Magical... Boy ? - Terraink

Interlude

La sonnerie du portable de Thomas réveilla ce dernier en sursaut.
Même Mouki faillit tomber du bord du canapé mais s'accrocha à ce dernier pour ne pas chuter.

Le bouclé écrasa du plat de la main la plupart des objets présents sur la table basse, faisant s'écrouler au sol la petite lampe de chevet et sa boite de mouchoirs.

Du coin de l'œil, un nouveau mal de tête l'assommant légèrement, il vit que c'était son meilleur ami qui l'appelait si tôt.
Et que ce si tôt signifiait presque neuf heures du matin en semaine.

Avec un grognement digne d'un homme des cavernes, ses yeux le piquaient encore à causes de ses larmes de l'après-midi précédent.
Il n'avait toujours aucun souvenir d'être rentré, ni de s'être couché...

"Ouais ?"

Sa voix lui parût très rauque, mais c'était parce qu'il venait de se réveiller.

"Mec, j'peux passer ?
- T'as quoi ?
- J'ai largué Victoire."

Cette brève explication laissa Thomas sans voix, qui se racla la gorge et voulut articuler quelque chose mais Damien fut plus rapide.

Il parlait vite, et le bouclé comprit que c'était pour masquer l'émotion dans sa voix.

"Et mon patron a accepté de me laisser quelques jours de repos vu qu'il y a pas grand-monde en ce moment au resto..."

Damien était serveur depuis quelques mois maintenant.

"Euh, ouais, ok, laisse-moi juste le temps de --
- En fait si j't'appelle c'est parce que je suis devant chez toi. J'ai sonné plusieurs fois mais tu répondais pas..."

Thomas se demanda depuis quand son sommeil était si profond.

"J'ai des pizzas et des jeux. Tu m'ouvres ?"

Il n'en fallut plus plus au petit brun pour s'extirper de sous sa couverture, se précipitant à l'entrée pour déverrouiller la grande porte vitrée en bas de l'immeuble.

Son ami mit moins de dix minutes pour monter les cinq étages, ce qui étonna le bouclé parce qu'habituellement en trente minutes il était encore au troisième étage.
Damien n'avait jamais été très sportif non plus.

Thomas l'accueillit en l'enlaçant, chose qui l'étonna lui-même, et il fut rassuré de sentir le châtain lui rendre son étreinte.
Ils ne plaçaient pas beaucoup d'attention aux embrassades et autres câlins, mais cette fois-ci c'était comme si le plus petit avait senti que son binôme en avait besoin.

Comme une sorte d'instinct, finalement.

Le bouclé aida l'autre à se décharger, il avait quand même réussi à tout caler dans deux sacs en tissu sans faire déborder. Tout en essayant de caler les quatre pizzas dans son mini-frigo, il eut un sourire en voyant Damien s'agenouiller pour gratter le ventre de Mouki.

"Depuis quand t'as un truc aussi moche ?
- Il s'appelle Mouki. Mais c'est vrai qu'il est horrible.
- Vous êtes assortis au moins !"

Damien commença à rire mais se prit une brosse que Thomas lui jeta en pleine figure, lui arrachant un petit cri presque féminin.

"Pourquoi tu me lances ça ? Tu veux que j'te brosse ?
- Si tu t'emmerdes t'as qu'à faire ça, ouais. Touche pas à Mouki."

Le carlin, vexé parce qu'il semblait apprécier les caresses du châtain, grogna légèrement, chose qui fut ignorée à la fois par son propriétaire que par son meilleur ami, qui alla s'installer dans le canapé après avoir plié la couverture pour l'étendre sur le dossier, la brosse à la main.

Thomas l'observa sans comprendre, se redressant.

"Bah viens.
- T'es sérieux ? Genre j'vais t'laisser toucher à mes cheveux ?
- Ouais. Parce que tu m'aimes."

Le bouclé fit mine de réfléchir à la réplique de Damien, qui grimaça en lui prenant la manche pour le faire asseoir sur ses genoux, le faisant lui tourner le dos.

"Laisse-toi faire, c'est tout ce que je te demande."

Thomas se fit la réflexion qu'heureusement qu'il lui demandait juste de le coiffer.

"Pourquoi tu veux faire ça ?" Demanda-t-il finalement alors qu'il sentait les piquants de la brosse doucement démêler ses boucles qui formaient de fines anglaises.
"On faisait ça avant, depuis que j'ai commencé à bosser on le fait plus..."

Il sentit la grande main de Damien soulever sa tignasse pour brosser les cheveux un peu plus longs sous les autres.

"Ça me manquait."

Les lèvres de Thomas formèrent un petit sourire alors qu'il jetait un œil à Mouki qui se dirigeait vers la salle d'eau, pour les laisser tranquille.

Il y eut un instant de silence.
Pas pesant, juste apaisant.

Seuls les bruissements de la brosse passant dans les boucles du plus petit imposaient leur présence dans l'appartement, comme leurs respirations calmes.
Comme si le temps s'était arrêté de défiler juste pour que ce moment leur paraisse encore plus délectable.

"Dam ?"

Un simple "Mh" s'échappa de la gorge du plus jeune, qui ne s'arrêta pas de démêler les nœuds pour autant.

"J'peux juste savoir pourquoi t'as quitté Victoire ?" Thomas enchaîna aussitôt : "'Fin, si tu veux pas en parler c'est ok, hein, c'était pour savoir..."

Il entendit Damien soupirer, et regretta sa question.
Si son ami était venu le voir, c'était pour ne pas penser à tout ça.

"Elle est jalouse de toi." Fit simplement le châtain, s'arrêtant de le coiffer un moment. "Soit disant que je te voyais trop pour que ce soit une simple amitié..."

Le bouclé fut étonné de l'entendre ricaner doucement.

"Elle me fait chier, c'est pas elle qui peut comprendre que tu sois mon meilleur pote, elle change de meilleure amie tous les deux jours..."

Thomas l'écouta sans un mot.
Il avait souvent prit l'habitude d'écouter son ami se confier, il savait que Damien avait besoin d'une oreille attentive.
Bien plus que lui en tout cas.

Il sentit un des bras de ce dernier s'enrouler autour de sa taille et son front se poser contre son dos, comme si d'un coup le plus jeune s'était éteint.

"Je m'en fous de la perdre elle, c'était juste une gamine. Mais si je dois te perdre toi, j'pense que je le supporterai pas."

Thomas sentit son cœur s'emballer sans raison.
Ses pensées se focalisèrent sur son combat d'hier soir, quand la créature avait été sur le point de le dévorer et de le briser tout entier comme une allumette.

Bien sûr, il avait eu peur pour sa vie.
Mais, plus important...
Il avait surtout eu peur de ne plus voir ceux qu'il aimait.

Damien en faisait partie intégrante.

Une de ses mains se crispa sur le bras du plus grand, toujours enroulé autour de sa taille, alors que sa bouche se tordit en une grimace.

"Moi non plus, j'supporterai pas de te perdre."

Ce furent les seuls mots qu'il arriva à articuler.
Un simple "je t'aime" lui aurait paru bien trop fade de toute façon.