsi visite à Gino et Dia. Les voir me rassurait. J'avais l'impression de rentrer chez moi.
Un soir, alors que je m'apprêtai à sortir par la porte vitrée de la salle à manger pour aller à la roseraie, je repérai à nouveau la petite porte à côté des escaliers, où le Petit Prince avait joué du piano. Je m'approchai, fermai la porte, et m'assis devant le grand objet noir. Mes mains frôlèrent les rectangles blancs, et je les posai dessus. Des sons en sortirent, beaucoup moins beau que ceux du Prince. Je recommençai l'expérience sur d'autres touches plusieurs fois, mais je ne parvins pas à trouver la mélodie du Petit Prince.
Je soupirai et appuyai rageusement sur les touches.
— Je pourrais vous apprendre, dit une voix dans mon dos.
Je sursautai, et me retournai. L'auteur de la douce mélodie que je m'efforçai de jouer se tenait juste derrière moi. Il m'observait en souriant. C'était la première fois que je le voyais sourire. Enfin que je le voyais sourire de toutes ses dents, et pas d'un petit sourire en coin. Il était... beau. Trop beau.
— Je... Il vaut mieux que je remonte, je ne suis pas censée être ici.
— Moi non plus, répondit-il, toujours en souriant. Laissez-moi vous apprendre.
Je me tournai dos à lui et soupirai. Je mourrai d'envie de l'entendre à nouveau jouer, et d'apprendre à le faire moi aussi. Mais j'avais peur de me rapprocher inconsciemment de lui, et de le laisser briser les barrières que je m'efforçai de garder autour de moi.
— Je suis désolée, murmurai-je enfin. C'est impossible.
Je passai devant lui et sortis de la pièce avant qu'il ne puisse répondre. Je passai le reste de la nuit à me tourner et me retourner dans mon lit.
Tout en moi était contradiction.Je voulais tenir le Petit Prince loin de moi, et je voulais le laisser m'approcher.
Je voulais le voir, et l'éviter.
Je voulais lui parler, et l'ignorer.
***
J'avais décidé de passer à l'action. J'avais de nombreuses choses à faire au Palais. La première étant de trouver les résultats d'Izzy Keegan au Test. J'allais donc voir Tiana et lui parlai de mon amie.
— Oh oui, génial ! s'enthousiasma-t-elle. J'adore jouer les aventurières, et à deux, c'est bien plus excitant.
— Tiana, c'est très sérieux, la réprimandai-je. Nous sommes sa seule chance de peut-être s'inscrire aux Grandes Écoles. Toi, en trouvant ses résultats, moi en jouant de ma nouvelle influence pour qu'elle y rentre malgré les inscriptions closes.
— Ce n'est pas compliqué, acquiesça-t-elle. Il faut simplement trouver le bon moment. Quand la salle des archives est vide.
— Et quand est-elle vide ?
— Tout le temps. Il faut simplement contourner le garde.
— Je peux peut-être essayer. Est-ce que c'est toujours le même ?
— Non, ils font des rondes. Mais ils sont triés sur le volet. Ils pourraient fouiller.
— Justement Tia ! Il nous faut un garde qui fouille.
— Tu es folle !
— Comment avais-tu fais la première fois ?
Elle rougit.
— Euh... Je n'y étais pas allé. Il m'avait suffi de tirer les vers du nez d'Henri en lui demandant la place de la fille du rebelle au Test. Ça n'a pas été facile, c'est pour ça que ça m'a pris autant de temps. Mais vous étiez très surveillés, et comme tu es arrivée deuxième, ça n'est pas passé inaperçu.
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Le Ciel dans tes Bras
Novela JuvenilComment expliquer le ciel à quelqu'un qui ne l'a jamais vu ? Lève les yeux. Oui, toi, lève les yeux. Regarde par la fenêtre. Que vois-tu ? Un ciel bleu, gris, noir ? De la pluie ? Des étoiles ? De la neige ? Que se passerait-il si il n'existait plus...