Chapitre XIV

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Je n’arrivais toujours pas à me faire au fait que mes… amis allaient devoir partir bientôt. Et que je n’aurais certainement plus l’occasion de les revoir. C’était impossible… je… je ne pensais pas qu’il était autant possible de s’attacher à des personnes que je connaissais à peine… Mais nous avions partagé tant de choses… Je souris tristement en pensant à toutes les fois où Melman m’avait crié dessus, toutes ces fois où ils parlaient entre eux sans que je ne comprenne rien, toutes ces fois où nous avons ri. Je sentis quelque chose de chaud glisser le long de mes joues. J’y portai la main.

Des larmes ? Je pleurais ?

Je l’essuyai rapidement, mais elle fut suivie par un torrent. Je me retrouvai à pleurer toutes les larmes de mon corps contre cette injuste existence. C’était certainement… les seuls amis que j’ai jamais eu.

Et on souhaitait me les arracher ?

Quelqu’un toqua à ma porte. Je m’immobilisai, les joues rougies par les larmes, et les yeux encore bouffis. Je courus m’assoir sur une chaise, prenant soin de rester dos à la porte. En contrôlant ma voix du mieux que je pouvais, j’autorisai la personne à entrer.

-Salut !

Je reconnus la voix de Yag. Je fis mine de rester concentré sur les feuilles inutiles qui se trouvaient devant moi. Je ne me retournai pas.

-Oh, c’est vous. Que me vaut le plaisir de votre visite ?

Je l'entendis rire.

-Enfin, c’est toi qui me l’a demandé !

Je fronçai les sourcils, interloqué. De quoi parlait-il ?

-Tu te souviens, hier, tu m'avais demandé de t’apprendre à contrôler tes pensées.

-A.. ah… oui, en effet.

-Ah, je te vois occupé. Tu veux que je le fasse maintenant ou que je le remette pour plus tard ?

J’hésitais entre accepter qu’il me montre comment faire ou refuser pour qu’il ne remarque pas que j’avais pleuré. Davantage poussé par la curiosité de savoir, j’acceptai. J’entendis ses pas. Il s’approchait de moi. Misère, mon visage était encore mouillé. Je n'avais même pas eu le temps de me rincer. Je soupirai. Il n’y avait aucun moyen d’y échapper, de toute manière.

Une autre personne frappa à la porte et entra précipitamment.

-Monsieur ! Le roi vous convoque d’urgence !

-Oh, je viens de suite.

Il s’agissait d’Alice. Je me levai en prenant soin de me cacher, soulagé d’avoir pu éviter de montrer ma tête, et fit un signe discret à la servante pour qu’elle ne me demande pas si ça allait. Je formulai des excuses au sage puis  je sortis en me hâtant. Je refermai la porte derrière moi, voyant que Yag ne voulait de toute évidence pas quitter la chambre.

Je soufflai, une fois un peu éloigné. Alice me suivit.

-Vous allez bien, Monsieur ?

-Ne vous en faites pas, Alice, tout va bien. Je ferais mieux d’aller me laver avant de voir le roi.

Elle secoua doucement la tête.

-Vous n’avez pas à le voir. Il ne vous a pas appelé.

Je la regardai avec étonnement. Elle rit malicieusement.

-A vrai dire j’ai vu cet homme entrer dans votre chambre et sourire d'une étrange façon. Je ne sais pas pourquoi, j’avais l’impression que vous étiez en danger ou quelque chose comme ça… alors… j’ai fait ça. Pardonnez-moi Monsieur !

La Reine EdmeraldaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant