Chapitre 15 : Inconnue, vide et chocolat

185 21 7
                                    

- "Hey connard." 

- "Sympa comme bonjour ça." 

- "Tu me présentes pas ?"

Ayant perçu un mouvement derrière lui, j'en avais déduis, avec mon infaillible instinct que c'était une présence féminine autre que Mégane, sa maman. 

La réponse fusa. 

- "Non." 

La fille mit une main sur son épaule pour le dégager de l'entrée doucement et je la vis enfin. Une chevelure sombre, une frange, des yeux clairs, une peau légèrement hâlée. Une chose est sûre : cette fille n'est pas Londonienne. Après avoir finit de la détailler je fixe sa main posée sur son épaule et hausse les sourcils en regardant Bill, plein de sous entendus. Il leva les yeux au ciel et secoua la tête en signe de négation, un léger sourire au lèvres. Je vous avoue que je ne suis pas du tout convaincu. En plus il ne me l'a pas présenté, et je comprendrai pourquoi, avec la réputation que j'ai. Et puis c'est pas comme si elle était moche non plus, loin de là ! Elle dégage un charme... Eh mais comment elle me regarde là ? La fille me scrute sans aucune gêne, et je déteste son regard. Elle n'a pas l'air d'apprécier ce qu'elle voit. En tout cas de s'arrêter à la barrière du physique. Ça c'est vraiment embêtant. Bon elle commence à m'agacer sérieusement. 

- "Faut que j'te parle." 

- "Maintenant là ?" Dit il, ennuyé. 

Il est sérieux là ? Il oserai me lâcher pour...Elle ? Je lui lâche un regard encore plus soupçonneux et il pousse un long soupir. 

- "Attend moi en haut, s'il te plaît." Lui dit il en se retournant. 

Elle fixe son regard bleu sur moi et finit par me sourire. Eh bah c'est pas trop tôt. Et puis elle s'en va, aussi discrètement qu'elle était apparu. 

- "Quoi?" 

- "Comment ça "Quoi?"  ? T'es sérieux ? C'est qui cette fille ? Ta copine ? Elle est super bizarre ! Pourquoi tu m'en as jamais parlé ? Moi je te dis tout et tu me dis même pas ça, non mais je rêve ! Je croyais que..." 

Bill éclata de rire. Je m'arrête, perplexe. 

- "Tu réagis vraiment comme un gosse hein." 

Non. Je réagis comme un frère qu'on a trahi, c'est différent, je me dis dans ma tête. 

- "C'est pas ma copine, okay ? C'est une amie, on doit faire un exposé." 

- "Inhin." 

- "Bon écoute j'ai pas à me justifier Andy..." 

- "Je voulais juste qu'on aille à la salle ensemble" lui dis je sans me démonter. 

- "Bah la je peux pas comme tu as très bien compris." 

- "Si, tu peux, tu lui dis que vous ferez ça, demain, et tu la pousses gentiment vers la porte en lui disant au revoir tout aussi gentiment." Dis je comme si je parlais à un débile, tout en sachant qu'il allait refuser. 

- "C'est non Andy, pas la peine d'insister." 

Je tourne les talons, furieux. Pour une fille ! Il est où le code d'honneur la ?!

Mon sac à la main, je pousse avec rage la porte du bâtiment où je suis arrivé en un rien de temps, vu ma rapidité due à ma colère. Le temps de préparation est rapidement expédié et non seulement je suis mal échauffé, mais du coup je me froisse un muscle au bout d'une heure. Énervé, sale et fatigué, je reviens à la maison.

Et voilà, personne, comme d'hab !

Je balance mon sac par terre et monte directement le magnifique escalier de marbre rageusement. Je prends le couloir qui mène à l'aile droite, ou se trouve ma chambre, entre dans celle ci, et commence à enlever mes vêtements. Bon, 'arracher' serait presque plus exact, tout en marchant vers la porte de ma salle de bain privée. J'entre dans la douche et laisse rouler sur mes joues un mélange d'eau et de mes larmes. Marre qu'il n'y ai personne pour m'écouter. Marre de ne pas me sentir irremplaçable. Marre d'être seul...tellement seul. J'attrape le savon, et frotte ma peau pour enlever la crasse et la sueur. Mais pas seulement. Je frotte comme si je voulais l'arracher. Je frotte comme si je voulais gommer tous ces putains de défauts. Effacer mes erreurs, effacer ce corps que tout le monde admire, révéler cette âme que personnne ne connaît. Et je me laisse glisser, la tête entre les mains, contre la paroi glacée, toujours sous l'eau brûlante.

Une demi - heure, une heure. Je sais plus combien de temps ça fait que je suis là. L'eau chaude à fait des plaques rouges sur mon corps bronzé. Je me décide alors à sortir, et m'enveloppe d'une serviette blanche, toujours les mêmes, brodées de mes initiales en lettres dorées. Je me sèche et enfile un survet' gris, comme un robot, ma tête curieusement vide. Je le ressens de plus en plus, ce vide.
Puis mes jambes me conduisent en bas, vers la cuisine, où je pique une tablette de chocolat, pour aller m'installer ensuite devant la télé, où je regarde des programmes cons, jusqu'à ce que mes parents rentrent, qu'ils ne m'adressent pas un mot, qu'ils mangent, qu'ils aillent se coucher. Et moi je suis là comme un imbécile, à regarder la télé. 2 heures du mat'. 3 heures du mat'. J'ai école demain. Bill n'est pas venu s'expliquer. D'habitude il le fait tout le temps. J'adore le chocolat. Faut que j'aille m'acheter une paire de chaussures. J'ai envie de taper contre un mur, avec ma main, jusqu'à ce le sang coule. J'aime les cheveux bouclés. Je veux un petit frère. Mes pensées s'enchaînent et se mélangent. Et je finis par m'endormir sur le canapé du salon.

Lonely is so lonely aloneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant