Quand nous descendîmes dans l'entrée, tout le monde nous y attendait. Ils étaient eux aussi tous vêtus de blanc, et j'eus l'impression de voir le tableau d'une jolie petite famille parfaite. J'eus envie de rire en réalisant combien c'était faux.
Le gouverneur nous accueillit par un grognement, et il dit aux gardes que la cérémonie pouvait commencer.
La cérémonie ?
Je me souvins soudain que le jour de la Grande Paix, la famille du gouverneur sortait faire le tour de la ville pour saluer le « peuple ». Je ne les avais jamais vus, car il était préférable pour nous de ne jamais sortir quand le gouverneur était dans les parages. Plus vite il aurait oublié que le « traître » avait une famille encore en vie, mieux ce serait. Si seulement nous avions su...
— Ne vous inquiétez pas, murmura Adam. Les vitres sont teintées, puisque personne n'a le droit de voir le visage de Tiana et le mien avant nos 21 ans. Mes parents seront dans une autre voiture devant nous avec Henri, mais comme vous n'êtes pas encore son épouse, vous ne pouvez pas faire d'apparition publique.
Je soupirai d'aise. Alors, je n'aurai rien à faire.
Je montai en effet dans une voiture avec Tiana et Adam, pendant qu'Henri, le gouverneur et son épouse montèrent dans une autre. Adam et Tiana s'assirent côte à côte, et je m'assis en face d'eux.
Une fois que le chauffeur eut démarré, Tiana s'exclama :
— Eden, fille du paradis, tu es magnifique !
Je m'étonnai :
— Il va falloir que tu m'expliques pourquoi tu t'obstines à m'appeler « fille du paradis ». Mes parents ne sont pas morts.
— Mais parce qu'en vieil anglais, Eden signifie paradis ! Pourquoi voudrais-tu que je t'appelle comme ça si tes parents étaient morts ? dit-elle en fronçant les sourcils.
— Et bien...
J'hésitai. Et si je me trompais ?
—...j'ai pensé que tu croyais que mes parents étaient au paradis, et que c'était pour ça que tu m'appelais « fille du paradis ».
Adam et Tiana se regardèrent et éclatèrent de rire. Je me vexai.
— Eden est un peu perdue dans notre monde, Tia, tu le sais bien, dit Adam.
— Eh bien non, en effet je n'ai pas eu la chance de naître dans un berceau de diamants, me renfrognai-je.
— Ce n'est pas ce que je voulais dire ! C'est plutôt nous qui sommes en tort. Nous avons tendance à oublier que vous n'avez pas grandi au palais.
Tiana avait tourné la tête vers la fenêtre et elle paraissait concentrée sur la foule qui saluait les voitures. Elle n'avait rien dit depuis plus de deux minutes, ce qui était plutôt inquiétant, venant de sa part.
Adam fronça les sourcils et se pencha vers moi :
— Tu as dit que tes parents n'étaient pas morts ? me dit-il.
— Je l'ai peut-être insinué, répondis-je d'une voix que j'espérais indifférente.
— Je pensais que ton père l'était. Mais c'est peut-être mieux dans ce sens, alors, dit-il en souriant. Pourquoi n'est-il pas venu au Palais ?
— Il préfère le grand air aux lits parés d'or, répondis-je évasivement.
— Ça ne m'étonne pas. Tu dois tenir ta fougue de lui, alors.
Je ne relevai pas, et détournai les yeux, essayant de cacher mon trouble. Alors comme ça, Adam ne savait pas qui j'étais ? Comment étais-ce possible ? Est-ce qu'il pensait que j'étais vraiment Eden Fitzgibber, une simple fille des quartiers sud ? Pourquoi toute sa famille était-elle au courant sauf lui ?
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Le Ciel dans tes Bras
Teen FictionComment expliquer le ciel à quelqu'un qui ne l'a jamais vu ? Lève les yeux. Oui, toi, lève les yeux. Regarde par la fenêtre. Que vois-tu ? Un ciel bleu, gris, noir ? De la pluie ? Des étoiles ? De la neige ? Que se passerait-il si il n'existait plus...