Mouki avait raison, encore une fois.
L'école avait été quadrillée par de nombreuses voitures de police quand ils arrivèrent à proximité, découvrant avec horreur un corps recouvert par une couverture blanche juste à l'entrée de l'établissement.
Thomas, toujours l'animal contre lui, s'était faufilé parmi la foule, s'approchant avec discrétion des barrières installées par les forces de l'ordre.
"Excusez-moi !" Interpella-t-il un policier occupé à repousser et rassurer les passants qui cherchaient à voir toujours plus loin. "Qu'est-ce-qu'il se passe ?
- On en sait pas beaucoup, mais... Une enseignante aurait disjoncté et agressé un élève... Depuis, elle garde l'ensemble de sa classe en otage... Nous ne pouvons laisser entrer personne !"Le bouclé comprit qu'il ne pouvait entrer par ici.
S'éloignant de la foule qui de toute façon lui donnait la nausée, il pencha la tête vers le carlin caché dans son sweat.
"On fait quoi ? On peut pas rentrer, ils sont partout...
- Voilà ce qui arrive quand nous ne partons pas assez tôt !"Soupirant et observant partout autour de lui, Thomas aperçut soudain un petit groupe de policiers attroupés non loin d'un trou dans la palissade de l'école, qu'apparemment ces derniers n'avaient pas vu, trop occupés qu'ils étaient à discuter.
"Tu crois qu'on peut passer par là ?
- Nous pouvons toujours tenter ! Allons-y !
- Non mais t'es aveugle en plus d'être con ? T'as vu le monde qu'il y a à côté ?"Mais Mouki avait plus d'un tour dans ses bourrelets de front.
Comme par magie - sûrement parce que c'en était vraiment - l'alarme du fourgon non loin du petit groupe se déclencha, faisant sursauter ces derniers avant qu'ils se dirigent à petites foulées vers le véhicule, laissant la voie libre pour le jeune homme et son chien.
Ils se glissèrent discrètement au sein de l'école, par chance et souci de scénario personne ne les avait vus. Une porte de service, entr'ouverte, leur aurait tendu les bras si elle le pouvait.
Se faufilant à l'intérieur du bâtiment, ils furent tous deux étonnés par la vétusté des cuisines, dans lesquelles ils se trouvaient, une odeur à la fois de renfermé et de nourriture soit périmée soit complètement pourrie flottait dans l'air. Après de brefs regards, Thomas comprit que l'immense frigidaire ne fonctionnait plus et que c'était de là d'où venaient ces odeurs pestilentielles.
Sortant vite de la pièce, ils grimpèrent silencieusement à l'étage en faisant attention à ne pas être visibles par les fenêtres laissant passer quelques courants d'air.
Soudain, au beau milieu du couloir, Thomas se figea.
Les mêmes bruits que la nuit précédente, les gargouillis infâmes, se faisaient entendre, ainsi que des pleurs et gémissements de douleur.Laissant tomber Mouki au sol qui se réceptionna parfaitement, sans aucune hésitation, le bouclé mena ses doigts à son oreille, murmurant les paroles qui lui paraissaient tellement ridicules.
Sa transformation s'effectua sans encombres, suivant ses souvenirs du jour précédent, et il se dirigea furtivement à la fenêtre qui permettait aux classes d'éclairer le couloir, d'où venaient les pleurs des enfants.Tous étaient prostrés les uns contre les autres au fond de la pièce, certains en pleurs et d'autres choqués, fixant un point que Thomas ne pu voir de suite.
Mais quand ses yeux tombèrent dessus, ses sourcils se haussèrent d'un coup et ses lèvres se tordirent en une grimace.Au sol, entre deux pupitres recouverts de ce qu'il supposa être de la peinture - ce qui ne l'étonna qu'à moitié vu que les élèves avaient l'air de porter des blouses tâchées, se trouvait une enfant allongée sur le ventre, la tête tournée vers lui. Elle ne bougeait plus et son cou était affreusement tordu en un angle presque droit. Ses yeux, vides, ne reflétaient plus que la faible lumière du soleil parvenant des fenêtres.
Détournant immédiatement le regard, le regard presque noir du jeune homme se posa ensuite sur un être difforme avachi sur le bureau, qui semblait respirer difficilement.
Contrairement à la créature de pétrole d'hier, ici on pouvait clairement discerner la forme humaine de base. Son bras était comme distordu, presque retourné dans son dos, une de ses jambes ne semblait plus avoir d'os et ressemblait à un ballon dégonflé, mais le pire restait son visage. Il était jauni, un de ses yeux était sur le point d'être expulsé de son orbite alors que ses gencives étaient décollées de ses mâchoires, les faisant pendre mollement dans le vide. Même ses cheveux, qu'on pouvait voir encore attachés, ne permettaient pas de cacher cette atrocité aux enfants, que Thomas entendait toujours sangloter.Il jeta un œil à Mouki pour lui faire part du problème, mais un autre lui fit face.
De l'autre côté du couloir, à son exact opposé en fait, se trouvait un homme.
Grand.
Imposant.
Il portait un costume sombre et un masque horriblement souriant.Thomas resta immobile, comme si d'un coup quelqu'un avait fait couler du béton dans ses jambes pour l'empêcher de bouger, il remarqua que Mouki s'était volatilisé à son grand étonnement.
"Bonsoir."
Ce fut le seul mot que l'inconnu prononça, avançant vers le bouclé qui voulut reculer mais échoua lamentablement. Il avait des sueurs froides.
Son masque était terrifiant. C'était juste un sourire.Mais Thomas détestait les sourires forcés.
Les talonnettes de l'autre homme résonnèrent dans tout le couloir, couvrant presque les gargouillis infâmes de la créature dans la salle de classe et les pleurs des enfants. Thomas pouvait sentir les battements de son cœur à ses tempes.
Non seulement ce qu'il avait vu lui donnait des palpitations, mais cet étranger ne lui inspirait qu'un danger imminent, comme s'il avait un radar à personnes peu recommandables.
"Donc c'était vrai, cette histoire de Guerriers de l'Amour. Vous n'avez rien à faire ici.
- Je viens sauver ces enfants, que vous le vouliez ou non.
- Vous n'avez aucune idée de pourquoi vous êtes là.
- Et vous n'avez aucune idée de quoi je suis capable."L'inconnu était maintenant en face du jeune homme, qui sentait ses jambes lui ré-appartenir.
D'un geste brusque, le plus grand le prit par le cou et le souleva de terre, le plaquant contre le mur voisin à la salle de classe, de laquelle on entendit un bref cri de terreur parmi les pleurs.
Les yeux de Thomas s'écarquillèrent et il mena par réflexe ses mains autour des poignets de l'homme pour lui faire lâcher prise."Si c'est de ça dont vous parlez, je ne suis pas inquiété.
- L-Lâche-moi, enculé !" Thomas donna un coup de pied dans les genoux en face, ce qui à sa grande surprise ne fit même pas faiblir l'étau autour de son cou.
"Oh, directement des familiarités ?" Le bouclé pouvait le sentir sourire moqueur derrière son masque. "Vous ne pourrez pas sauver ces enfants. Cette femme était pourrie. La seule façon de le montrer était de dévoiler son vrai visage : celui d'une mère et d'une épouse violente, mentalement instable, qui se cachait derrière son rôle d'enseignante pour se voiler la face."Tout en parlant, ses doigts autour du cou fin de Thomas resserraient leur emprise.
"Vous ne pourrez pas la sauver comme celle d'hier. C'était juste un amuse-bouche."
A travers les ouvertures du masque, le plus petit pu voir son interlocuteur avoir un sourire presque carnassier.
"Comme vous, finalement."
Juste après ces mots il relâcha le cou de Thomas, qui retomba lourdement au sol, ses chevilles se tordant au contact du plancher.
Quand il releva la tête, l'autre homme avait disparu.
Mais, dans la salle de classe, il y eut un nouveau cri, plus strident encore que les précédents.
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Magical... Boy ? - Terraink
FanfictionC'est l'histoire de Thomas, un étudiant banal, qu'est pas si banal que ça en fait, et qui rencontre son chien. Qui parle.